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Jean
COCTEAU
LA MACHINE INFERNALE de Jean Cocteau.
p.3
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les quatre actes- Voici l'enchaînement de la pièce.
TROISIÈME
ACTE.
Il s'intitule LA NUIT DE
NOCES, Oedipe et Jocaste, cédant à leurs penchants, refusent tous les
avertissements, mais leur amour, qui semble sincère, s'exprime maladroitement. Trop de
souvenirs les préoccupent, trop de non-dits les séparent, trop d'obstacles les gênent.
Après une journée de
cérémonies et de festivités épuisantes, les deux époux se retrouvent seuls face à
face dans la chambre de Jocaste, pour la première fois. Ils souhaitent ardemment réussir
ce moment, attendu par l'une comme une renaissance, par l'autre comme un couronnement et
une initiation à l'amour. "Je suis vierge", dit Oedipe à Tirésias .
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Le devin, en effet, tente une ultime mise en garde pour stopper le mécanisme effrayant et
fait état de "présages funestes". Mais le nouveau roi se méfie des conseils
d'un prêtre ligué, pense-t-il, avec d'autres puissants pour l'évincer, et il reste sur
ses positions sans se soucier des avis divins: "les
oracles... mon audace les déjoue...".
Dans un geste de défi sacrilège, le jeune
homme se jette même sur l'aveugle pour saisir l'avenir dans ses yeux morts. Il a le temps
d'y voir sa réussite avant d'être brutalement frappé d'une fulgurante cécité qui lui
cache la suite de son destin.
Après avoir recouvré la vue et confus de
sa violence, il s'en excuse et il assure au vieillard horrifié par la mésalliance de sa
reine, qu'il est lui-même de sang royal, fils du roi de Corinthe. Tirésias abandonne la
partie, épouvanté par l'orgueilleuse certitude d'Oedipe et pressentant le pire sans
l'identifier à coup sûr.
Les époux vont-ils enfin profiter de leur
bonheur? Hélas, malgré leur bonne volonté, la fatigue les fait sombrer dans de brefs
assoupissements où leur passé ressurgit et s'exprime par bribes confuses. C'est alors
une lutte épuisante contre le sommeil qui révélerait à l'autre des secrets
inavouables.
Jocaste connaît sa faute, l'infanticide,
elle reste aussi marquée par ce mur sur lequel (premier signe d'infidélité?) elle n'a
pas su voir son époux. Oedipe, malgré l'admiration éperdue de sa femme, sait qu'il
n'est pas un héros, il n'a gagné qu'avec l'aide du Sphinx, il se souvient qu'il a été
à sa merci, qu'il s'est montré faible et ridicule.
Tous deux sont liés à ce passé qui les
hacèle non seulement dans leurs rêves hallucinés, mais par ce berceau dont Jocaste
aimerait bien être maintenant débarrassée, par ces cicatrices qui obligent la reine à
des demi-aveux, par la ceinture donnée à la jeune fille-Sphinx et qu'Anubis rend
ironiquement au challenger de pacotille...
La différence d'âge, dont Oedipe se
soucie peu, tourmente la reine vieillissante. Et dans cette nuit de cauchemar, c'est un
homme de la rue, un ivrogne attardé sous les fenêtres royales, qui a le dernier mot:
"votre époux est trop jeune,
bien trop jeune pour vous... hou!"
QUATRIEME ACTE.
Il s'intitule OEDIPE-ROI,
et précise: "dix sept ans après". Une à
une vont se dissiper les illusions et les fictions qui ont protégé le couple royal. De
révélation en révélation, Oedipe et Jocaste seront amenés devant la réalité. Voyons
les étapes de cette mise à nu.
L'annonce de la mort du roi de Corinthe provoque chez son
fils le soulagement et même la joie. Cette attitude scandalise son entourage et l'amène
à énoncer la prédiction devenue caduque: "mon père est
mort... l'oracle m'avait dit que je serais son assassin et l'époux de ma mère".
(Jocaste, qui avait reçu un avertissement similaire et n'en avait soufflé mot, peut ici
s'apercevoir que son époux lui avait soigneusement caché la fâcheuse prophétie. Ce
silence entre eux trahit une gêne face à des étrangetés qu'ils n'ont pas voulu
examiner de trop près, pour sauvegarder leur bonheur)
Mais "Vous n'étiez que son
fils adoptif", le rassure le messager, sans comprendre qu'il remet en
cause par cette déclaration toute la stratégie de fuite élaborée par Oedipe: qui est
son père?
La précision: "mon père
vous délia presque mort, pendu par vos pieds blessés", si elle explique
simplement au roi l'origine de ses cicatrices, amène Jocaste à une découverte bien
pire, qu'elle reçoit sans mot dire: Oedipe est l'enfant qu'elle a voulu supprimer.
Un souvenir qui revient soudain au roi: "pendant une rixe avec des serviteurs, j'ai tué un vieillard qui
voyageait au carrefour de Daulie et de Delphes", la met devant une
nouvelle évidence: Oedipe est le meurtrier de Laüs, c'est à dire de son père.
Pour Jocaste, maintenant, tout est clair. Tandis que son
mari se débat dans des suppositions qui l'irritent et l'affligent, la malheureuse se pend
avec sa grande écharpe rouge... Oedipe, monté la retrouver dans sa chambre, découvre
son corps. Il apparaît, "déraciné, décomposé".
Il accuse son beau-frère "vous me l'avez tuée",
il croit à un complot.
Tirésias lui affirme alors:
"Vous avez assassiné l'époux de Jocaste, Oedipe, le roi
Laïus. Je le savais de longue date...ni à vous, ni à elle, ni à Créon, ni à personne
je ne l'ai dit".
En fait, il lui reste le pire à comprendre, car il s'égare encore sur de fausses pistes
concernant sa naissance. Paraît alors un vieux berger, c'est "l'homme
qui (t') l'a porté blessé et lié sur la montagne".
Pressé de répondre, le vieillard avoue ce
qu'on lui avait interdit de dévoiler sous peine de mort: "Tu
es le fils de Jocaste, ta femme, et de Laïus tué par toi au carrefour des trois routes.
Inceste et parricide."
Oedipe comprend alors qu'on n'échappe pas à un oracle: "J'ai tué celui qu'il ne fallait
pas. J'ai épousé celle qu'il ne fallait pas. Lumière est faite."
Il lui reste à se punir lui-même. "Il
se donne des coups dans les yeux avec la grosse broche en or", crie la petite
Antigone. Devenu aveugle, il voit s'avancer vers lui
Jocaste mystérieusement redevenue sa jeune mère pour l'accompagner dans son exil, car il
doit quitter la ville.
Il s'éloigne, accompagné de sa fille et de sa
mère-épouse, confondues dans une même sollicitude: "Attention... compte les marches... un, deux, trois, quatre, cinq..."
A Créon qui veut intervenir, Tirésias
déclare:"Ils ne
t'appartiennent plus".
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