° Rubrique Droit et Justice 

DROIT et JUSTICE par Jean Jacques SARFATI 

Le rôle créateur de l'Exception en Droit chez Platon 

dans "Les Lois", "La République" et "Le Politique"

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(16 bibliographie)

 jean-jacques.sarfati@wanadoo.fr

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L’unité des deux exceptions autour d’une dialectique de la singularité

Pour comprendre cette marche dialectique, il importe de revenir sur le livre «fondateur», «La République». Celui-ci pose un chiasme quasi ontologique entre deux types d’évolution circulaire de la vie politique d’une cité:

- L’évolution du cercle de la vertu est décrit dans le livre IV. Dans ce texte, la cité idéale  est dirigée par le philosophe roi qui permet aux citoyens d’aller de manière ascendante à la rencontre du meilleurs des leurs. Celui-ci leur permet d’aller à la rencontre du meilleur d’eux-mêmes et cette rencontre des meilleurs conduit par degrés à une forme de connaissance de plus en plus approfondie de la réalité.

- L’évolution du cercle «vicieux» est mise en évidence au Livre 8 du même texte. Elle est gouvernée par le règne de l’opinion, de l’excès et évolue de manière totalement névrotique. Dans le pire des cas ce cercle conduit les hommes à la rencontre du pire des leurs et finit par ne mettre en évidence que la pire partie de leur nature, au mieux il n’est qu’une lamentable répétition.

Or pour Platon, la vertu seule doit commander et celle-ci ne s’installe que lorsqu’un «travail» de type scientifique est effectué. Sinon, c’est  l‘évolution du cercle du vice qui opère. Or qu’Est-ce que la vertu pour Platon?

La vertu veut-elle ignorer la singularité de chacun, comme le prétendent les sophistes ou comme le craint la multitude ? Nullement, répond Platon. La cité idéale qu’il dessine est celle qui met en « évidence » la vraie nature des individus.  Platon ne la rejette donc pas.

En conséquence, si tel est le cas, pourquoi rejette-t-il la logique actuelle de notre droit qui permet à chacun de s’exprimer en créant de multiples régimes dérogatoires pour saisir la complexité du réel et en permettant à la loi de s’adapter aux demandes de chacun?

Platon la rejette car,selon lui, celle-ci n’offre qu’une fausse idée des hommes et des êtres. Pour que le vrai apparaisse, il importe, pour l’auteur des lois, que la vertu gouverne car seule celle-ci peut installer le cercle vertueux qui permet d’aller à la découverte du meilleur de soi et du meilleur à l’intérieur de la cité.

Cependant,nous sommes tous tels les esclaves de la caverne, ce vrai ne nous apparaît pas d’emblée. D’où la nécessité d’une loi qui doit nous éclairer pour nous permettre de nous retrouver. La loi créée par la rareté de l’excellence n’est certes pas notre loi. Elle nous est imposée mais en ce qu’elle est « excellence », elle met en évidence notre singularité véritable ; celle qui correspond le plus à notre essence.

Socrate rappelle parfaitement le caractère « provisoire » de cette loi . Il écrit en effet : « De même que les parents à l’égard des enfants ….Nous les tenons dans notre dépendance jusqu’à ce que ce que nous ayons établi une constitution dans leur âme, comme dans un état, jusqu’au moment où ayant cultivé, par ce qu’il y a de meilleur en nous, ce qu’il y a de meilleur en eux,nous mettons cet élément à notre place pour qu’il soit un gardien et un chef semblable à nous, après quoi nous les laissons libres… » (Rep. 590e).

Pour Platon, la liberté est « récompense » d’un double travail dialectique au terme duquel la vertu ne fait qu’appeler la vertu et ce dans un cercle adéquat. En conséquence si l’exception phénomène est rejetée par notre auteur et l’exception excellence louée ce n’est pas par incohérence, c’est bien parce que, selon lui, le droit doit avoir pour seul souci le singulier. Or le singulier ne surgit que manière exceptionnelle lorsque la vertu gouverne et les cités et les hommes .

Platon a-t-il lui-même réussi à installer cette dialectique vertueuse? Nous  pensons qu’il a pu la réaliser dans certains aspects de son œuvre. Celle-ci en effet présente une dialectique ascendante des fonctions politiques qu‘il élabore au fil des ouvrages.

Vers 12 L’unité des trois œuvres par la dialectique ascendante des fonctions politiques élaborées

Bibliographie (lien ouverture nouvelle fenêtre)

Copyright Jean Jacques SARFATI jean-jacques.sarfati@wanadoo.fr professeur de philosophie en région parisienne, juriste et ancien avocat à la cour d'Appel de Paris

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