Pour la recherche
des idées:
Voir
le repère: Persuader
convaincre suggérer
Persuader est-ce
critiquable?
1 Commencer par bien distinguer convaincre
et persuader:
Convaincre et persuader. Un texte de D'Alembert peut vous aider à
mieux les distinguer:
"La conviction tient plus à l'esprit, la persuasion au
coeur; ainsi l'on dit: l'orateur doit non seulement convaincre,
c'est à dire prouver ce qu'il avance, mais encore persuader,
c'est dire toucher et émouvoir. La conviction suppose des
preuves: je ne pouvais croire telle chose; il m'en a donné tant
de preuves qu'il m'a convaincu. La persuasion n'en suppose pas
toujours: la bonne opinion que j'ai de vous suffit pour me
persuader que vous ne me trompez pas.
Vous pouvez remarquer que convaincre c'est amener quelqu'un à se
vaincre lui-même tandis que persuader implique toujours qu'on
exerce une influence sur lui plus ou moins grande.
On peut être persuadé sans être pour cela convaincu.
Si on est convaincu, à quoi bon être persuadé?
"L'art de persuader consiste autant en celui d'agréer
qu'en celui de convaincre." Pascal, De l'esprit géométrique
II. 187.
Voir aussi dans Pensées 324 "On se persuade mieux ... par
les raisons qu'on a soi-même trouvées."
La distinction entre convaincre et persuader vient peut être de
ce que "la valeur persuasive d'une idée vient bien moins de
ses qualités intellectuelles que de ses rapports avec le caractère
de chaque homme." Brochard, De l'erreur, page 138.
2
Persuader n'est-ce pas, parfois, renoncer à convaincre,
utiliser le pouvoir des mots, manipuler? En ce sens un tel procédé
trompeur serait critiquable.
Voir: A quoi tient le pouvoir des mots?
Votre sujet a probablement pour origine un texte de Gorgias (455
b-c) dans lequel Platon fait parler Gorgias, met en évidence son
habileté, sa persuasion, et en même temps fait apparaître les
dangers de la rhétorique, la spécialité des sophistes qui
vendaient l'art de bien parler censé permettre aux jeunes gens
d'accéder au pouvoir.
L'argumentation de Gorgias s'appuie sur des exemples: or un
exemple ne prouve rien car il y a des exemples de tout: l'exemple
s'adresse à la conscience spontanée, aux prisonniers de la
caverne qui ne se fient qu'au visible, que l'on peut manipuler par
des ombres et qui finissent pas croire que les ombres
parlent alors que ce n'est qu'un écho. Demandez-vous si la
puissance des mots ne tiendraient pas à ce qu'ils sont reçus par
des "prisonniers de la caverne" et si les mots ne
permettent pas de dire ou de faire dire n'importe quoi.
Voyez le Langage
et voir le tableau langage ce qui concerne Le Cratyle. En
439 b, Socrate affirme qu'il faut partir du réel, bien plutôt
que des noms. suivre les liens proposés.
Le pouvoir des mots tiendrait-il finalement à la propriété, à
l'argent, à l'échange de marchandises. Il permettrait de vendre,
de manipuler, il serait au service de l'aliénation à l'argent.
Vous distinguerez soigneusement la rhétorique et la
philosophie, en utilisant la ligne à la fin du Livre VI
de La République (voir Platon,
le soleil la ligne la caverne )
Vous pouvez analyser le rapport entre l'illusion et la politique:
en quoi la rhétorique "est le bien suprême, celle qui
donne à qui la possède la liberté sur lui même et la
domination sur les autres dans sa patrie" (Gorgias 452
d)
Pistes de lectures:
= Lefebvre, Le langage et la société, Idées, page 371.
= ...Que
peut la raison ? Peut-on se fier à la raison?
Bonne continuation |