° Rubrique Aide aux dissertations de philosophie par J. Llapasset

  Parler est-ce le contraire d'agir?  

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Vous devez vous prononcer sur une relation entre 2 verbes à l'infinitif: l'infinitif est le nom du verbe: ils seraient opposés et ne pourraient donc apparaître en même temps: la présence de l'un impliquerait l'absence de l'autre: si je parle, je n'agis pas...

Voir dans philagora la distinction: Contraire et contradictoire 

Parler

utilisation personnelle d'une langue. "Le nombre de modèles sous-tendant notre utilisation normale du langage... atteint également un ordre de grandeur supérieur au nombre de secondes dans une vie humaine. c'est en ce sens que l'utilisation du langage est novatrice." Chomsky, Le Langage et la pensée 1968, Payot, page 26.

est-ce

copule

le contraire

ce qui s'oppose à

agir

opération propre à un être animé (agent): avoir une activité qui transforme une réalité donnée dans laquelle le sujet ne reconnaissait pas l'objet de son désir.

Quelques problèmes...

Comment comprendre que l'action soit l'opposée d'une parole alors que l'âme ne se détermine elle-même comme agent que par un discours qu'elle se pro-pose, qu'elle s'adresse à elle-même?

Si l'existence comme désir est projet, comment pourrait apparaître un objet, un projet qui ne serait pas dit dans le silence plein de paroles de la vie intérieure d'un sujet?

 Recherche d'un plan...
On peut toujours commencer par examiner les raisons d'opposer X (parler) et Y (agir):

*Si la parole est réglée par la langue ne nous détourne-t-elle pas de la réalité décevante qu'il faut affronter dans l'action? La langue voilerait-elle la réalité par des découpages arbitraires au point de nous aveugler sur ce qui doit être connu pour être transformé: en ce sens parler serait effectivement subir (conceptuellement et sensiblement), l'opposé d'agir.
"Chaque langue contient, pré-fabrique, impose à ses locuteurs une certaine manière de regarder le monde, d'analyser l'expérience que nous avons du monde." G. Mounier, Les problèmes théoriques de la traduction, Gallimard, page 272

*Si l'action, pour transformer la réalité, exige l'attention, l'application du sujet à la réalisation de l'objet désiré, la parole (intérieure ou extérieure) n'est-elle pas une manière de se retenir d'agir ou peut-être de fuir dans la distraction?

*En quoi détournerait-elle de l'action présente et comment?

*En quoi pourrait-elle donner l'alarme aux autres, les avertir et provoquer des oppositions à l'action entreprise? Le silence comme refus de faire circuler l'information n'empêche-t-il pas l'action des autres, l'exercice de la démocratie comme pouvoir d'agir partagé? (cf. Le totalitarisme)
"Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire: ceci est à moi..." Rousseau 2ème Discours, début de la seconde partie. (notez que l'action d'enclore précède la parole, dire).

=> transition vers la deuxième partie.

Mais le silence est-il une absence totale de parole? Pourquoi ne pas distinguer la parole portée par une émission sonore pour un récepteur et la parole intérieure de celui qui pense: si le mot donne à la pensée son existence alors la parole est pensée: "Sitôt que l'imagination s'arrête l'esprit ne marche plus qu'à l'aide du discours." Rousseau.
Quel rapport y a-t-il donc entre parole et action?

2. La 2ème partie va donc s'efforcer de rapprocher X (la parole) et Y (l'action).

  La parole condamnerait-elle l'existence à l'infini de l'action?

*Qu'est-ce qui distingue le réflexe de l'action? En quel sens peut-on dire que penser c'est se retenir d'agir? Jusqu'à quel point?

*En quoi l'existence refuse-t-elle ce qui est donné?

*A quoi se consacre celui qui prépare une action? Que suppose la représentation de la situation et du problème qui se pose (s'oppose) à un sujet? Qu'est-ce qui rend possible cette pensée réflexive avant l'action? Qu'apporte la parole à toute pensée qui prépare une action? Peut-on alors affirmer que loin d'être le contraire de l'action, la parole est ce qui rend possible l'action?

Autrement dit la parole:

-poserait la fin et en ce sens l'homme parlerait toujours de ce qui n'est pas, n'est plus, n'est pas encore?
-porterait la pensée comme la chair incarne l'esprit et permettrait la préparation de l'action par le calcul, le choix ou l'invention des moyens?
-permettrait seule de se représenter mentalement la situation, le problème et de simuler l'accomplissement de l'action. (distinguer réflexe et ré-action)
-prononcée, permettrait de convaincre, de persuader, de tromper, d'obtenir l'aide ou l'accord d'autrui condition du succès de l'action qui se veut constructive, qui veut durer
-utiliserait le concept comme instrument parfaitement ajusté à l'action: si l'abstraction éloigne de la vérité elle sert pourtant l'action en identifiant par un côté pratique ce qui est divers.

*Le langage ne serait-il qu'un instrument pour exprimer l'insatisfaction du désir et pour prononcer une tentative pour le satisfaire? En faisant apparaître l'infini du désir ne condamnerait-il pas à l'infini d'une reprise et par là à l'infini de l'action?

En ce sens parole et action seraient deux complices.

  3. Chercher un point commun à la parole et à l'action.

*En quel sens peut-on dire que toute parole est d'abord action?
*En quel sens peut-on dire que toute action est d'abord parole?
*L'idée de création peut-elle nous aider à répondre?
L'opposition parole et action ne reposait-elle pas sur une double confusion: la confusion de la parole et de la langue, la confusion de l'action et de la passion?

Méditer ce texte de Francis Ponge

Dire signifiant faire.
Et donc signifiant être.
Notre façon d'être est de pratiquer
la langue française.
"Ne jamais essayer d'arranger les choses. Les choses et les poèmes sont inconciliables." La rage de l'expression page 10 Voir dans Philagora: Le langage

Descartes: Lettre au Marquis de Newcastel, 23 Novembre 1646
Roland Barthès: Le Degré zéro de l'écriture
Yvon Belaval: Les Philosophes et leur langage, Gallimard, page 163
Ducrot: Dire et ne pas dire (Savoir  Hermann)
Éric Weil: Logique de la philosophie, Vrin premières pages

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