° Rubrique Aide aux dissertations de philosophie par J. Llapasset

Est-il normal de philosopher ? (BAC)

  

Site Philagora, tous droits réservés

_______________________________________________________

=> La difficulté d'un sujet c'est d'abord ce qui saute aux yeux: on est dans l'embarras, car le sujet est tel qu'il est impossible de répondre oui (parce qu'il y a des raisons de dire non) et de dire non (parce qu'il y a des raisons de dire oui).
Puis, la véritable difficulté c'est de trouver le problème c'est à dire la question de la question telle que, si on trouve une solution, il est possible de répondre à la question posée.

=> Essayons de découvrir ensemble ce qui fait la première difficulté de votre sujet et quel est le problème soulevé.
D'abord, partons d'un exemple de tous les jours: votre père arrive arrive chez un concessionnaire automobile pour prendre livraison d'une voiture. Le voilà qui tourne autour, qui regarde tout, qui compare ce qu'il voit avec ce qui est écrit dans le catalogue qui présente la voiture. Pour le rassurer, le vendeur va lui dire: la voiture est normale, elle correspond à son type idéal (en idée) que je vous présentais  lors de la commande. Rien n'y manque, rassurez-vous. 
Voilà qui vous fait apparaître le premier sens du mot normal: conforme à un type.
Par contre, le terme peut avoir un sens péjoratif de: c'est propre à une conduite enracinée dans l'opinion; c'est ce que fait la foule quand elle se laisse aller à la panique. 
Vous voyez que vous ne pouviez pas répondre simplement oui ou non au sujet puisque si vous entendez normal par la conformité par un type idéal, vous répondez oui, il est normal de philosopher pour un être raisonnable sensiblement affecté qui peut se tourner librement vers l'intelligible par une conversion qui le détourne de l'opinion.
Mais si vous entendez normal par: c'est une conduite banale, adoptée par tous et en particulier par ceux qui ne pensent pas, vous voyez qu'il faut répondre non au sujet au point de dire que philosopher c'est un acte  exceptionnel.

=> Essayons maintenant une référence philosophique pour trouver le problème.
Je dois de l'avoir clairement comprise à un entretien avec Monique Dixsaut, en 1987. Cette personne avait dans sa grande thèse dit ce que personne n'a jamais voulu dire, mais qui , après l'avoir lu son ouvrage, saute aux yeux: il y aurait selon Platon un naturel philosophe qui ne serait pas donné à tous mais à certaines âmes. Il suffirait de regarder jouer les enfants pour voir les âmes vulgaires et les âmes ailées apparaître. (laissons à Platon la responsabilité de ce qu'il affirme avec force, en particulier dans La République)
Il paraît alors évident qu'il n'est pas normal de philosopher , que cela revient à ceux qui ont le naturel philosophe. Vous voyez que le problème, la question de la question, c'est: Y a-t-il un naturel philosophe donné à quelques-uns? Comment est-il possible qu'un tel naturel philosophe ne soit pas donné à tous dans la mesure où chacun existe librement et peut en choisissant se choisir?

Un tableau de définition des termes de votre sujet
 

Philosopher

C'est un acte que l'on accomplit: acte de penser par soi-même avec les autres, avec tous ceux qui veulent penser. Une personne cherche la raison profonde des choses au sens large et, pour ce faire, recherche la vérité et le sens: devant le moi, de monde, autrui, l'idée de Dieu, c'est se comporter comme si rien n'allait de soi: pourquoi y a-t-il quelque plutôt que rien, par exemple. Cet acte est l'effectuation d'une expérience spirituelle que le discours s'efforce d'universaliser, de faire partager par tous.
Philosopher c'est donc rechercher, tracer son propre cheminement en lisant ceux qui ont tracé leur propre cheminement, les grands maîtres de sagesse, comme dit Sénèque.

Normal

Voir dans la présentation les deux sens.

Quelques pistes ... Mesurer maintenant le choc des deux termes philosopher et normal

=> Si normal désigne une conduite commune à tous, une conduite de l'opinion, comment l'opinion pourrait-elle philosopher elle qui sait ou plutôt qui croit savoir , qui transforme ses besoins en connaissances.
Les deux termes ne se choquent pas si on désigne l'ajustement d'une conduite à un type idéal, grâce à un acte originel et personnel.

Le comportement dans La caverne de Platon est  d'une certaine manière normale pour ceux qui ne pensent pas et l'acte de philosopher leur semble anormal: en fait, par le regard ils suivent les ombres projetées et les confondent avec la réalité. Évidemment celui qui voit la réalité n'a pas besoin de chercher: il ignore son ignorance et la propédeutique à l'acte de philosopher, serait de leur faire découvrir leur manque: de cette découvert jaillirait un désir, un manque éprouvé, de vérité et de justice. 
En attendant, celui qui dans la caverne retourne et philosophe risque bien  d'être pris pour un fou, pour un anormal, pour quelqu'un qui ne correspond pas au type commun de ceux qui suivent l'opinion.

Conclusion: Bilan=> Conséquences Théorique? Pratique?=> Enjeu => Élargissement vers un problème

Ne pourrait-on pas dire que l'acte de philosopher est normal ( ce qu'on peut attendre de...) chez un être raisonnable sensiblement affecté qui peut toujours exercer sa liberté de penser: c'est normal, bien ajusté au type idéal: un être raisonnable sensiblement affecté. un tel être  appartient en effet à deux mondes et il peut donc choisir de faire prédominer l'un de ces deux mondes.

Suivre l'opinion correspond à l'attitude d'un mouton, qui ne s'intéresse qu'au simplement utile et qui laisse prédominer en lui la générosité restreinte; 
penser par soi même avec les autres correspond à l'attitude d'un être libre soucieux de vérité et de justice, qui s'interroge sur ce qui est vraiment utile, sur ce qui importe à sa béatitude et à sa liberté et qui répond en fonction d'une expérience spirituelle: comprendre et connaître donne des joies qui valent bien plus que des plaisirs. La joie est le signe que la vie a réussi, une vie pleinement humaine d'un être raisonnable sensiblement affecté, qui a suivi le meilleur de lui-même.

° Rubrique Aide aux dissertations de philosophie

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express