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Étonnez-vous: comment le
désir qui jaillit en moi sans que je l'ai voulu peut-il exprimer mon
humanité d'être raisonnable, libre? Si le désir est l'essence de
l'homme, comment parler de liberté si on ne peut lui échapper?
On peut lire dans l'Éthique III. , Scolie, prop 9: "Le Désir est
l'appétit avec conscience de lui-même", ou, selon la traduction
" le Désir est l'appétit accompagné de la conscience de lui-même"
Comprendre que la seule
différence entre appétit et désir c'est que le désir s'apparaît à
lui-même: réduire ainsi le désir à l'appétit c'est l'inscrire dans
une nature, dans un donné qui l'essence de l'homme et sur lequel la
volonté se brisera: elle ne pourra le modifier, elle le subira.
L'homme n'est donc pas libre de désirer ou de ne pas désirer parce que
le désir est son essence, c'est un
destin...
Réfléchir sur le désir, c'est réfléchir sur l'homme:
L'homme apparaît dans le passage du besoin au désir. En ce sens
l'essence de l'homme c'est l'existence, le mouvement même de la
conscience vers un projet, une absence dont on désire la présence. Le désir
est conscience d'un manque, c'est l'existence qui est manque. En se posant
comme Sujet, l'homme se pose comme celui qui ne se résigne jamais à la
satisfaction des besoins. C'est donc un nomade qui veut toujours aller
ailleurs, vers d'autres mondes c'est à dire vers son prochain, ce qu'il
n'est pas.
= Celui qui désire
s'oriente vers ce qu'il n'a pas, vers ce qu'il n'est pas: ce qui l'amène
à inventer de la culture ; ce qui provoque au changement, à l'évolution
grâce aux expériences nouvelles que la raison métamorphose en culture.
Cette culture, enseignée et transmise, sera un tremplin, dans le meilleur
des cas.
= Le désir exprime l'humanité de l'homme dans la mesure où il peut y
avoir des désirs raisonnables qui tiennent compte de la dignité des
autres, qui se réalisent en obtenant leur collaboration par la parole, en
obtenant leur consentement , en ne traitant jamais les autres comme de
simples moyens mais comme des fins en soi, que notre action respecte parce
que ils ont la dignité de la liberté comme autonomie: "l'obéissance
à la loi qu'on s'est prescrite est liberté" Rousseau.
Bonne continuation
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