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Pour Hegel
L'art
n'est pas le règne de l'apparence: le beau se définit comme la
manifestation sensible de l'Idée.
Hegel, Esthétique page 160 et 360, Flammarion (Le beau est la
manifestation externe de l'idée).
Qu'est-ce qui différencie le philosophe et l'artiste?
Une poésie qui se tournerait vers l'idéal intelligible
provoquerait-elle la méfiance? Pourquoi?
La tâche de l'art n'est-elle pas plutôt d'exprimer....
Est-ce le visible qui est imité ou la manifestation sensible
comme existence de l'idée?
En quel sens peut-on dire que l'artiste exprime la vérité du réel
représenté? (Bien distinguer l'existence et l'existence réfléchie)
Que cherche à saisir et à représenter l'artiste? La simple
apparence ou bien la conformité du réel avec l'idée, autrement
le réel dans sa vérité?
Mais
identifier le beau et le vrai n'est-ce pas réduire l'un à
l'autre et annoncer la disparition du beau au profit d'un règne
à venir, celui du concept que l'entendement suffit à comprendre?
La définition du concept, son inscription dans des limites
suffirait.
Pour
Schopenhauer:
Le
Monde comme volonté et comme représentation, en particulier
§49
Parce
que le concept se définit par des limites et que son contenu est
indéterminé, le concept ne saurait être l'objet de l'art.
Loin d'être le règne de l'apparence, l'art déchire le voile de
l'apparence pour représenter la vie et les choses telles qu'elles
sont dans leur réalité non comme concept abstrait mais comme idée
absolument concrète. Si la vie est idée c'est à la
manière d'un archétype indifférent aux individus qui en sont la
reproduction monotone.
Michel Henry, Généalogie de la psychanalyse, chapitre
V, la vie retrouvée: le monde comme volonté. (page 159).
Le voile de l'apparence se déchire dans le mouvement de l'expérience
esthétique.
Autant dire qu'en saisissant l'idée, l'artiste saisit l'essence
de la vie comme douleur, (ennui => désir => volonté:
souffrance) et la transfigure en un spectacle représenté, source
de consolation provisoire, qui offre la chose telle qu'elle est au
désintéressement d'un sujet qui, parce qu'il ne veut plus, s'est
haussé à l'impersonnel, au-delà du voile des intérêts.
Dans une sorte de retour à Platon et à Kant, Schopenhauer
retrouve du premier la nécessité de mourir aux reflets et aux
ombres, de se tourner vers le modèle: au second il emprunte la spécificité
du jugement esthétique de l'amateur qui affirme "C'est
beau", au delà des intérêts du savoir, de la morale et des
appétits.
L'expérience
esthétique est un affranchissement qui se confie "à la lumière
pure de la connaissance impersonnelle", ce qui revient à
s'affranchir des apparences.
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Pour
Nietzsche - La
Naissance de la tragédie
L'art est un voile subtil jeté sur une réalité qui
sans lui serait insupportable: la beauté serait le règne
et le rayonnement des apparences masquant la vérité
blessante d'une réalité mouvante: un devenir dans lequel
la vie s'abîme sans pouvoir s'accrocher ou se retenir; la
vérité préjudiciable à la vie est par excellence qu'il
n'y a pas d'être dans l'écoulement perpétuel d'un
devenir éternel: la vie serait comme un art de la nature
que prolongerait l'art humain. |
Ainsi
l'art est le terreau d'illusion qui permet à la vie de se développer
et de se guérir de la vérité avec laquelle on ne peut pas
vivre. |