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L'étude de texte - 

Un auteur, un texte  par J. Llapasset 

ARISTOTE

La nature et le mouvement. (Physique, II, 1-2)

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Parmi les êtres, en effet, les uns sont par nature, les autres par d'autres causes; par nature, les animaux et leurs parties, les plantes et les corps simples, comme terre, feu, eau, air ; de ces choses, en effet, et des autres de même sorte, on dit qu'elles sont par nature. Or, toutes les choses dont nous venons de parier datèrent manifestement de celles qui n'existent pas par nature ; chaque être naturel, en effet, a en soi-même un principe de mouvement et de fixité, les uns quant au lieu, les autres quant à l'accroissement et au décroissement, d'autres quant à l'altération. Au contraire un lit, un manteau et tout autre objet de ce genre, en tant que chacun a droit à ce nom, c'est-à-dire dans la mesure où il est un produit de l'art, ne possèdent aucune tendance naturelle au changement, mais seulement en tant qu'ils ont cet accident d'être en pierre ou en bois ou en quelque mixte, et sous ce rapport; car la nature est un principe et une cause de mouvement et de repos pour la chose en laquelle elle réside immédiatement, par essence et non par accident.
Aristote,
(Physique, Livre II, 1-2)

Mouvement du texte. 
1-
A partir d'une distinction entre les êtres, Aristote introduit sa thèse: en chaque être naturel, il y a le principe du mouvement et du repos.
2- Il explicite la distinction et nous invite à observer.
a) Les êtres naturels
b) Ceux qui sont produits par une autre cause, par exemple, ici, par la technique de l'artisan.
3- Aristote reformule explicitement sa thèse comme conclusion à tirer de ce qui précède: la nature est principe. 

Explication à partir des concepts:
Par la nature: pour Aristote, la nature est acte comme mouvement, principe de changement, ce qui implique qu'elle réunit l'aspect matériel puissance et l'aspect formel (acte en train de se réaliser). La nature produit les vivants particuliers parce qu'elle est le Vivant tourné vers tous les vivants d'un point de vue universel. Le semblable (le vivant) produit des semblables, les vivants particuliers. La nature, principe de mouvement, produit des vivants ayant en eux mêmes un principe, une source productive d'action et pas nécessairement d'acte nécessairement réalisé. Par nature, signifie donc, par l'effet de la nature.

Différence: Aristote fait bien un effort de distinction par une caractéristique essentielle. Alors que les objets artificiels reçoivent leur forme et donc leur existence et restent ce qu'ils sont avant qu'ils ne se dégradent, ceux qui existent par nature reçoivent en quelque sorte ce qu'ils ont à devenir, un principe de mouvement et de changement.
Évidemment: cela se voit, c'est évident, il n'y a qu'à observer et tourner son regard vers le ceci, vers l'existence.
De mouvement et de repos: il faut bien entendu comprendre de mouvement ou de repos. Le mouvement n'est pas le repos, c'est la réalisation d'un forme, tension vers l'acte par ce qui cherche à s'achever sans encore être achevé. Le repos c'est la disparition du mouvement dans l'acte parfaitement achevé (c'est pour cela qu'il n'y a de bonheur que dans la contemplation, dans le repos de la vie "théorétique".
Quant au lieu: selon le mouvement et le déplacement de l'ici à l'ailleurs.
Accroissement et décroissance: comme dans la génération et la corruption: naître, grandir ...
Altération: devenir autre, être déformé comme dans la vieillesse par exemple.
L'objet: l'objet ne reçoit son statut que de l'art qui le produit. Art est à prendre ici au sens de technique maniée par un artisan. Pour de tels objets le principe de leur changement n'est pas en eux comme dans le vivant. (En un certain sens les matériaux avec lesquels ils sont fabriqués gardent un principe de changement en eux, le bois, la terre, l'eau...) Ce qui composé peut se décomposer.

Principe et cause: le principe c'est ce dont il faut partir pour la connaissance des vivants particuliers,; c'est aussi la cause en ce qu'elle détermine la constitution des êtres vivants et permet des explications.
Autrement dit, on ne peut pas dire que la nature est une chose ou un ensemble de choses, c'est bien plutôt un principe de mouvement.

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