"Voyons.
Puisqu'il y a pareil hasard de gain et de perte, si vous
n'aviez qu'à gagner deux vies pour une, vous pourriez
encore gager. Mais s'il y en avait trois à gagner,
il faudrait jouer (puisque vous êtes dans la nécessité
de jouer), et vous seriez imprudent, lorsque vous êtes
forcé à jouer, de ne pas hasarder votre vie pour en
gagner trois à un jeu où il y a pareil hasard de perte
et de gain."
Ces deux
ou trois vies sont, je pense, deux ou trois vies
semblables en tout à la nôtre et qui ne feraient que la
prolonger: il ne s'agit encore ici pour Pascal que de durée.
et non de bonheur. - "Il faudrait jouer (puisque vous
êtes dans la nécessité de jouer)."
Expression négligée, mais facile à expliquer. Jouer
signifie, la première fois, parier que Dieu est; la
seconde, parier dans un sens ou dans l'autre. -Pascal,
supposant toujours "pareil hasard de gain et de
perte", nous place successivement dans deux hypothèses.
S'il y avait, dit-il, deux vies à gagner pour une, nous
pourrions parier s'il y en avait trois, nous le devrions.
M. Havet
blâme cette manière de compter et trouve que nous
devrions déjà jouer une vie pour en gagner deux. Mais
deux vies à gagner, avec une chance sur deux de les
gagner, en valent exactement une. Supposons que ces deux
vies soient un lot, et la nôtre, le prit d'un billet:
nous échangerons, en prenant ce billet, une valeur égale
contre une valeur égale: nous pouvons donc le prendre,
sans y avoir cependant aucun intérêt.
Mais
trois vies à gagner, avec une chance de gain sur deux, en
valent une et demie si donc nous ne payons que d'une vie
le billet qui peut nous en faire gagner trois, nous serons
plus riches de la moitié d'une en prenant ce billet qu'en
ne le prenant pas nous avons donc un intérêt évident à
le prendre. Le calcul est irréprochable mais où Pascal
veut-il en venir avec ses hypothèses ?