° Rubrique Aide aux dissertations de philosophie par J. Llapasset

Communiquer est-ce nécessairement dialoguer ?

BAC BLANC : (Page 1 et suite Page 2)



Une aide très détaillée, pour ceux qui veulent comprendre

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Qu'est- ce que communiquer ? 

 

Source Émetteur

"Bruit"

   
Récepteur 
Destination 
du message Codage

Canal de 
Transmission

==>Feed-back<==

Décodage du message

"Communication: processus par lequel l’information est transmise d’un émetteur à un récepteur... Le bruit désigne toute perturbation aléatoire pouvant intervenir dans la transmission du message et l’altérer; le feed-back est l’action récurrente qu’exerce le récepteur sur l’émetteur au cours de la transmission du message et qui tend à sa régulation pour une meilleure réception." L-M Morfaux, Vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines.

  Ne nous précipitons pas!

Une réponse immédiate vous apparaît: notez-la, elle est précieuse, c'est probablement une opinion qui comporte une part de vérité, mais aussi une grande part d'erreur: 
exemple de réponse spontanée: NON, communiquer ce n'est pas nécessairement dialoguer, car, d'évidence, il y a une possibilité de communiquer par des techniques qui permettent de s'adresser à une masse, ce qui rend le dialogue impossible.

Mais, vous connaissez la loi de composition d'une dissertation: penser c'est à dire instaurer un dialogue, penser "en commun avec d'autres" (Kant, Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée?): pour cela, dégager le problème, la question fondamentale  qui permet de comprendre pourquoi on a posé une question dont la réponse "semble" évidente: chercher la solution du problème qui permet de construire la troisième partie du devoir dans laquelle, comme un juge qui a pesé le pour et le contre des thèses adverses, il est possible de réconcilier les deux "opposants" (première partie et deuxième partie), de les mettre d'accord en les dépassant et conservant ce qui dans leur thèse est incontestable. En fait, il s'agit d'instaure un dialogue avec soi-même devant les autres, en particulier devant le correcteur!

Cela exige que l'on prenne son temps pour comprendre le sujet en scrutant tous ses éléments qui sont comme autant de panneaux indicateurs vers le problème. Comprendre qu'un effort de définition s'impose car c'est la source des idées qui vous permettront de donner un contenu au devoir.

 Il n'y a donc pas lieu de choisir entre le plan dialectique (trois parties d'un dialogue avec soi-même) et le plan analytique (détermination des concepts) puisque la forme et le contenu du devoir doivent suivre le mouvement naturel de la pensée (plan dialectique en trois parties) tout en analysant progressivement les concepts. Essayons de le réaliser pour vous aider à mieux comprendre. (Prendre ensemble dans un effort de conceptualisation). 

er/er

Deux verbes d'action: communiquer/dialoguer sont proposés: en chacune des actions un individu ou un sujet s'engage comme auteur de l'action: émetteur ou récepteur dans communiquer, tantôt émetteur, tantôt récepteur dans dialoguer.  (nous y reviendrons un peu plus bas)

est-ce

Être désigne ici l'essence, une caractéristique essentielle telle que, si vous répondez OUI au sujet, sa disparition entraîne la disparition de l'action = ce ne serait plus communiquer que de ne pas dialoguer..

communiquer/
dialoguer

Voici X et Y: les deux concepts dont la comparaison permet d'aborder la construction du plan en trois partie: rapprochement - distinction - précision de leur rapport grâce à la solution du problème qui a été dégagé dans l'introduction. On comprend que ce plan dialectique exige une analyse de plus en plus fine et précise qui permet à la comparaison d'aller jusqu'à son terme. 

communiquer

Selon l'étymologie c'est l'action de mettre en commun; mais cette mise en commun peut avoir plusieurs "sens": 
d'individu à individu, 
d'un individu à un groupe, 
d'un groupe à un individu ou même 
de groupes à groupes.
Cette mise en commun peut se réaliser selon divers moyens:
des signaux, comme la danse des abeilles,
l'utilisation personnelle de signes linguistiques propres à un code commun à un émetteur et un récepteur (langue - parole).
Le terme X (dialoguer) nous oblige, dans le développement, à restreindre communiquer au langage humain, même si on peut parler à quelqu'un comme à un chien, en donnant un ordre à un "esclave" sans qu'il y ait de réplique possible, même si ce n'est pas à un chien que nous parlons.
Communiquer c'est transmettre une information d'un émetteur à un récepteur. On peut poser que si l'information est effectivement transmise (= comprise par le récepteur) l'action de communiquer est accomplie. Dans toute action de communiquer il y a donc une intention de l'émetteur et une réalisation qui exige la compréhension du récepteur. Si l'émetteur n'a pas été compris, il n'a pas communiqué au sens plein du terme. 

==D'où le problème que pose toute action de communiquer: par quel indicateur l'émetteur peut-il savoir qu'il a communiqué, qu'il a été compris? Ou, comment peut-il s'assurer que le récepteur a été attentif, qu'il n'a pas imaginé à partir de deux ou trois termes (voir le texte de Nietzsche) en fonction de sa propre subjectivité ou de ses préjugés: qu'il n'a pas été trompé par la polysémie (fait qu'un terme a plusieurs sens): ou encore que les réactions propres à chacun n'ont pas transformé le contenu de son message, selon ce qu'on peut appeler l'univers subjectif d'autrui (son caractère...).

En effet, dans l'action de communiquer, le sujet n'est sûr que de son intention et de la formulation de son message: il a fait de son mieux. Mais communiquer exige ce qui ne dépend pas de lui: l'écoute et la compréhension. Il semble que nous soyons nécessairement orientés vers un dialogue dans lequel le récepteur deviendra émetteur et grâce auquel l'émetteur pourra s'assurer de la compréhension du récepteur, par exemple en écoutant le récepteur reformuler ce qu'il a entendu, ce qui permet le plus souvent à l'émetteur de juger de la pleine réalisation de l'action: communiquer: s'il n'a pas été compris l'émetteur explicitera tel ou tel élément du message. 
Faisons jaillir le problème: c'est à dire la difficulté, la question de la question posée, ce pourquoi le sujet est donné: si communiquer c'est avant tout émettre un message qui doit être transmis, cela semble impliquer nécessairement le dialogue. Mais communiquer à une masse semble exclure le dialogue. D'où la question, communiquer est-ce nécessairement dialoguer?

dialoguer

C'est d'abord un échange dans lequel le récepteur devient émetteur pendant que l'émetteur devient récepteur, ce qui permet d'assurer l'acte de communiquer. Le dialogue s'accomplit donc à deux, il exige la prise en considération, le respect de l'autre, de son univers subjectif, une attention aux paroles prononcées par chacun des interlocuteurs. Cette attention est soutenue par le désir de se faire comprendre et de comprendre ce qui renvoie à la pensée et qui permet aux paroles prononcées d'être adéquates à ce qui a été dit et cohérentes.

Le dialogue dans lequel deux consciences communiquent est source d'un enrichissement mutuel car dans cet exercice de la pensée, les idées s'élaborent en commun, selon l'heureuse formule d'Aimé Forest "L’intention du dialogue nous paraît être celle d’une genèse réciproque. C’est dans le dialogue que les idées se forment plus encore qu’elles ne se communiquent."

nécessairement

C'est cet adverbe qui fait le problème: en effet, si on vous avait demandé, communiquer est-ce parfois dialoguer?, la réponse, OUI, serait immédiate. 
Est nécessaire, ce qui ne peut pas ne pas être: ici, communiquer implique-t-il l'action de dialoguer? Pour poser l'un faut-il poser l'autre (dialoguer), sous peine de ne plus avoir l'un (communiquer).

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