° Rubrique Aide aux dissertations de philosophie par J. Llapasset

Notre désir de vérité peut-il être satisfait? 

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Tableau de définitions

Notre.

Notre: indique que pour le rédacteur du sujet la question ne se pose pas de savoir si le désir de vérité est partagé, ce qui relève d'un solide optimisme dans la mesure où c'est souvent l'utilité, le succès qui est désiré. Cependant il serait très maladroit de discuter ce point, de refuser le libellé du sujet.

désir:

c'est l'existence comme acte de la conscience qui ouvre le temps du futur et du passé, de ce qui n'est pas encore comme rêve qu'aucune réalité ne contredit, ou de ce qui n'est plus: le désir est donc un manque éprouvé qui ne s'en tient pas (ne se contente pas) au donné mais "s'éclate" vers autre chose que le soi, espoir d'une satisfaction, promesse que l'imagination illimite: fin déjà visée et pour ainsi goûtée à travers la présence d'une satisfaction éprouvée dans l'espoir.

vérité

attention au contresens: la vérité n'est pas la réalité mais cela concerne le rapport, l'adéquation, entre la pensée et la réalité: correspondance entre un discours et son objet.

peut-il

les conditions (ce qui permet l'apparition dans la réalité) sont-elles ou seront-elles réunies dans l'existence d'un discours adéquat?

être:

ce qui est ou ce qui sera définitivement arraché au devenir, à la succession indéfinie des théories et des expérimentations.

satisfait

satis = assez: à quoi il ne manquerait rien: ce qui ferait que le désir de vérité disparaîtrait, c'est la formulation de la vérité qui entraînerait l'arrêt de toute enquête: le désir comblé, l'insatisfaction devant le donné disparaîtrait et avec elle l'existence...

Pour cerner le problème: la question de la question!

1) Peut-on transformer l'Idée de Vérité, absolu ou principe régulateur, perfection d'un discours à quoi il ne manquerait rien,  en cette relation entre deux concepts qui est la marque de nos jugements? N'est-ce pas la réduire? La vérité est-elle un concept ou une idée?
2) Comment envisager qu'un discours puisse être vérifié (à la lettre "fait vrai") alors que nous ne pouvons connaître que des phénomènes, ce qui nous apparaît, et que nous n'atteignons le noumène que par un concept négatif puisque nous n'avons pas d'intuition intellectuelle?
Autant dire que le problème tient à ce que la satisfaction du désir de vérité aurait pour condition la disparition du désir et la disparition de l'existence qui est désir.

Enjeu: c'est la grandeur et la misère de l'homme comme finitude: la science est-elle et sera-t-elle oui ou non hypothèse et vérification à l'infini?

Comme point de départ, nous pourrions nous demander si le réel est "saisi" tel qu'il est ou si comme l'affirme Hegel "le concret n'est tel que par l'abstrait". Conséquence

Notre connaissance expérimentale est-elle un assemblage composé de ce que nous recevons par des impressions sensibles et de ce que "notre faculté de connaître tire d'elle-même", (Kant, Critique de la raison pure)? C'est donc le statut de l'objet auquel on s'efforce d'accorder un discours qu'il faut déterminer avec précision si nous voulons avancer: peut-on identifier l'objet et ce qui est, le réel?

Quelle est la part de l'expérience et de la raison dans la connaissance?

  • Si l'expérience est la seule source de nos connaissances, on voit mal pourquoi l'évidence ne donnerait pas des renseignements sur l'objet tel qu'il est: en se mettant en présence de l'objet, on le distinguerait des autres et en poussant l'analyse jusqu'à son terme (rapport entre le tout et les parties) on obtiendrait un discours adéquat à l'objet: l'expérience suffirait à nous donner sa réalité.

  • Au contraire, si le fondement de toute connaissance est dans la spontanéité d'un sujet, dans ce que le sujet apporte pour unifier les données sensibles, l'objet sera le fruit d'une construction et selon les termes de Kant "le sujet ne retrouve dans l'objet que ce qu'il y a mis".

  • Cela signifierait qu'aucun phénomène n'est donné dans l'évidence et la simplicité mais à travers une activité constructive qui lui donne un sens en le faisant apparaître. On ne verrait donc qu'un objet construit et il serait, à jamais, impossible d'accorder un discours avec une réalité que nous n'atteignons directement par intuition intellectuelle.

Si un concept sans matière est vide et une intuition sans concept est aveugle (Kant -Critique de la Raison pure) la connaissance est le résultat d'une rencontre entre une spontanéité et une expérience: toute connaissance ne peut donc être que sensible et donc limitée, relative. Cela ne semble-t-il pas limiter le domaine de la connaissance à l'expérience et interdire de considérer comme des connaissances les idées? Alors le désir de vérité ne pourrait jamais être satisfait dans l'existence.

Au niveau de la méthode expérimentale le processus ne vérifie jamais la théorie mais la confirme provisoirement: la marche vers la vérité que nous avons l'impression d'accomplir s'appuie donc sur une illusion, chaque fois que nous croyons pouvoir nous arrêter, s'il est vrai que nous subissons une réceptivité et nous l'organisons selon nos catégories pour la comprendre.

Pour une introduction: distinguer l'opinion de la science creuse toujours le désir d'une enquête: par exemple: l'opinion ne met pas en doute l'existence d'une vérité puisqu'elle affirme toujours ce qu'elle affirme: la vérité serait selon elle dans le discours de celui qui sait: il suffit d'interroger le savant, l'enseignant ou le "spécialiste" pour obtenir un discours adéquat à son objet. Mais si l'opinion disait vrai on comprendrait mal les controverses qui ne manquent pas de jaillir entre ceux qui sont déclarés savants: bien plus les déclarations de ces savants qui affirment avoir plus de problèmes que de réponses ou disent comme Jean Rostand : "se lever chaque matin pour assurer leurs ignorances", semblent contredire les affirmations de l'opinion...

A partir de là reprendre plus haut le problème, l'enjeu et annoncer le plan.

Pour une conclusion... Notre désir de vérité est peut-être le moteur d'une enquête qui nous oriente vers un au-delà de la condition humaine: ce n'est pas un espoir mais une espérance.

Jean Rostand (Ce que je crois, page 13) "On ne peut jamais que croire... toute la différence est entre les téméraires qui croient qu'ils savent et les sages qui savent qu'ils croient".

- la formation des concepts scientifiques 
- le jugement


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