"S'il
est impossible de trouver en chaque homme une essence universelle
qui serait la nature humaine, il existe pourtant une universalité
humaine de condition. Ce n'est pas par hasard que les penseurs
d'aujourd'hui parlent plus volontiers de la condition de l'homme
que de Sa nature. Par condition ils entendent avec plus ou moins
de clarté l'ensemble des limites a priori qui esquissent Sa
situation fondamentale dans l'univers. Les situations historiques
varient: L’homme peut naître esclave dans une société païenne
ou seigneur féodal ou prolétaire. Ce qui ne varie pas, c'est la
nécessité pour lui d'être dans le monde, d'y être au travail,
d'y être au milieu d'autres et d'y être mortel... Et bien que
les projets puissent être divers, au moins aucun ne me reste-t-il
tout à fait étranger parce qu'ils se présentent tous comme un
essai pour franchir ces limites ou pour les reculer ou pour les
nier ou pour s'en accommoder."
Jean-Paul
SARTRE, L'Existentialisme est un humanisme p.67,69 – Nagel
Mouvement
du texte :
Dans
ce texte Sartre refuse une idée, celle d’une humanité inscrite
dans une essence, donnée à la naissance : pour l’auteur
il faut parler plutôt de condition universelle de l’homme.
Dans
une deuxième partie il analyse cette universalité de condition
selon deux points de vue
-
D’ un point de vue objectif, la condition humaine ne tient pas
à des situations historiques particulières mais à une situation
universelle dans la mesure où tout homme rencontre des limites
comme le travail, autrui, la mort… : sur le plan subjectif
chaque homme par son projet tente d’assumer ses limites en les
refusant, les acceptant ou les dépassant, ce qui fonde une
intersubjectivité et donc une compréhension d’autrui toujours
possible.
-
Voir la page L'existentialisme
est un humanisme (lien en ouverture nouvelle fenêtre)
En
suivant, la rigueur des enchaînements, l'articulation de la démonstration,
en cherchant à retrouver l'inspiration socratique (nul n'est méchant
volontairement)
et l'inspiration kantienne (l'impératif catégorique) par exemple
pour l'inspiration kantienne:
-
Que
l'existence précède l'essence, cela signifie que l'homme
commence à exister avant d'être ceci ou cela, qu'il est
toujours par delà l'essence et que, n'étant pas déterminé
par elle, il est liberté.
-
Parce que
l'existence est d'abord projet c'est le futur qui donne sens
à mon action présente et à ce qui sera mon passé.
-
Comme
l'existence est choix, elle est du même coup responsabilité
totale de ses choix, actes accomplis ou valeurs qui
l'orientent.
L'existence fait apparaître une humanité par l'image
de l'homme qu'elle produit: en choisissant ma vie je
fais apparaître une forme d'humanité, je propose un
exemple à autrui et par là je suis responsable de tous
les hommes. Cela implique que toute action et tout choix
de valeurs doit relever d'une hésitation: en effet, si
en choisissant je choisis l'homme, je dois me demander
si je pourrais vouloir qu'un tel choix soit voulu par
tous.
Sartre rejoint alors l'impératif
catégorique de Kant
(lien
en ouverture nouvelle fenêtre)
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A
vous de chercher dans l'œuvre comment Sartre retrouve le mot de
Socrate: nul n'est méchant volontairement...
=
Essence : "Chaque homme serait un exemple particulier
d’un concept universel, l’homme " (P.20)
= Existence : "L’homme n’est rien d’autre que ce
qu’il se fait" (p.22)
= Liberté : "Il n’y a pas de déterminisme, l’homme est
libre, l’homme est liberté. (p.37)
= Universalité de l’homme: " Elle n’est pas donnée,
elle est perpétuellement construite " (p.70)
Comprendre
que c’est le projet qui donne une signification aux
relations humaines : le projet n’est qu’une
manière humaine de répondre aux limites: il devient
l’affaire de tous, il est exemplaire.
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Par J. Llapasset