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L'appétit, le refus du projet, la lâcheté nous conduiraient à ne pas être soi-même.
Mais cela implique que le soit puisse être choisi: je serai cela! S'agit-il bien du soi?
Fondamentalement le soi est la présence à soi, ce qui s'apparaît à soi-même,
l'épreuve de soi, ce qui ne peut échapper
à soi. Alors il serait impossible de ne pas être soi-même, le moi
serait cloué à lui-même (Kierkegaard).
Ce que j'appelle soi ne serait-il que le personnage, la personnalité ou la personne qui
sont des "vêtements" auxquels on peut échapper, fruit du regard des
autres ou d'une conception? "Amer savoir qu'on tire des voyages"
Baudelaire: on ne quitte jamais le soi et, en ce sens, on ne peut pas être soi-même: on
s'accompagne partout.
La liberté ne porterait donc que sur des actions conformes ou non conformes (dignes ou
indignes) à nos projets (= autonomie, obéissance à la loi qu'on s'est prescrite) mais
l'épreuve de soi ne peut pas ne pas être, ce serait la perte de la conscience!
Une conception politique du moi permettrait peut-être d'échapper à l'aporie,
l'embarras: le soi comme ce qui a surmonté les autres instincts: résultat d'une
victoire.
Alors on pourrait changer d'instinct et ne plus être le soi qu'on était; Le
soi ne serait alors qu'un nom, une "notation commode" (Alain),
désignant une pluralité d'instincts en lutte et le vainqueur provisoire. Pense aux
sophistes (hommes de la politique et du pouvoir) qui ne sont jamais ce qu'ils sont
toujours en mouvement au contraire de Socrate l'homme de l'essence de la définition.
Pourtant on peut se demander si cette destruction du soi peut aller jusque dans les
fondements qui sont les conditions de possibilité de toute conscience: la présence à
soi, sans distance et sans multiplicité.
=
> Deviens
ce que tu es. Peut on devenir soi même ?
=
> Qu'est-ce
qu'être soi-même pour une existence dont l'essence est de ne pas être ce
qu'il est et d'être ce qu'il n'est pas?