° Rubrique Droit et Justice DROIT et JUSTICE par Jean Jacques SARFATI Le rôle créateur de l'Exception en Droit chez Platon dans "Les Lois", "La République" et "Le Politique" Pages:
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Le refus platonicien du « spécialisme» Nous
appelons ici spécialisme du droit la multiplication en son sein de micro régimes.
Il y a spécialisme lorsque le droit commun est faible et qu’il existe un
droit régissant chaque situation de la vie économique et sociale. Le spécialisme
est le lieu de la multiplicité des lois ou de l‘inflation législative. Platon
rejetterait, selon nous la structure d’un tel droit. En effet le principe
platonicien qui régit « la cité parfaite est celui de la justice… »(17)
et l « unité » reste le souci de celle-ci. Platon en effet,
craint par-dessus tout, les dissensions internes dans la cité. Une cité
divisée est, selon lui, la marque d’une pathologie et une ville ou un état
qui sont incapables de mettre en évidence des règles acceptées par tous, une
cité mal gouvernée soumise au règne de l’ «hubris »,donc
de l’in-tempérance, elle-même source de tous les maux possibles. G.
Vlachos nous rappelle que, pour le philosophe, la cité doit en effet se penser
comme une « totalité
harmonieuse . »(18) et non comme un puzzle, voire des législations
assemblées sans harmonie les unes aux autres. Pour
Platon, « les lois communes permettent une sorte d’amitié »
(Lois. 708c) et s’il accepte la division de la cité en parcelles
privatives dans la colonie qu’il fondera dans « Les lois » ,
il précise aussitôt que chacun
devra « regarder chaque lot comme la propriété de la cité toute
entière… »(Lois 740 a). S’il divise la cité en tribu et fixe
une justice pour chacune, il prend aussitôt la peine de prévoir l’appel
possible des décisions rendus par cette justice « tribale » auprès
de juges d’élite communs à toute la cité et ayant mission de l‘unifier. Quant
aux « gardiens » de la cité idéale dans la République, il leur
refuse toute propriété privative car, selon lui : « dès qu’ils
auront en propre de la terre, des maisons, de l’argent,de gardiens qu’ils
étaient, ils deviendront économes…Ils passeront leurs vies à être haïs…(Rep.
416a-417b). Or c’est la « philia » que le droit juste doit mettre
en œuvre et pour Platon « entre amis tout est commun ». (L.
740a).
Le
régime idéal pour Platon, reste donc assez éloigné de l’organisation des
sociétés contemporaines et d’un droit chargé de cautionner de
multiples statuts. Ainsi si, dans « Les lois », notre auteur prévoit
d’établir des classes « censitaires » d’après la fortune ( L.
744c), il considère cependant qu’il importe également de fixer des limites
à la richesse et à la pauvreté( L.744d). La
disharmonie, un droit trop parcellisé sont donc bien la marque pour Platon
d’une société mal gouvernée . Ce refus d’un droit qui ne serait pas
« commun » se retrouve également dans le deuxième aspect de
l’exception comme créatrice de droit : le « corporatisme ». Vers 4 - Le refus platonicien du "corporatisme" Bibliographie (lien ouverture nouvelle fenêtre) Copyright Jean Jacques SARFATI jean-jacques.sarfati@wanadoo.fr professeur de philosophie en région parisienne, juriste et ancien avocat à la cour d'Appel de Paris ° Rubrique Droit et Justice |