° Rubrique Droit et Justice DROIT et JUSTICE par Jean Jacques SARFATI Le rôle créateur de l'Exception en Droit chez Platon dans "Les Lois", "La République" et "Le Politique" Pages:
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Le refus Platonicien de la «variabilité» du droit Comme
le rappelle, L. Rossetti l’objectif poursuivi par Platon est de
soumettre « l’ensemble de la conduite de la vie privée et
publique à un code moral qui se veut…intemporel ».(21)
En conséquence, de même qu’il ne doit être ni dicté par les catégories
sociales, ni par le fait, de même le droit ne se doit-il pas être créé par
les soucis du moment et se doit-il d’être relativement stable. Dans
« le Politique », Platon précise cependant que cette stabilité ne
doit pas être dogmatique car il est « ridicule » pour celui qui se
trouve face à des conditions qui ont changées de maintenir des prescriptions
prises en fonction de considérations factuelles qui ne sont plus.
( Pol. 295d). Cependant,
le changement législatif ne doit pas s’opérer de n’importe quelle manière
car le « factuel » n’est pas, nous l’avons vu, une donnée
centrale de l’élaboration législative pour Platon. En conséquence ni le
premier venu, ni la « foule » ne peuvent modifier la loi par eux-mêmes
car ils ne sauraient posséder cet art du « politique » qui a soin
de l’ensemble de la cité (Pol.300e) . Comme son auteur le rappelle dans « Les Lois », les successeurs des trois « fondateurs de la cité » qu’il planifie pourront modifier la loi première. Cependant cette modification ne pourra s’entendre que comme un « complément » de la loi première tenue pour « une sorte d’esquisse » (L. 764d). En conséquence, si Platon admet qu’un droit premier puisse être amélioré, ces « améliorations » doivent être rares et toujours s’opérer dans le but de compléter la loi fondatrice car le « légal » qui convient doit se situer hors du temps et légiférer pour l’avenir en tenant compte du passé. Il
n’est pas soumis aux impératifs de la temporalité car il n’est que
l’image de la science qui n’accepte aucun autre maître qu‘elle-même
lorsqu‘elle est la véritable science. En
conclusion, parce que, selon lui, le droit doit « unifier » et
harmoniser la cité, qu’il se doit d’être relié à des vérités éternelles
et indépendant des données de fait ou des intérêts, Platon rejetterait
l’exception phénoménale comme « créatrice » de droit. Cependant,
ce rejet n’implique pas que Platon entende instaurer un droit qui ignorerait
la singularité. Comme le rappelle Léo Strauss (22) pour Platon, l’homme est « multiple ».
En conséquence, tous ne se valent pas et les différentes parties qui les
composent ne sont pas toutes égales proportionnellement entre elles.
L’exception est donc reconnue comme créatrice de droit par l’auteur de la République,
lorsque celle-ci est excellence. Bibliographie (lien ouverture nouvelle fenêtre) Copyright Jean Jacques SARFATI jean-jacques.sarfati@wanadoo.fr professeur de philosophie en région parisienne, juriste et ancien avocat à la cour d'Appel de Paris ° Rubrique Droit et Justice |