La
moralité consiste-t-elle à se contraindre soi même?
Étonnez-vous: si la contrainte c'est la violence exercée contre
quelqu'un... qu'est-ce que cela peut avoir avec le respect des
personnes, qui portent la loi morale!
La moralité
est-elle une contrainte ou un choix radical. Voir
Kant
le mal radical en insistant: s'il y a un mal radical,
il y a la possibilité d'un bien radical.
être raisonnable n'est-ce pas d'abord et avant tout éprouver un
sentiment de respect pour la loi morale et pour la personne qui
porte en elle même cette loi morale. Soi même est une personne,
une fin en soi, capable de liberté.
Voir Kant
l'impératif catégorique, qu'en est-il pour votre
sujet?
Bien
distinguer la contrainte de soi, le refoulement, et l'appel, la réponse
à une vocation, la maîtrise de soi qui est beaucoup plus force
que violence.
Est-ce le soi qui est contraint ou ce qui n'est pas soi qui est maîtrisé
par le soi, ce en quoi on ne se reconnaît pas, dont on se détourne
librement pour adhérer à ce en quoi on se reconnaît.
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La moralité
est-elle affaire de sentiment?
= Pour la problématique:
Vous pouvez vous
étonner.
La moralité n'a rien à voir avec une affaire, un calcul d'intérêt
et encore moins avec le sentiment: la moralité d'une action vient
plutôt de la raison pratique. Mais la raison a t-elle de quoi
motiver une action. la véritable moralité ne va t-elle pas
beaucoup plus loin que la raison?
Vous vous trouvez donc dans l'embarras comme si sans le sentiment
il ne pouvait y avoir de moralité d'une action réelle et avec le
sentiment il y aurait des préférences incompatibles avec la
pureté d'une action morale.
=> D'une part
si la moralité était une exigence de la raison pratique, elle
serait absolue, universelle abstraite c'est à dire sans considération
des qualités d'un individu, autant dire qu'elle serait juste.
Mais on voit mal comment la pure raison pourrait être un moteur
de l'action, d'une action réelle. Le moteur de l'action n'est-il
pas le sentiment, par exemple la pitié? Une telle moralité
tournerait le dos au bonheur: on ne pourrait que le mériter par
le sacrifice de la vie sensible.
=> D'autre
part, si la moralité était affaire de sentiment on verrait mal
ce qui distinguerait essentiellement une action morale de toute
autre action humaine motivée par la force d'un sentiment. A ce
compte l'action haineuse serait elle aussi morale. on comprend que
le sentiment serait moteur de l'action réelle, mais en quoi
ferait-il sa moralité? L'action ne serait-elle pas injuste,
capricieuse, changeante comme le sentiment. Un maître a toujours
des préférences remarque Rousseau. La moralité disparaîtrait
dans l'impératif hypothétique, l'action étant le résultat d'un
calcul intéressé?
D'où l'apparent
dilemme ou bien une moralité issue de la raison, inapplicable et
inappliquée ou bien une moralité affaire de sentiment, injuste.
=> Pour en
sortir, il serait peut être bon de se demander si ce qui de
l'autre mon semblable c'est la raison, la dignité que lui donne
la liberté ou bien le sentiment, ce qui s'éprouve soi même, la
vie.
En un certain
sens ne serait-il pas alors possible d'établir que la moralité
est affaire de sentiment et en quel sens?
Analyser et distinguer
l'impératif catégorique et
l'impératif
hypothétique.
-
Il
faut donc distinguer l'ordre que l'on s'adresse à soi-même
lorsqu'il est soumis à une condition (impératif
hypothétique) et l'ordre sans condition (impératif
catégorique) valable à priori indépendamment de
toute condition - ce qui interdit de le discuter.
Dans le devoir la volonté n'est déterminée ni par la
sensibilité, ni par l'intérêt, ni par la prudence: elle est
déterminée par la loi et par le respect de la loi.
Par
exemple:
-
Dans
un magasin, le commerçant fait le juste prix quel que soit
son client, un enfant, un ministre, un vieillard, indépendamment
de toute satisfaction, uniquement
parce que c'est son devoir: impératif catégorique!
S'il
fait le juste prix pour être
content de lui, le soir venu, ou parce que c'est un personnage
important qui achète = impératif hypothétique!
Dans ce deuxième
cas il agit conformément
au devoir sans
agir par
devoir.
J. Llapasset
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