"La
nature de l'esprit se reconnaît à ce qui en est le parfait
contraire. De même que la substance de la matière est la
pesanteur, nous devons dire que la substance, l'essence de
l'esprit est la liberté. Chacun admet volontiers que l'esprit
possède aussi, parmi d'autres qualités, la liberté; mais la
philosophie nous enseigne que toutes les qualités de l'esprit ne
subsistent que grâce à la liberté, qu'elles ne sont toutes que
des moyens en vue de la liberté, que toutes cherchent et
produisent seulement celle-ci; c'est une connaissance de la
philosophie spéculative que la liberté est uniquement ce qu'il y
a de vrai dans l'esprit. La matière est pesante en tant qu'elle
se dirige vers un centre; elle est essentielle ment complexe; elle
se trouve hors de l'unité et la cherche, elle cherche donc à
s'anéantir elle-même, elle cherche son contraire; si elle
l'atteignait elle ne serait plus la matière, elle aurait disparu,
elle tend à l'idéalité, car dans l'unité, elle est idéale.
L'esprit au contraire a justement en lui même son centre; il n'a
pas l'unité hors de lui mais il l'a trouvée; il est en soi et
avec soi. La matière a sa substance en dehors d'elle; l'esprit
est, l'être-en-soi-même. Cela est justement la liberté, car si
je suis dépendant je me rapporte à autre chose que je ne suis
pas; je ne puis exister sans, quelque chose hors de moi; je suis
libre quand je suis en moi.
Cet état
de l'esprit, d'être en soi, c'est la conscience, la conscience de
soi. Il faut dans la conscience, distinguer deux choses: d'abord
le fait que je sais et ensuite ce que je sais. Ces deux choses se
confondent dans la conscience de soi, car l'esprit se sait lui-même
il est le jugement de sa propre nature, il est aussi l'activité
par laquelle il revient à soi, se produit ainsi, se fait ce qu'il
est en soi."
Hegel (Leçons sur la philosophie de l'histoire, Vrin, page 27)
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Plan
du devoir:
Première partie:
commencez toujours par faire apparaître le sens du texte en
déterminant les concepts et en suivant le fil du texte, pas à
pas pour ainsi dire.
Deuxième
partie: les intérêts du texte.
- Ce que Hegel dit de la liberté comme caractéristique
essentielle de l'esprit peut difficilement être contesté. La
liberté est bien le rapport entre une action et l'esprit qui l'a
posée.
-
En conséquence, l'histoire n'est que l'effort de l'esprit pour
advenir à soi, qu'il s'agisse de l'Esprit ou
d'une histoire personnelle, de l'esprit d'un
individu. Hegel entend par là:de ce qui est au début, en germe,
mais aussi, à la fin quand le développement aura été accompli.
Les grandes étapes sont: la liberté d'un seul,
le despote, qui n'est pas une liberté car il n'y a de liberté
que partagée. Puis la liberté de quelques-uns:
chez les grecs, elle n'est pas pour les esclaves. Ensuite la
liberté de l'homme en tant qu'homme grâce au christianisme,
enfin la liberté réalisée par une tâche dans
l'esprit et dans la vie.
Troisième
partie:
Vous pouvez vous demander par exemple si Hegel n'est pas en train
d'inventer une dictature de l'histoire, du sens de l'histoire qui
pèsera sur les siècles suivants et nourrira toutes les formes de
progressismes. En effet, si la raison est le véritable moteur de
l'histoire, si les contradictions et leur dépassement sont le
moteur du progrès, quel rôle l'homme et singulièrement le grand
homme pourront-ils jouer?
Conclusion.
- Bilan:
l'histoire a un sens, celui de la manifestation progressive de la
liberté de l'esprit.
- Élargissement:
le problème se pose de savoir comment l'homme peut-il être autre
chose qu'un astre qui ignore l'ordre suivi. Comment échapper au
totalitarisme et préserver la liberté de l'individu, si
l'existence n'est pas déductible d'une théorie pour ample
qu'elle soit.
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