Thèmes
concernés: le bonheur, les troubles
de l'âme, l'habitude d'une vie frugale.
Racines
et apports: Épicure
reprend à son compte l'atomisme matérialiste.
Pour lui les opinions sont comme des atomes qu'il faut bombarder,
pulvériser, déraciner grâce à l'acte de philosopher. On
comprend que,si on arrête de philosopher, les opinions prolifèrent.
Composée de vide et d'atomes la réalité exclut la possibilité
qu'une âme soit indécomposable; elle ne saurait donc être
immortelle et, en ce sens, Épicure pense contre Platon. La tâche
de la philosophie est de chercher les conditions du bonheur, de
rester toujours prête à déraciner les opinions, à leur enlever
leur force par le raisonnement vigilant; à tout faire pour ne
plus dépendre de cette sorte d'événements qui troublent l'âme:
d'une certaine manière il s'agit de se réapproprier le temps
pour ne plus en être la victime. La morale d'Épicure est, en dépit
des nombreux contresens de la postérité, très exigeante: il ne
s'agit pas de se vautrer dans les plaisirs mais de les soumettre
à la mesure que la raison apporte, en exorcisant ce qui les rend
mauvais pour nous, la peur de perdre et la hâte de retrouver ce
qu'on a perdu.
Il
s'agit de rechercher l'ataraxie, l'absence de
troubles, la paix d'une part, et d'autre part, l'aponie
ou l'absence de douleur: le repos dans la stabilité d'un plaisir
débarrassé du mouvement, de tout ce qui le gâche.
Quant
à la sensation, Épicure y voit l'origine d'une
harmonie avec la nature, harmonie d'autant plus naturelle, donnée
par la sensation, que l'âme, en étant composée d'atomes, éléments
insécables et immuables, appartient à la nature. Le semblable
connaît le semblable.
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"C'est un grand bien, à notre sens, de savoir se suffire à
soi même, non pas qu'il faille toujours vivre de peu, mais afin
que, si nous ne possédons pas beaucoup, nous sachions nous
contenter de peu, bien convaincus que ceux-là jouissent le plus
de l'opulence qui ont le moins besoin d'elle. Tout ce qui est
naturel est aisé à se procurer mais tout ce qui est vain est
difficile à avoir. Les mets simples nous procurent autant de
plaisir qu'une table somptueuse si toute souffrance causée par le
besoin est supprimée. Le pain d'orge et l'eau nous causent un
plaisir extrême si le besoin de les prendre se fait vivement
sentir.
L'habitude, par conséquent, de vivre d'une
manière simple et peu coûteuse offre la meilleure garantie d'une
bonne santé; elle permet à l'homme d'accomplir aisément les
obligations nécessaires de la vie, le rend capable, quand il se
trouve de temps en temps devant une table somptueuse, d'en mieux
jouir et le met en état de ne pas craindre les coups du sort."
Epicure, (Lettre à Ménécée)
Mouvement
du texte: Ce texte comprend deux parties:
1- Savoir se suffire à soi même, avec pour
conséquence la nécessité de s'habituer à une vie frugale.
2- Ce que l'on peut attendre d'une vie
simple.
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