Rubrique Épistémologie

Rubrique épistémologie

Épistémologie: les conditions, la valeur, les limites de la connaissance humaine

François Dagognet

Réflexions épistémologiques sur la vie et le vivant

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  La perspective éthologique: les liens entre les vivants. (suite)

Le coup de maître de Von Frisch vient de ce qu'il dispose, par exemple, à un endroit donné une coupelle remplie des substances recherchées il en induit à l'avance la forme et la qualité de la danse de l'abeille qui a repéré le "trésor". Et s'il éloigne le récipient, il sait (sans avoir à les noter) les différences informationnelles qui en résultent ; il dessine le manège annonciateur, On en a vérifié l'exactitude. Inversement, s'il examine attentivement les danses de la ruche, il sait où les abeilles vont toutes se précipiter. Mais que de subtilités dans le message et dans son déchiffrement Nous ne nous y étendrons pas. Mentionnons que Von Frisch va jusqu'à prévoir " les fautes de communication " qu'il comporte. En effet, comment la découvreuse a-t-elle pu mesurer l'espace qu'elle
a parcouru ? Von Frisch a calculé que lorsqu'elle lutte contre le vent qui la ralentit, elle signale une distance plus grande que celle qu'elle donne par temps calme. De même, à l'opposé, si la tempête l'a aidée à se déplacer, elle raccourcit le chemin, Il s'ensuit donc qu'elle apprécie l'éloignement en fonction du temps qu'elle met à rallier l'objectif convoité, Elle estime l'étendue grâce à une sorte d'horloge cénesthésique ou encore elle mesure l'espace par du temps (quasi intérieur). Von Frisch a encore détecté le code de ses travailleuses lorsqu'elles doivent opérer en l'absence du soleil, dans une relative pénombre. Comment échanger sans voir et sans lumière ? Enfin, la sentinelle qui alerte sait trier les informations utiles:
elle décourage les expéditions trop lointaines. Autant elle précise les butins assez proches, autant elle prévient des trop aventureux : " Pour cent mètres, l'abeille parcourt neuf à dix fois en quinze secondes la partie rectiligne du circuit, pour cinq cents-mètres environ six fois, pour mille quatre à cinq fois [...] toujours dans le même temps" (19).

Les vivants sont donc soudés entre eux, à l'intérieur de groupes cohérents. Nous ne pouvons pas ne pas ajouter que la vraie " régulation " relève plus d'ailleurs de la colonie que de l'individu seul:
celui-ci, finalement, n'existe pas et même sa sexualité est d'abord répartie sur tous, passe à travers ce tout, notamment en ce qui concerne la ruche.

Si l'étude des liens entre les semblables forme l'éthologie dont nous avons exposé la méthodologie de plus en plus interventionniste et non plus passéiste (l'observation), celle des relations entre les organismes voisins introduit à l'écologie. Essayons de dégager "tous les types d'association" que les individus contractent ou aménagent un large inventaire -, ainsi que les méthodes de vérification de ces pactes tacites. Transformons au plus vite la biologie en une logique des interrelations ! 

1) Dans le parasitisme l'un des vivants soustrait sa propre nourriture à un hôte qu'il se garde bien de tuer: cette installation de l'un dans ou sur l'autre peut d'ailleurs revêtir bien des aspects, ou temporaire comme celle d'un insecte piqueur qui extrait le sang de celui sur lequel il se pose seulement, ou permanente comme celle du ver solitaire solidement implanté.

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