° Rubrique Droit et Justice 

DROIT et JUSTICE 

Rubrique animée par Jean Jacques SARFATI  

Droit positif, droit idéel et droit transitoire

 

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4) Sur cette question sensible, aujourd’hui considérée comme étant celle de la « justice sociale », Aristote nous décrit le monde « tel qu’il est » et c’est sans doute la raison pour laquelle certains ont tant de mal à le lire. 

Toutefois, même si les hommes ont, depuis le Stagirite, moins changé qu’on ne l’a prétendu, il importe de rappeler que le droit idéel a pour objectif d’aider ceux-ci à être ce qu’ils doivent être.

Il lui faut donc pas à se limiter aux hommes tels « qu’ils sont souvent ». Pour lui, les sociétés « fermées » - qui sont légion- ne conviennent donc pas au sens où Popper et Bergson comprenaient ce concept (9). Car celles-ci ne recherchent pas à faire advenir les singularités. Elles vivent dans un « passé » qui les étouffe et leur interdit d’être elles-mêmes en ce qu’il les aveugle sur ce qu‘elles sont au fond d‘elles-mêmes. De telles sociétés meurent lentement de leurs préjugés qui empêchent cette respiration nécessaire de tout social. Elles sont sources de malheur, pour les « inclus », pour les « exclus » et pour l’humanité en son ensemble en ce qu‘elles étouffent les talents par des rigidités insignifiantes et elles les briment par des coutumes comprises sans la moindre intelligence. Elles ne sont que des victimes névrotiques de leur histoire et d‘une vision malsaine d‘elles-mêmes car, rivées sur un passé qui les domine, elles sont persuadées de ne jamais pouvoir s’améliorer.

Le droit idéel doit donc avoir pour vocation de les « guérir » de ce mal en leur rappelant la nécessité de la présence de l’autre pour être soi ; nécessité qui implique « hospitalité » et non plus simple « tolérance » à son égard et qui impose de ce fait mise au jour de lois intelligentes et mise en œuvre d’actions judicieuses pour permettre ces rencontres vitales entre l’un et l’autre .

Mais il a aussi pour fin le « juste » et il doit savoir que celui-ci fonde les limites. Il ne lui faut donc ne pas ignorer celles-ci ou les forcer. Il doit toujours faire en sorte de les mettre au jour pour les uns et pour les autres sans les heurter. En d’autres termes, il doit se rappeler les histoires de chacun. Mais il lui importe de ne pas pour autant être victime de celles-ci. Car le « réel » dans la justice constitue sa priorité et le passé ne le révèle - au mieux - que pour un tiers. Puisque ce réel a aussi sa « vie » dans un « être au présent » et un « sera » futur qui comptent tout autant pour le déterminer - si ce n’est plus - que ce qui « a été ».

En conséquence en ce domaine comme en tous les autres, le droit idéel - à la différence du droit positif, lorsqu’il est pervers - ne doit pas brimer les individus dans leur singularité, ni chercher à les tromper. Il entend les révéler à eux-mêmes et travailler à cette seule fin.

L’idéel n’est-il qu’un idéal inaccessible ou est-il destiné à n’être réalisé que dans une cité distincte du monde dans lequel nous vivons ? Il convient ici de laisser chacun répondre en fonction de l’expérience qui est la sienne et/ou de ses convictions profondes qu’il convient de respecter. Mais pour permettre la réalisation de l’un ,sans trop ignorer l’autre pour autant, l’idée d’un droit transitoire peut être envisagée.

Vers la page suivante: Le droit transitoire - Conclusion

Notes :
(9)H. Bergson «  les deux sources de la morale et de la religion 8ème ed 2000 PUF. « 
Individuelle et sociale tout à la fois, l’âme tourne ici comme dans un cercle. Elle est close. L’autre attitude est celle de l’âme ouverte. Que laisse-t-elle entrer ? Si l’on disait qu’elle embrasse l’humanité entière on n’irait pas trop loin, on n’irait même pas assez loin puisque son amour s’étendra aux animaux, aux plantes, à toute la nature » p 34. Voir également K. Popper « La société ouverte et ses ennemis. L’ascendant de Platon » Tome 1 Trad. J Bernard. P. Monod. 1979. La remarque sur la philosophie de Bergson est contenue dans la note 1 de l’introduction. Il explique en quoi sa conception de la société ouverte diffère de celle de Bergson qui l’a cependant inspiré sur le sujet.
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