== Pour
la recherche des idées:
L'intérêt:
ce qui importe, ce qui satisfait un besoin ou un désir, ce qui donc
retient l'attention parce que cela apporte quelque chose (connaissance) ou
cela permet une action: lutter contre. L'histoire est-elle un instrument
de justice, d'abord?
lutter: mener
une action énergique contre.
L'oubli:
disparition de souvenirs dans la mémoire. On a vite oublié les absents.
"Le sang sèche vite dans l'histoire".
On distingue l'oubli involontaire (je l'ai sur le bout de la langue ...)
et l'oubli volontaire (on tourne la page). Notez que celui qui ne peut
oublier est livré au ressentiment, son présent est infecté par le
passé.
L'histoire est-elle
d'abord un instrument de justice au service de ceux qui ne sont plus ou un
instrument de vérité et de liberté au service des vivants, de
l'actualité?
Le sujet présuppose qu'un des
intérêts de l'histoire est de lutter contre l'oubli; il interroge
pour savoir si cet intérêt vient d'abord, en premier, avant
tous les autres intérêts. Bien
entendu, s'il n'est pas en premier, on demande quel est l'intérêt
de l'histoire qui a la préséance, qui vient en premier si l'on
préfère.
=> Le problème
est de savoir comment un récit adressé à ceux qui n'ont pas le souvenir
du passé puisqu'il ne l'ont pas vécu peut lutter contre l'oubli. En
assignant cette tâche à l'histoire ne méconnaît-on pas l'histoire? Ne
cherche-t-on pas à l'instrumentaliser et à l'orienter, à lui donner une
tâche, avec à l'horizon un certain nombres de lois qui l'encadreront au
point de la nier?
=> Suffit-il de
raconter pour que les gens n'oublient pas lorsque les témoins ont
disparu. N'y a-t-il pas une différence entre se représenter et se
souvenir? Se représenter relève de l'objectivité, de la démarche
scientifique, d'une prise de distance alors que se souvenir renvoie à une
mémoire affective qui soude et réunit les groupes dans des
commémorations, avec le risque de les opposer aux autres groupes.
=> Peut-on
témoigner d'un événement que l'on n'a pas vécu? Jusqu'où va le devoir
de mémoire? Est-ce à l'histoire une tâche première d'assurer ce devoir
de mémoire. Comment une connaissance pourrait-elle, à elle toute seule,
assurer un devoir?
Enjeu:
Il y a bien un risque pour l'histoire a se voir imposer une fonction,
un engagement qui ne saurait être son principal souci car quand la
mémoire parle, elle rappelle mais elle laisse à l'histoire et aux autres
hommes l'argumentation. Si la tâche de l'historien est de construire la
connaissance du passé humain, comment pourrait-il faire ressentir ce que
donne une mémoire affective, celle des témoins. L'enjeu est donc la
liberté.
Le risque:
C'est le risque de perdre le point de vue de la vie, celui des vivants
actuels et de reléguer le rôle de l'historien à celui d'un juge
d'instruction qui se penche sur un passé qui n'est plus pour le
raconter.
L'intérêt de l'histoire n'est-ce pas d'abord ce qu'elle peut apporter
aux vivants? L'histoire n'est-elle pas au service des vivants?
Plan possible
(parmi d'autres ...)
1- Un des intérêts de l'histoire est
effectivement de lutter contre l'oubli dans la mesure où la connaissance
du passé humain qu'elle apporte permet de présenter le passé, de le
communiquer dans un récit, de le rappeler.
2- Mais
cette fonction de l'histoire de lutter contre l'oubli n'est pas son
intérêt premier. En effet:
-
a)
Grâce à l'histoire, à la connaissance du passé qui nous a faits ce
que nous sommes, l'homme peut prendre de la distance par rapport au
contexte social par lequel il est limité; par là, il échappe à sa
condition d'être situé à un instant du devenir, dans un
contexte donné; le principal intérêt de l'histoire c'est donc
d'être un instrument de vérité et de liberté, avant que d'être un
instrument de justice. L'histoire est au service de la vie humaine car
elle permet de comprendre, de se comprendre, de se choisir en
choisissant parmi les grandes attitudes de l'humanité.
-
b)
Dans cette comparaison l'homme peut mieux se connaître et se
comprendre, en saisissant le sens de ce qui devient dans son présent
grâce à la connaissance que l'histoire lui propose du devenir
passé, grâce à ses racines, pour ainsi dire. Il découvre un rythme
et le retour de conduites regrettables. Il découvre aussi que de
ruptures peuvent être accomplies, à condition qu'une valeur soit
partagée. En ce sens l'histoire dans ce qu'elle rappelle a une valeur
pédagogique.
3- Il
reste que tout instrument de vérité est aussi un instrument de justice:
en ajustant un discours à ce qui a été, on fait oeuvre de justice
puisque la justice c'est rendre à chacun ce qui lui est dû. En ce sens
l'intérêt principal de l'histoire est dans cette connaissance qu'elle
nous donne qui, en nous élevant au dessus des limites de notre condition
actuelle, en nous délivrant de notre générosité restreinte, nous
permet, si nous le voulons, d'en faire un instrument de justice et de
refuser l'oubli grâce à la connaissance qu'elle nous donne.
Pour
une conclusion:
L'intérêt
principal de l'histoire est de nous tendre un instrument de vérité et de
liberté, c'est l'intérêt premier; bien entendu s'élever à la vérité
et à la liberté c'est s'élever vers la justice et donc participer
effectivement à la lutte contre l'oubli, par exemple des
crimes contre l'humanité. Il est donc vain de chercher à encadrer le
travail de l'historien et l'histoire puisqu'ils ne relèvent que de
l'objectivité scientifique. L'histoire n'a de devoir que d'être
objective, si les morts ont des droits c'est aux hommes à les respecter,
à en garder une sorte de mémoire.
=>
L'histoire
au service de la vie (Nietzsche)
=>
Les
morts on-ils des droits ?
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