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Rubrique Droit et Justice
DROIT
et
JUSTICE par Jean Jacques SARFATI
jean-jacques.sarfati@wanadoo.fr
Les
sphères de Justice de Michaël Walzer Critiques
et propositions d'interprétation
par Jean Jacques SARFATI
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Qu'est-ce qu'une
sphère?
Walzer reste assez
vague sur la définition du concept qu'il ne reconnaît que par
l'existence d'une faculté distributive.
Par cette définition, rien ne parait donc exclure que l'individu en tant
que tel puisse également être considéré comme une sphère autonome si
l'on admet que celui-ci est en lui-même distributeur de différents biens
qui sont son amitié, son estime, son affection, ses biens matériels,
etc...
L'idée d'autonomie réelle en induit une autre: celle de la séparation,
gage du juste, donc de l'harmonie. Walzer ne note-t-il pas en effet que:
«Dans toute société diversifiée, la justice ne produira l'harmonie
que si elle produit la séparation: les bonnes barrières font les bonnes
sociétés» (7).
Ce point important
de la thèse walzérienne, qu'il ne faut pas prendre totalement - à notre
sens - à la lettre, peut potentiellement impliquer une logique
d'exclusion et c'est le reproche que certains auteurs feront à son
travail.
En tout état de cause, pour l'auteur de « Sphères de justice», les
sociétés dans lesquelles nous vivons sont donc irréductiblement
plurielles et composées de plusieurs sphères distributives. Aucune
d'elles ne doit et ne peut s'imposer à toutes les autres.
Comme nous l'avons évoqué, la sphère n'est pas définie en tant que
telle.
Michaël Walzer se contente d'énumérer celles qu'il juge sans doute
primordiales dans une démocratie. Il les étudie une à une en illustrant
son travail par des exemples historiques ou sociologiques.
Parmi ces sphères distributives jugées primordiales par Walzer, se
trouve l'appartenance.
Comment penser la notion d'appartenance à la communauté et définir le
juste en ce domaine? Comment déterminer les cas où il est juste
d'inclure un individu dans une société ou au contraire de lui refuser
son accès?
A travers J'étude des travailleurs immigrés de nos sociétés et celui
du métèque de la Grèce antique, l'auteur évoque ainsi à demi-mot son
opposition aux politiques actuelles d'immigration dans les pays
occidentaux. C'est l'une des raisons pour lesquelles, contrairement à
l'opinion de certains, nous pensons qu'il ne peut lui être fait reproche
d'être un auteur favorable à l'exclusion (8).
La séparation des sphères n'implique pas nécessairement exclusion de
l'individu pour l'auteur de « Sphères de justice ». S'il n'existe pas
de biens qui transcendent tous les autres, il en est qui sont premiers au
sens de la fondation initiale de la personne. Te! est bien, pour Michaël
Walzer, comme pour Ricoeur qui le rejoint sur ce point, l'appartenance à
une communauté. Sans elle, l'agent apatride « court d'infinis dangers»
(9).
Une autre sphère distributive est prise en considération par
Walzer et jugée essentielle par lui: celle de la sécurité et du bien
être social.
L'étude et la recherche du juste à l'intérieur de cette sphère,
l'autorisent également à opérer des distinctions entre le traitement
que l'on faisait de ce bien dans la Grèce du 4ème et 5ème siècle
et celui qui était fait de ce même bien par les communautés juives médiévales
de l'Europe méditerranéenne (10).
Walzer traite également séparément le cas de la sphère ou le bien
argent domine, celle ou c'est au contraire les charges et emplois réglementés
qui importent.
Il étudie également la sphère ou doivent se définir la juste répartition
des honneurs, de la reconnaissance, voire même la grâce divine.
Vers la page
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chaque sphère soit autonome par rapport à l'autre
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Jean Jacques SARFATI jean-jacques.sarfati@wanadoo.fr professeur de philosophie en région parisienne, juriste et ancien avocat à la cour d'Appel de
Paris
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