Thèmes
concernés: la liberté, Dieu, la création
des vérités éternelles.
Racines
et apports: que la seule oeuvre publiée
par Spinoza soit Les principes de la philosophie de Descartes
ne signifie pas, loin de là, qu'il soit un fidèle disciple de
Descartes. Par exemple, dans ce texte, il s'oppose à Descartes sur ce
que l'on peut penser de Dieu et sur le libre arbitre. De Descartes,
Spinoza retient surtout la forme: la méthode et ce qui inspire la méthode:
la rigueur des enchaînements.
Au
mouvement de la renaissance Spinoza emprunte l'idée d'une Nature
infinie, un Dieu, une substance constituée par une infinité
d'attributs. Au delà il se réfère à la conception stoïcienne du
divin: suivre le divin c'est obéir à la Nature.
Le Dieu de Spinoza, l'unique substance, ne peut être produit par autre
chose puisque nulle substance n'est en dehors de Dieu. En conséquence,
Dieu ne peut être soumis à aucune contrainte, il obéit donc à la
seule nécessité de sa nature et par là existe librement et nécessairement
selon ce que Spinoza appelle une libre nécessité.
Apports:
Pour les concepts et la pensée de Spinoza, il est possible de se référer
à
http://www.philagora.net/spinoza/
Pour
mieux saisir les concepts de substance, attributs et mode, voir:
Un
enveloppement de concepts
"J'appelle
libre, quant à moi, une chose qui est et agit par la seule nécessité
de sa nature; contrainte, celle qui est déterminée par une autre à
exister et à agir d'une certaine façon déterminée.
Dieu, par exemple, existe librement bien que nécessairement
parce qu'il existe par la seule nécessité de sa nature. De même aussi
Dieu se connaît lui-même librement parce qu'il existe par la seule nécessité
de sa nature. De même aussi Dieu se connaît lui-même et connaît
toutes choses librement, parce qu'il suit de la seule nécessité de sa
nature que Dieu connaisse toutes choses. Vous le voyez bien, je ne fais
pas consister la liberté dans un libre décret mais dans une libre nécessité.
Mais descendons aux choses créées qui sont
toutes déterminées par des causes extérieures à exister et à agir
d'une certaine façon déterminée. Pour rendre cela clair et
intelligible, concevons une chose très simple: une pierre par exemple
reçoit d'une cause extérieure qui la pousse, une certaine quantité de
mouvement et, l'impulsion de la cause extérieure venant à cesser, elle
continuera à se mouvoir nécessairement. Cette persistance de la pierre
dans le mouvement est une contrainte, non parce qu'elle est nécessaire,
mais parce qu'elle doit être définie par l'impulsion d'une cause extérieure.
Et ce qui est vrai de la pierre il faut l'entendre de toute chose
singulière, quelle que soit la complexité qu'il vous plaise de lui
attribuer, si nombreuses que puissent être ses aptitudes, parce que
toute chose singulière est nécessairement déterminée par une cause
extérieure à exister et à agir d'une certaine manière déterminée.
Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la
pierre, tandis qu'elle continue de se mouvoir, pense et sache qu'elle
fait effort, autant qu'elle peut, pour se mouvoir. Cette pierre assurément,
puisqu'elle a conscience de son effort seulement et qu'elle n'est en
aucune façon indifférente, croira qu'elle est très libre et qu'elle
ne persévère dans son mouvement que parce qu'elle le veut."
Spinoza (Lettre à Schuller, LVIII)
Mouvement
du texte:
1- Définition de
la liberté par opposition à la contrainte.
2-
Premier exemple: Dieu dont la liberté est une libre nécessité.
3-
Exemples de choses crées, découlant de la libre nécessité et non
d'un décret.
a) une pierre mise en mouvement par une contrainte extérieure.
b) Exemple imaginaire: une
pierre qui serait douée de conscience qui saurait ce qu'elle est en
train de faire tout en ignorant ce par quoi elle est contrainte, déterminée.
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