=> Étonnez-vous:
ça fait pas très sérieux: toute vie est besoin, ce qui oriente
vers la médiation d'un travail pour satisfaire les besoins, chez
l'homme. Mais associer la vie et le jeu semble signifier que le
jeu pourrait satisfaire un besoin: on se demande lequel?
Pourtant dans la
publicité, les jeux semblent attirer toutes les faveurs. Chez les
romains le jeu de cirque rythmait la vie et lui donnait un sens,
il attirait les foules comme un aimant. Ce qui nous amène à
supposer que le jeu donne un sens.
=> Toute forme
de vie peut être figurée par le besoin, le manque, la tension,
la souffrance. Le besoin est bien le signe de la vie chez tous les
êtres vivants. Chez l'homme la réponse au besoin est spécifique,
elle lui est propre: le travail marque que l'homme ne se satisfait
pas d'une manière immédiate mais par le détour de formes inventées
et réalisées par le travail. Il transforme , il obtient des
produits pour satisfaire les besoins. Analysez la recette de
cuisine comme art culinaire.
=> Cependant,
par le travail, l'homme n'échappe pas définitivement au besoin,
il tire un peu la chaîne: le besoin revient à intervalles réguliers,
devient une habitude, la répétition du même et avec lui le
travail devient une habitude, une dépendance, un asservissement.
Certes, par le travail l'homme semble échapper aux besoins, alors
qu'en réalité il ajoute à la dépendance du besoin, une autre dépendance:
un besoin qui advient, celui de travailler.
A la racine du
besoin de travailler, il y a une autre motivation que celle du
besoin. En travaillant l'homme détourne son attention de la
souffrance, "en occupant la conscience par une activité
constante." affirme Nietzsche dans La généalogie de la
morale.
=> On commence
à entrevoir que le jeu n'est pas le contraire du travail: le
joueur plongé dans l'illusion, voué à un sens illusoire, oublie
tout aussi bien sa souffrance dans le jeu comme dans le travail.
Comme le travail, l'art, le jeu "panse" la vie et sa
souffrance, par une activité régulière, un divertissement
dirait Pascal, qui détourne l'attention de la souffrance propre
à la vie, qui s'éprouve. Dans les deux cas, on échappe à
l'ennui, au face à face avec la souffrance.
=> Dans le jeu
chacun se donne un objet, avec ses règles et avec ses défis,
chacun s'exerce à suivre le sens qu'il s'est donné. Le jeu ne dépend
que du joueur pour ce qui est de le poursuivre, au risque même de
la vie qu'il joue. Ainsi la vie échappe à la souffrance par le
travail et par le jeu: travail et jeu sont producteurs d'un sens
et, en occupant l'attention exorcise l'ennui.
Dans les deux cas l'horizon de la vie devient le bonheur, mais
dans le travail, le bonheur est d'abord dans l'avoir alors que
dans le jeu il est dans l'exercice d'une liberté.
Dans les deux cas une dépendance s'installe et donc un autre
besoin.
Le bonheur
reste un idéal de l'imagination
=> Vers
l'aide: celui
qui ne sait pas jouer me fait peur.