Point de départ: vous êtes dans
l'embarras devant la formulation du sujet.
L'embarras, c'est toujours précieux pour une dissertation. Analysez cet
embarras. Vous n'avez pas des poteaux indicateurs (deux concepts
par exemple à comparer et un point d'interrogation qui vous permettrait de
dérouler un plan en trois parties, de penser ,de peser le pour et le contre et
de prendre une décision dans la troisième partie).
Cet embarras est précieux car ce sujet a pour but de vous montrer une fois pour
toute qu'il n'y a pas de méthode de dissertation, que la méthode est
une illusion rétrospective: une fois qu'une dissertation a été faite on peut
en dégager le chemin avec lequel on a effectué le parcours, c'est le sens du
mot méthode en grec (chemin avec lequel).
S'il n'y a pas de méthode pour une
dissertation c'est que chaque plan pour une dissertation doit être ajusté
comme un habit sur mesure au sujet donné.
Vous avez cependant toute liberté pour choisir un ordre en fonction d'une fin
que vous vous fixez: il faut qu'à la fin de vote dissertation vous ayez pensé,
c'est à dire interrogé et répondu par vous même. Interroger c'est
problématiser, questionner le sujet, son fondement, la question fondamentale à
laquelle il renvoie, par exemple si consolation désigne l'acte de consoler, cet
acte est-il autre chose qu'un tentative vaine? C'est une manière de décider si
la consolation est un concept ou une idée.
Pour la recherche du plan.
La notion qui vous est proposée vous
invite à répondre à des questions:
-
Consoler qui?
-
Consoler comment, par quel moyen?
-
Et peut être une question plus
fondamentale encore, pourquoi vouloir consoler? Pourquoi vouloir accomplir
un acte qui est peut être impossible?
Pour le plan, demandez-vous ce que la
notion désigne, ce qu'elle fait apparaître: fait-elle apparaître une
réalité de l'existence, une expérience sensible effective qui pourrait être
saisie par un concept ou alors fait-elle apparaître une idée, ce à quoi rien
de sensible ne correspond, un principe régulateur qui permet de juger,
d'évaluer ce qui est plus ou moins à distance d'elle.
Voici donc un ordre de composition
possible (il y en a bien d'autres)
Première partie:
la consolation est-elle un concept, à quelle condition la consolation est-elle
possible? Qu'est-ce qui est donné: analyser la mère qui console son enfant.
Exploiter la réponse à: consoler qui? Pourquoi une âme affligée ne peut-elle
être consolée à partir d'un autre qu'elle même? (Andromaque, la veuve
inconsolable d'Hector). Peut-on consoler quelqu'un affligé d'un deuil? N'est-ce
pas lui qui devra "faire le deuil"? (Voir aussi dans le traité des
passions, Descartes, le veuf "joyeux", "Je me reste", pour
ainsi dire...)
Si l'acte de consoler est impossible, si ce qui est donné c'est la confusion
(la mère change les idées de l'enfant mais l'échec reste l'échec) ou
l'impuissance à consoler un ami dont la femme vient de partir avec un autre,
alors la connaissance est impossible: il faut penser la consolation comme une
idée.
Deuxième partie,
la consolation est-elle une idée?
Principe régulateur, instrument de mesure d'une distance entre ce qui est et ce
que l'on veut.
Mais pourquoi vouloir la consolation?
Troisième
partie: la
consolation révélatrice de l'humanité de la pitié, de la fraternité, de la
solidarité?
Révélatrice aussi de l'âme, cette forme, ce sentiment qui s'éprouve soi
même dans une nuit, à l'abri de tout acte de transcendance: la vie comme
origine de l'action. La consolation révélatrice de la vie en chacun, grandeur
et solitude de l'âme.
Pour l'introduction:
qu'il s'agisse d'une colle ou d'une dissertation, vous devez accrocher
l'auditoire. L'amener à se poser une question qu'il ne s'était jamais posée:
Par exemple: savez-vous bien ce que signifie réellement "le lot de
consolation" que l'on donne à la suite d'un échange? A quoi sert-il:
est-ce un don, mais à quoi bon ce don si l'échange a été juste? Alors le lot
de consolation n'indiquerait-il pas que l'échange a été tellement injuste
qu'il s'agit de consoler celui qui a été trompé. Mais la consolation ne
s'effectue t-elle pas par une confusion , un peu comme on console un enfant en
lui changeant les idées parce que précisément on est incapable de le consoler
sur le point qui l'afflige. Ainsi on l'envoie en vacances au bord de la mer...,
avec son affliction ou son infirmité.
Certains diront que dans l'église catholique la vierge est la consolatrice des
affligés, mais, et c'est toute la difficulté, à condition qu'on aille vers
elle comme un enfant. Ainsi, la foi, l'espérance et la charité consolent si on
abandonne ... quoi?
Pour
la conclusion: votre bilan, en boulet de canon, ramasse
la problématique et la solution que vous proposez.
Vous pouvez élargir vers un autre problème, par exemple; l'homme a d'abord
été un enfant; à quelle condition peut-on dire qu'il n'est plus un enfant?
Piste
de recherche:
Plotin, ce qui concerne l'âme qui est une forme, qui est donc toujours
grande et forte , en elle même, et que rien d'extérieur ne saurait changer ...
Michel Henry: le soi est ce qui ne peut échapper à soi, la vie comme
épreuve de soi.
Permettez moi d'ajouter un témoignage
de Aimé Forest qui m'a confié juste avant de partir à la retraite: il
avait perdu ses deux fils dans le drame d'Oradour sur Glane. On lui avait
envoyé un père Carmes. Pourquoi la religion consolerait-elle?
Une bonne question à vous poser: le désir n'est-il pas inconsolable ?
=
Remarque, ne prenez surtout pas cela
pour un corrigé: je vous indique simplement un ordre possible devant une notion:
concept, idée, .... ?
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