Thèmes
concernés: Langage, langue, parole.
Analogie, parole / peinture. Intention et expression. Parole et pensée.
Questions: nos paroles dépassent-elles notre pensée? Peut-on maîtriser
la parole?
Racines.
Apports: Merleau-Ponty
n'oublie jamais Hegel et sa dialectique dans son effort
pour penser ce qui semble contradictoire; Husserl avec
son souci de revenir aux choses mêmes; il doit beaucoup à
Heidegger qui rappelle à l'être, comme fondement et origine
de tout ce qui existe. Enfin, et on ne l'oublie que trop souvent,
Merleau-Ponty s'inspire largement de Gabriel Marcel. Il ne manquait pas
d'écouter près d'une porte dérobée Lachièze-Rey en train de
professer. Il admirait beaucoup ce maître.
Apports.
Merleau-Ponty s'adosse à Heidegger pour qui l'homme est le berger de l'être;
le langage la maison de l'être. Son oeuvre n'en est pas moins
originale.
Quelques
concepts:
Le
sens a pour origine l'homme et les divers points de vue: c'est
la signification d'une orientation.
La
chair. A ne pas confondre avec le corps qui sépare: le concept
désigne au contraire une forme de coïncidence avec les choses, une
"texture", ce qui rend le corps et le monde indissociables,
chacun renvoyant à l'autre dans une réversibilité où ce qui est
touché est lui même ce qui touche comme dans le contact étroit des
deux mains, exemple que Merleau-Ponty affectionne.
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"Une
parole importante, un bon livre imposent leur sens. C’est
donc d’une certaine manière qu’ils le portent en eux. Et
quant au sujet qui parle, il faut bien que l’acte d’expression
lui permette de dépasser lui aussi ce qu’il pensait auparavant
et qu’il trouve dans ses propres paroles plus qu’il ne pensait
y mettre, sans quoi on ne verrait pas la pensée, même solitaire,
chercher l’expression avec tant de persévérance. La
parole est donc cette opération paradoxale où nous tentons de
rejoindre, au moyen de mots dont le sens est donné, et de
significations déjà disponibles, une intention qui, par
principe, va au-delà et modifie, fixe elle-même en dernière
analyse le sens des mots par lesquels elle se traduit. Le
langage constitué ne joue un rôle dans l'opération d'expression
que comme les couleurs dans la peinture: si nous n'avions pas des
yeux ou en général des sens, il n'y aurait pas pour nous de
peinture, et cependant le tableau "dit" plus de choses
que le simple exercice de nos sens ne peut nous en apprendre. Le
tableau par delà les données des sens, la parole par delà
celles du langage constituée doivent donc avoir par eux-mêmes
une vertu signifiante, sans référence à une signification qui
existe pour soi, dans l'esprit du spectateur ou de
l'auditeur."
Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, troisième
partie, page 445. (Tel, Gallimard))
Mouvement
du texte:
1- Annonce de la thèse.
2- Première conséquence: il y a
plus de sens dans ce qui est dit par rapport à ce qui voulait être
dit.
3- Deuxième conséquence: la parole
est plus que la traduction d'une intention: nous ne maîtrisons
pas la parole, en un sens l'expression est toujours ratée, non
pas qu'elle manque mais parce qu'elle ajoute un
surplus à la pensée première.
4- Analogie avec la peinture.
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