II.
Les modernes: nouvelle vision de la nature
Selon léo
Strauss, dans l'ordre de l'action politique, il y a une
rupture totale à partir de Machiavel.
Machiavel:
il nous donne des histoires, des exemples pour signifier
que le politique n'est pas régulable par règle générale,
si bien que l'action politique est toujours une
adaptation et une invention: il n'y a jamais que du
singulier en politique.
Constatation: ce qu'il
faudrait faire n'est pas ce qui se passe: il vaut mieux
suivre la vérité effective des choses plutôt que
l'image de ce qu'elles devraient être.
Illustration:
Machiavel en faisant l'éloge de Rome fait l'éloge de
l'action qui a abouti: c'est la cité qui a réussi à
acquérir une pleine gloire en accomplissant des
forfaits. (Rome est fondée par un fratricide).
Conséquence:
La politique joue sur la question des moyens parce
qu'elle est toujours action singulière: la question des
fins n'a pas d'importance. Le rôle de l'invention tient
une place décisive. On voit que la pensée est
seulement un élément de l'action.
Signification:
Les modernes ont un aspect démocratique: s'il n'y a pas
de science de la politique, la politique pourra être
l'affaire de tous.
Élargissement effectué
par Léo Strauss: l'auteur
reprend l'affirmation de Robespierre: "Qu'on
n'aille pas chercher des antécédents dans les livres
des philosophes". En terme d'action,
fondamentalement, la philosophie n'aurait eu aucune
influence sur la période révolutionnaire: ils
inventent comme si le gouvernement révolutionnaire était
un système sans antécédent.
Voir Machiavel: la
nature des peuples.
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Hobbes:
Le projet:
Ce Descartes de la politique découvre un fondement irréductible
en politique: son projet est double: -Fonder le
politique sur les choses telles qu'elles sont; -Hobbes
homme de la mathématique, veut lui donner un fondement
indubitable.
Signification:
On s'est beaucoup disputé sur politique et morale: le
projet de Hobbes est de rompre en changeant de
perspective et en s'interrogeant sur le fondement, ce
qui est à la racine, le caractère ou la nature: il découvre
deux traits:
-La cupidité naturelle.
-Le désir d'éviter la mort violente qui est désir de
la paix. (Voir Épître dédicatoire De cive)
Fondement:
Il s'agit de trouver un fondement absolument certain
dans l'ordre de l'affectivité et on pourra déterminer
tout l'ordre politique. C'est donc la vision de la
nature qui commande: mais nature, au lieu de désigner
l'achèvement de l'homme désigne ce qu'il y a en lui de
primitif: la nature devient l'origine élémentaire: le
début et non la fin.
"La grande passion de ma vie fut la peur"
Hobbes.
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Conséquences:
-L'historicisme représente
la conséquence de la pensée moderne: on ne peut plus
rien dire sur les fins car on ne peut parler que de ce
que l'on connaît. L'historicisme, doctrine selon
laquelle les vertus sont relatives à l'époque où
elles ont été énoncées, est une manière d'établir
la position moderne sur la question des fins comme si ce
qui est après disposait d'un privilège sur ce qui est
avant.
-L'action est pensée en référence à l'individu, ce
qu'il recherche et non pas par rapport à la collectivité:
il ne s'agit plus de la fin de la société mais de ce
de quoi elle est composée, des individus: le fait que
l'on s'interdise de déterminer les fins signifie la libération
des individus dans la mesure où chacun peut alors
choisir ses fins.
Règle de l'action:
-Ce sera celle énoncée
par celui qui a le pouvoir de faire cesser la guerre, ce
qui équivaut à un positivisme juridique: toute loi est
valable à condition qu'elle soit énoncée par
l'autorité qui a le pouvoir de la faire respecter: en
fait c'est l'instauration de la liberté pour les
individus de choisir leur propre fin. En ce sens Hobbes
est un libéral, le
souverain n'a pour fonction que d'établir la paix.
Événement décisif:
-Hobbes se déclare
adversaire d'une religion d'État: c'est l'idée que le
pouvoir politique doit se placer à l'extérieur de la
question religieuse. Il est possible d'en finir avec les
luttes des individus en ce qui concerne les fins des
existences humaines. Hobbes
a bien vu qu'on se battait parce que de la fin de
l'existence humaine se déduisait l'ordre politique:
l'idée de la tolérance c'est l'idée que la politique
doit être séparée de la question des fins.
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En
réalité la politique est conçue comme ayant pour seule règle
de permettre aux individus de choisir leur fin. Il n'y a plus de
fin de l'existence humaine. L'objet du droit est de rendre
compossibles les libertés.
Comprendre que le problème fondamental de la politique n'est plus
de réaliser le bien mais de coexister paisiblement les uns avec
les autres.
Bibliographie:
Pierre Manent, Naissances de la politique moderne, Machiavel,
Hobbes, Rousseau, Ed.Payot, 1977. Voir aussi dans le
dictionnaire de la philosophie politique, l'article Machiavel,
PUF 1996, du même auteur.
Par J. Llapasset |