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Rubrique philo
> Etude
de texte
L'étude
de texte -
Un
auteur, un texte
par
J. Llapasset
Un
texte de Locke (Bac
2006)
Second Traité du
Gouvernement Civil - (Un texte sur travail et propriété)
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Expliquer
un texte
"Celui qui se nourrit des glands
qu'il a ramassés sous un chêne, ou des pommes qu'il a
cueillies aux arbres d'un bois, se les est certainement
appropriés. Personne ne peut nier que ces aliments soient à
lui. Je demande donc : Quand est-ce que ces choses commencent
à être à lui? Lorsqu'il les a digérées, ou lorsqu'il les
a mangées, ou lorsqu'il les a fait bouillir, ou lorsqu'il les
a rapportées chez lui, ou lorsqu'il les a ramassées ? Il est
clair que si le fait, qui vient le premier, de les avoir
cueillies ne les a pas rendues siennes, rien d'autre ne le
pourrait. Ce travail a établi une distinction entre ces
choses et ce qui est commun; il leur a ajouté quelque chose
de plus que ce que la nature, la mère commune de tous, y a
mis ; et, par là, ils sont devenus sa propriété privée.
Quelqu'un dira-t-il qu'il n'avait aucun droit sur ces glands
et sur ces pommes qu'il s'est appropriés de la sorte, parce
qu'il n'avait pas le consentement de toute l'humanité pour
les faire siens? était-ce un vol, de prendre ainsi pour soi
ce qui appartenait à tous en commun ? si un consentement de
ce genre avait été nécessaire, les hommes seraient morts de
faim en dépit de l'abondance des choses [...]. Nous voyons
que sur les terres communes, qui le demeurent par convention,
c'est le fait de prendre une partie de ce qui est commun et de
l'arracher à l'état où la laisse la nature qui est au
commencement de la propriété, sans laquelle ces terres
communes ne servent à rien. Et le fait qu'on se saisisse de
ceci ou de cela ne dépend pas du consentement explicite de
tous. Ainsi, l'herbe que mon cheval a mangée, la tourbe qu'a
coupée mon serviteur et le minerai que j'ai déterré, dans
tous les lieux où j'y ai un droit en commun avec d'autres,
deviennent ma propriété, sans que soit nécessaire la
cession ou le consentement de qui que ce soit. Le travail, qui
était le mien, d'arracher ces choses de l'état de
possessions communes où elles étaient, y a fixé ma propriété."
Locke, Second Traité du Gouvernement Civil
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Aucune connaissance sur l'auteur et ses principaux concepts n'est
requise pour l'étude de texte à l'écrit au Baccalauréat. Comme ceci
n'est pas un corrigé, mais une aide à la compréhension, il est
possible de commencer par quelques informations sur l'auteur John Locke
(1632 - 1704).
- De Francis Bacon (1561 - 1626), Locke retient principalement
l'importance de l'expérience comme observation des phénomènes, de ce
qui se passe dans la réalité. Locke se pose en s'opposant à Hobbes
pour qui l'individu renonce à tous ses droits pour recevoir en échange
la sécurité, la protection contre ce dont il a peur.
- Dans ce contrat social, implicite, l'individu ne renonce pas à tous
ses droits naturels nous affirme Locke. C'est donc à l'Etat qu'il
revient la tâche non seulement de protéger les droits naturels mais
encore de faire preuve de la tolérance nécessaire à l'exercice de ces
droits. Toute la pensée de Locke se nourrit du libéralisme.
- Cela va nous permettre de mieux saisir dans le texte son souci
constant de préserver les droits naturels et d'ajuster le droit positif
de propriété au droit naturel de devenir propriétaire des biens
naturels auxquels le travail a ajouté quelque chose.
L'idée
principale et les étapes du raisonnement de l'auteur.
Pour
repérer l'idée générale, le message, ce que l'auteur pose, sa thèse,
il suffit souvent de comparer le début et la fin du texte.
La
fin, le plus souvent, marque l'apport de ce que l'auteur a écrit et
reformule la thèse, ce qui permet de mieux la comprendre.
Prenons
donc le début ------
et la fin du texte:
Celui qui se nourrit des glands qu'il a
ramassés sous un chêne, ou des pommes qu'il a cueillies aux
arbres d'un bois, se les est certainement appropriés.
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Le travail, qui était le mien, d'arracher
ces choses de l'état de possessions communes où elles étaient,
y a fixé ma propriété."
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Remarquez
que les actions de ramasser ou de cueillir ont bien les caractères d'un
travail: intention comme production d'une fin (amasser de quoi se
nourrir), utilisation d'un moyen pour transformer ce qui est offert à
tous par la nature en ce qui est propre à l'individu qui travaille:
l'effort accompli est incontestablement son effort. Si on se fie à
l'observation et à l'expérience, on assiste bien à un travail qui
transforme un état et produit un objet.
On comprend mieux que "approprier"
signifie ici action de faire d'une chose sa propriété, de manière
certaine, indiscutable, "certainement"
affirme l'auteur. Qu'a- t-il fait "Celui qui se nourrit des
glands",
sinon d'arracher (radix = racine), de prendre par son travail les choses
à l'état de possession commune en puissance, de passer à l'acte, de
s'approprier ce qui était offert à tous. L'activité ou travail met
dans un état qui ne change pas, immobilise sans retour possible fixe
ma propriété, une fois pour toute. C'est là, au
commencement, qu'on peut observer la naissance et du même coup la
justification de la propriété individuelle. Personne ne peut donc nier
cette justification par le travail: que ce qui a été ramassé ou
cueilli ne soit pas sa propriété: par son travail il a acquis un droit
sur ce qui porte sa marque, ce qui ne serait pas à l'état où c'est
sans son travail. A la lettre, dans le fruit,il y a fixé sa propriété.
Après
avoir dégagé l'idée générale, il devient possible en suivant le
raisonnement de l'auteur jusqu'à la conclusion de dégager les
principales étapes de l'argumentation.
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