Sujet classique mais difficile pour des terminales car au carrefour de la linguistique (A)
et de la philosophie (B) comme acte de réflexion à effectuer par
soi-même.
La maïeutique n'interviendra que dans le (B)
= Commencer par voir les définitions dans la page "Le langage": puis les tableaux sur
Cratyle de
Platon et le "débat" Saussure/benvéniste A.
On se demande: en quoi le rapport signifiant/signifié (lien
naturel ou arbitraire) peut-il intéresser la question "Peut-on tout dire"?
C'est que dans le concept de possibilité semble impliqué la liberté sans laquelle on ne
pourrait pas tout dire. Or, si le lien est naturel:
-
Le langage, l'utilisation
d'une langue, ne sera pas libre (=on ne pourra pas tout dire)
- On reproduira un monde déjà ordonné par des catégories, par exemple déjà
structuré
nécessairement selon la causalité (antérieurement au "dire")
-comme si la rationalité était le réel.
En conséquence on ne pourrait dire que ce réel, on ne pourrait pas dire
l'absence, tout dire.
=
Si, au contraire une
langue n'est pas une nomenclature (=simple liste des mots d'un dictionnaire) mais ce qui,
dans une totalité indifférencié, le monde, fait apparaître, découpe des zones de
signification alors- importées par la langue- alors,
- On peut tout dire
puisque tout est précisément cette conception du monde impliquée par
une langue dans la mesure où- grâce à son indépendance par rapport à la
réalité, puisque le lien est arbitraire- ce qui est dit, l'utilisation
personnelle d'une langue, utilise non pas un décalque nécessaire de la réalité mais un
découpage contingent et indépendant du référent (=ce à quoi renvoie un signe
linguistique à bien distinguer du signifié, du sens).
Voici un exemple: Le signe linguistique "fille" a un seul référent, mais
plusieurs sens selon le contexte, pour le sociologue qui parle des garçons et des filles,
pour le père qui parle de sa fille etc.
Que
tout ce qui m'apparaît, m'apparaisse d'abord grâce à une analyse du phénomène
effectuée par une langue, signifie qu'une langue peut tout dire, dans une parole comme
utilisation personnelle de cette langue. Alors changer de langue sera changer de monde
(voir, en Catalan, le grand nombre de termes de cuisine qui font apparaître un monde
d'une grande richesse).
L'indépendance d'une langue par rapport à la réalité qu'elle découpe permet de tout
dire.
Le langage humain est "capacité de tout dire" Chomsky "Structures
syntaxiques" Seuil p.13
"Dans le langage humain le symbole en général ne configure pas les données
de l'expérience, en ce sens qu'il n'y a pas de rapport nécessaire entre la référence
objective et la forme linguistique" Benveniste "Problèmes de linguistique
générale" chap.5
B. La route de la
philosophie, par la maïeutique peut reprendre grâce à la distinction du théorique et
du pratique: si en théorie on peut tout dire (A), en pratique quelles
sont les limites qui empêchent que la puissance passe à l'acte, que la virtualité se
réalise?
-Pour dire, on peut utiliser
une phrase de longueur indéfinie, puisqu'il est toujours possible d'ajouter une
proposition. La mémoire ne limite-t-elle pas cette possibilité?
Pour dire, il faut un discours
intérieur: peut-on dire ce qu'on n'est pas arrivé à se
formuler parce que cela relèverait d'un donné, du spontané. Le sentiment (par ex:la
pitié) est-il naturel ou est-il culturel? Le coup de foudre: ce signe linguistique
existe-t-il dans toutes les langues? Si, non, conséquence pour le sujet.
Enfin quelques pistes de réflexion à
suivre par toi-même...
-- Rôle du sur-moi...
-- Rôle de l'idéologie
-- Rôle de la langue
= Si on peut virtuellement tout
dire cela ne signifie pas que la liberté de la parole s'exerce sans surmonter les limites
d'une langue par la comparaison avec d'autres langues et les limites
"socio-politico-économique" par une prise de conscience libératrice. Tout dire
est donc une conquête rendue possible par la une langue et l'éclairage de la philosophie
comme acte de penser par soi-même.
On peut tout dire, encore faut-il être écouté...
Attention, l'aide n'est jamais
un corrigé mais quelques pistes de réflexion: il y en a d'autres, il ne faut
donc pas se laisser emprisonner par cette démarche: ose penser par toi-même.
Conseils de lectures:
Descartes: Lettre au marquis de Newcastle Pléïade p.1256
Nietzsche: Humain trop humain p29
Bergson: Le rire p.156
Saussure: Panorama des Sciences humaines Gallimard p.498
Merleau-Ponty: Signes p.53,54
Hagége: L'homme de parole p.132
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