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Rubrique Droit et Justice
DROIT
et
JUSTICE par Jean Jacques SARFATI
jean-jacques.sarfati@wanadoo.fr
Les
sphères de Justice de Michaël Walzer Critiques
et propositions d'interprétation
par Jean Jacques SARFATI
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II Les critiques de la thèse walzérienne
Bien que l'ouvrage que
nous présentons ici, ait été abondamment commenté et critiqué, nous
retiendrons trois grandes catégories de réserves ,qui ont.. été
effectuées le concernant.
Les premières émanent de John Rawls et des Rawlsiens. Les secondes
concernent Dworkin. Enfin nous nous proposerons en dernier lieu d'étudier
les réserves effectuées par Pascal Engel et Will Kymlicka qui paraissent
devoir se rejoindre sur le même point.
1) Rawls ne paraît pas avoir considéré comme
majeure la critique que Walzer a effectué de son travail.
A notre sens cependant ce dernier a mis en exergue une des faiblesses réelles
du travail rawlsien. Ces faiblesses sont à la fois le caractère quelque
peu abstrait de la logique rawlsienne et les risques de domination de la
société par une nomenklatura à laquelle celle-ci risque à terme de
conduire.
Dans l'ouvrage intitulé «libéralisme politique» Rawls cite dans une
note en bas de page ceux qui lui reprochent le caractère trop abstrait de
son travail. Ce dernier répond alors: « en philosophie politique, le
travail de l'abstraction est motivé par des conflits
politiques profonds}) (21).
La réponse de Rawls ne nous paraît guère répondre à la critique
walzérienne.
Pourquoi? Faut-il voir ici un malentendu entre ces deux auteurs majeurs?
Ce malentendu est tout à fait envisageable, à moins que des raisons plus
discrètes ou secrètes expliquent l'abstention relative de Rawls sur la
critique walzérienne.
Avec le recul, il nous apparaît cependant que Rawls n'a pas exactement répondu
à Walzer. En effet, si ce dernier reproche à Rawls son abstraction, ce
n'est pas parce qu'il remet en cause la sémantique rawlsienne mais parce
qu'il conteste la démarche adoptée par l'auteur de « Theory of justice
».
Ce que Walzer reproche à Rawls, c'est précisément d'avoir construit ses
deux grands principes de justice à partir d'une situation idéelle imaginée.
En ce sens, il reproche ainsi à Rawls la coupure qui est la sienne avec
l'empirisme anglo-saxon . et le caractère trop dogmatique de son
inspiration. Il considère que la démarche de l'auteur de la « théorie
de la justice» est trop abstraite, trop coupée du réel et il lui fait
ainsi le reproche habituel que les anglo-saxons font aux philosophies
prussiennes.
Walzer s'en prend d'ailleurs ici à la démarche spécifiquement Kantienne
de Rawls, celle qui fonde le point de départ de son travail. Mais
le malentendu entre Rawls et Walzer semble inéluctable car l'un et
J'autre ne paraissent pas craindre le même danger.
Alors que Rawls souhaite, par l'idée de justice, assurer la cohésion de
l'ensemble, Walzer semble désirer essentiellement assurer la protection
des minoritaires à l'intérieur de cet ensemble. Comme le note Paul
Ricoeur, pour Walzer la différenciation compte plus que l'intégration.
Pour Rawls, l'ordre des priorités est inversé: la cohésion de l'ensemble
doit primer sur le tout.
L'opposition est donc plus profonde qu'il n'y. parait de prime abord entre
les deux auteurs.
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critique de la thèse walzérienne
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Jean Jacques SARFATI jean-jacques.sarfati@wanadoo.fr professeur de philosophie en région parisienne, juriste et ancien avocat à la cour d'Appel de
Paris
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