° Rubrique Droit et Justice DROIT et JUSTICE par Jean Jacques SARFATI Le rôle créateur de l'Exception en Droit chez Platon dans "Les Lois", "La République" et "Le Politique" Pages:
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- 15 - Philagora tous droits réservés __________________ = La problématique posée dans «La République» «La
République» est «commandée» par un clivage continuel entre la figure de
l’idéal et celle du réel. Du « coté du réel »,
Thrasymarque
qui considère que l’homme juste est souvent « abusé » et
que seul l’homme fort peut gouverner car lui « sait engraisser
les moutons pour son propre bien »( Rep. 345c) alors que Socrate présente
la figure de l’homme idéal qui évoque les « hommes de bien » qui
ne veulent « gouverner ni pour les richesses, ni pour les honneurs »(Rep.
346 d.) Du
coté de l’idéal, le livre IV pose la cité souhaitée où « s‘établit
un parfait accord entre les trois éléments …et les liant ensemble ils
deviennent de multiples qu’ils étaient absolument un » (Rep. 443d).
Mais cette cité advient rarement car, pour gouverner le philosophe doit «
se rebeller contre les avis du plus grand nombre et résister à l’éducation
des sophistes »(Rep. 492c). Ce
divorce et cette rareté créent le tragique. Car le commun a le nombre pour lui
alors que l’excellence ne dispose que du savoir. Or le commun veut tout et
tout de suite. Il exige que l‘on change les lois, que l’on tienne compte de
sa situation. Il réclame du « spécial », de l’évolution rapide,
des « changements ». Ceux
qui le gouvernent par la force et ignorent ses demandes, finissent par
s’ignorer eux-mêmes. Quant à ceux qui l’écoutent, ils obtiennent la paix
pour un moment mais oeuvrent contre eux-mêmes et contre l’ensemble. Car ils
en viennent à ignorer l’unité de la cité et à créer
un droit émietté. La désunion provoque
la discorde et détruit ce qu’il y a de plus excellent en elle : le philosophe
est condamné à l’exil ou au silence et ce silence et cet exil
plongent de plus en plus le groupe dans l’ignorance et à l’intérieur
de ce qu’il y a de plus bas en elle ; le cercle vicieux s’installe alors.(
Rep. Livre VIII) Alors
que faire? L’homme «rare» ou d’exception doit-il chercher à «gouverner
ses semblables» et les contraindre à voir le vrai. Mais s’il le fait il sera
«moqué au pire assassiné» (Rep. 516b). Doit-il se renfermer dans son
silence? Mais pour Platon, il faut se « garder de leur permettre ce
qu’on leur permet aujourd’hui…De rester là-haut…de refuser de descendre
parmi les prisonniers et de partager avec eux travaux et honneurs quel que soit
le cas qu’on en doive faire… » (Rep. 519c). Alors
que faire : faut-il les contraindre à se mêler au commun et ainsi faire leur
malheur, malgré eux ? Platon répond finalement que l’homme rare n’a pas
d’obligation s’il s’est formé par lui-même, l’obligation de « redescendre
dans la caverne » survient lorsqu’il se trouve dans la cité idéale car
ici « il pourra parfaitement faire en sorte de relier chaque image à
une essence et sera habitué aux ténèbres… » (Rep.520c). Mais
lorsque le philosophe déserte la cité l’injustice gouverne car ce qui est
« de race royal » est gouverné par « ce qui est le plus
grand nombre en nous ». (Rep. 444 d) . Au mieux c’est au poète, à
une « théatrocratie » qu’il faut abandonner le pouvoir et se résoudre
à cette vie de mensonge car le poète est « éloigné de trois degrés du
roi et de la vérité ». (Rep. 597c). La
République ne propose donc aucune solution acceptable au drame qu‘elle développe
; survient alors «Le Politique». Vers 10 - La solution «esquissée» dans le «Politique» Bibliographie (lien ouverture nouvelle fenêtre) Copyright Jean Jacques SARFATI jean-jacques.sarfati@wanadoo.fr professeur de philosophie en région parisienne, juriste et ancien avocat à la cour d'Appel de Paris ° Rubrique Droit et Justice |