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Pour la compréhension du sujet, vers le problème:
Spinoza arrête
la rédaction de l'Éthique pour rédiger le Traité théologico-politique
ce qui vous permet de mesurer l'importance de ce texte pour notre
auteur.
Le but de Spinoza est de prouver qu'il n'est pas un athée mais
qu'il se forme simplement une idée vraie de Dieu. Sa pensée ne
menace pas la religion mais les déformations de la religion.
L'idée centrale de l'œuvre est que puisque l'état de nature
est le lieu de tous les dangers pour l'homme, il faut en sortir et
remplacer le droit de la nature qui
ne relève ni du juste ni de l'injuste, il faut le remplacer par
la puissance de vivre suivant la droite raison. il s'agit donc de
cultiver la Raison de s'unir et de faire "que le droit que
chacun avait de Nature sur toute
chose appartînt à la collectivité et fût déterminé non plus
par la force et l'appétit de l'individu mais par la puissance et
la volonté de tous ensemble." Chapitre XVI
-
L'ordre
de la nature ignore donc le
juste et l'injuste qui sont d'institution humaine. L'ordre est
inscrit par la loi suprême de la nature
qui détermine chaque individu à agir selon ce qu'il est.
Comprendre qu'il a la puissance de se conserver ce qui
n'implique que l'impulsion de l'appétit: cet ordre du point
de vue de la saine raison paraît donc un désordre
aux yeux de ceux qui connaissent la vertu parce que, ils
vivent selon la droite raison.
En
attendant ce qui règne comme ordre naturel c'est le désir et la
puissance,
l'Appétit dans la mesure où les hommes ignorants vivent sous
l'empire de la
Nature.
Vous devriez trouver ce que vous cherchez au chapitre XVI, en
particulier dans
les passages sur les règles de la nature.
J'ajoute que la tendance de l'être à persévérer dans l'être
doit beaucoup
au principe d'inertie.
Dans l'éthique au livre III, Préface, vous trouverez des textes
établissant
que l'homme est dans l'ordre de la nature
dont il suit les lois universelles avec la même nécessité que
toutes les autres choses.
Pour le
rapport nature
et ordre, voir Rousseau
=> L'homme
introduit il le désordre dans la nature ?
Quelques
pistes à utiliser en fonction du libellé de votre sujet: bien définir
tous les termes.
==-L'homme. Certains vont jusqu'à affirmer que
la raison flotte sur un océan de déraison que l'homo sapiens,
raisonnable émerge d'un fond de démence à laquelle il est
essentiellement lié, ce que E. Morin (page 127, ibidem) exprime
dans une formule lapidaire: "L'homme est fou-sage".
Une objection: toute observation est construite par la culture de
l'observateur. L'histoire des science et de la philosophie montre
que chaque fois qu'il a été inventé un paradigme éclairant, on
a tenté de l'appliquer, de l'étendre à la totalité. Cela a été
le cas du principe d'inertie, en particulier avec Spinoza, La
tendance de l'être à persévérer dans l'être.
C'est peut-être l'extension de ce paradigme à l'homme qui pose
problème. Que l'individu resté au stade de l'opinion, des images
et des représentations de sa conscience spontanée soit
prisonnier de la caverne et transforme ses désirs en
connaissance, déchaîne sa violence c'est une évidence que les
grecs eux-mêmes avait très bien signalé en parlant d'Ubris.
Mais l'individu peut-il être considéré comme autre chose que
comme une possibilité de devenir s'il le souhaite un sujet en s'élevant
à la conscience réfléchie qui lui permet d'être l'auteur de
ses représentations et à la conscience morale qui lui permet d'être
acteur de ses actions dans une liberté partagée. Dire que
l'homme est sage-fou n'est-ce pas confondre l'individu et le
sujet?
Dans ces conditions, l'argument ne porte pas.
Vous pouvez, bien entendu, lire:
Alain Renaut, suivant son excellente formule que je cite de mémoire,
"Le sujet est l'horizon de l'individu".
Descartes, Le discours de la méthode ou le triomphe de l'ordre
rationnel puisque la morale elle-même devra un jour être absorbée
par la perfection de la science.
-Pour le rapport entre l'ordre et le désordre,
voir la formule d'Héraclite: "Vivre de mort,
mourir de vie." Cité par E. Morin ' La méthode
I., La nature de la nature,
pages 297 et 298.
DERNIER
POINT DE REFLEXION: On utilise Gaston Bachelard pour relativiser
la raison classique et on en tire argument pour montrer que la
raison procède elle aussi du désordre.
Quand Bachelard affirme que le rationalisme est touché par la
relativité, il en souligne la valeur: en effet, que serait une
raison figée sinon une raison morte. Que la raison soit instruite
par l'expérience cela ne signifie pas qu'elle perd son caractère
de révéler un ordre mais simplement qu'elle possède ce caractère
à la perfection puisqu'elle ne se fige jamais dans une certitude
qui serait signe de pensée morte: cette adaptation et cette
diversité, cette vie du rationalisme que souligne Bachelard loin
d'être un désordre relève d'un
ordre supérieur qui est celui du changement, de la vie.
On en n'a donc pas fini avec l'ordre et le rationalisme. Si la
science est une suite d'erreurs rectifiées, cela ne signifie-t-il
pas le triomphe perpétuel de l'ordre.
== L'homme
réalise-t-il son humanité contre la nature
ou en conformité avec elle?
Étonnez-vous: si l'homme réalise son humanité, cela signifie
qu'il en est l'auteur: ce ne peut être que contre la nature.
d'ailleurs, l'homme n'est -il pas celui qui nie le donné naturel
intérieur et extérieur parce qu'il est désir et parce qu'il
travaille à transformer la nature
en monde.
Distinguer la nature et la nature
humaine.
L'homme est-il un animal contre nature?
==> Voir le cours sur le
travail
Vous pouvez utiliser les aides suivantes: A t'on raison de
dire que l'homme est un animal culturel?
La culture c'est ce que l'homme ajoute à la nature,
ce qu'il produit et ce qu'il enseigne à ses enfants. L'homme est
un être conscient, conscient de soi et conscient du milieu qui
l'entoure. En accédant à la conscience l'homme prend conscience
et s'affranchit des instincts: il affirme donc sa liberté de
choisir: l'homme, la conscience, la culture relèvent de la liberté.
Autrement dit l'homme semble bien être ce qui apparaît avec et
par la culture.
Vous pouvez largement utiliser le cours sur le travail
==>Voir aussi le
travail fait-il violence à la nature
humaine?
et N°61 ON
dit souvent pour expliquer ou
pour excuser un comportement humain:
"c'est naturel "
Enfin vous pouvez lire l'aide N°6 Pourquoi
le progrès scientifique n'a-t-il pas fait disparaître les
croyances religieuses?
et L'existentialisme
Cela a-t-il un sens d'ajouter à un terme qui concerne l'essence
(la nature) un terme qui concerne
qui concerne l'existence (l'acte de se relier)? Peut-on confondre
l'essence et l'existence? Que
faut-il en penser?
J. Llapasset
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