° Rubrique Philo: Capes-Agreg

- Fiches d'aide à la préparation au CAPES -
Rubrique proposée et animée par  François Palacio

- Épistémologie

John Stuart Mill  Système de logique déductive et inductive 
(J. S. Mill 1806-1873)

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Tome II, Livre IV-Des opérations auxiliaires de l’induction 

Ch. III- Du langage comme auxiliaire de l’induction

§1- Nous voulons signaler une grande propriété des noms, dont dépendent réellement en dernière analyse leurs fonctions comme instruments intellectuels, celle de pouvoir former et fixer des associations entre nos idées ; sujet à propos duquel un penseur a écrit (Bain) : « Les pensées, par elles-mêmes, disparaissent continuellement du champ de la vision mentale immédiate, mais le nom nous reste, et il suffit de le prononcer pour les reproduire à l’instant ».

§3- Une inférence de nature inductive, bien que possible sans l’usage des signes, ne pourrait jamais sans des signes s’étendre au delà des cas très simples et auxquels se bornent très probablement les raisonnements des animaux privés de tout langage conventionnel.

Une inférence inductive n’a de valeur que si elle est applicable à une classe entière de cas ; et pour donner à l’inférence une garantie plus solide que la simple convenance de deux idées ; il faut recourir à l’expérimentation et à la comparaison, de manière à embrasser d’une seule vue la classe entière des cas, et pouvoir ainsi découvrir et constater quelque uniformité dans le cours de la nature ; l’existence d’une uniformité étant nécessaire pour justifier une inférence.

Ch. IV- Des conditions d’un langage philosophique, et des principes de la définition

§1- Pour avoir un langage parfaitement approprié à l’investigation et à l’expression de vérités générales, plusieurs conditions, dont deux principales et d’autre accessoires, sont requises. La première est que tout nom général ait un sens invariablement fixé et rigoureusement déterminé. Lorsque cette condition est remplie, c’est à dire lorsque tous les noms adoptés sont parfaitement appropriés à leur fonction, la seconde est que nous ne manquions jamais d’un mot quand nous avons besoin du nom nécessaire à la désignation d’une chose qu’il est essentiel d’exprimer.

§2- Donner une signification précise aux noms généraux, c’est fixer invariablement l’attribut ou les attributs connotés par chaque nom général concret et dénotés par le nom abstrait correspondant.

 Pour qu’un nom puisse servir d’instrument à la pensée, ou être employé comme moyen d’en communiquer les résultats, il est indispensable de déterminer exactement l’attribut ou les attributs qu’il doit exprimer ; bref, de lui donner une connotation fixe et sûre.

§3- Fixer la connotation d’un nom concret ou la dénotation de l’abstrait correspondant, c’est définir le nom. Quand on peut le faire sans contredire des assertions déjà admises, on peut définir le nom conformément à l’usage reçu, ce qui s’appelle vulgairement définir, non pas le nom, mais la chose. Cette expression impropre, définir une chose (ou plutôt une classe de choses, car personne ne parle de définir un individu), signifie simplement définir le nom sous condition qu’il dénotera cette chose. Ceci  suppose naturellement une comparaison des choses, trait pour trait et propriété pour propriété, dans le but de reconnaître les attributs dans lesquels elles correspondent, et souvent aussi une opération rigoureusement inductive pour constater quelque concordance cachée, cause des concordances manifestes.

En effet, pour donner à un nom une connotation, tout en lui laissant dénoter certains objets, nous avons à faire un choix entre les divers attributs communs à ces objets. La première opération logique requise consiste donc à reconnaître en quoi les objets concordent. Ceci fait, aussi complètement que le cas l’exige ou le permet, la question est de savoir lesquels de ces attributs communs doivent être associés au nom ; car si la classe que le nom dénote est un Genre, les propriétés communes sont innombrables ou, du moins, souvent extrêmement nombreuses.

 Nous devons parmi les propriétés communes choisir celles dont on sait, soit par l’expérience, soit par déduction, que beaucoup d’autres dépendent, ou, au moins, qui sont des marques sûres de celles-ci, et desquelles, par conséquent, beaucoup d’autres suivent par inférence. On voit par là qu’une bonne définition d’un nom déjà en usage n’est pas une affaire de choix arbitraire. Aussi toute extension de notre connaissance des objets auxquels le nom s’applique peut suggérer un perfectionnement de la définition. Le progrès des définitions suit le progrès de la science.

§4- Pour juger comment le nom qui dénote une classe doit être défini, il faut connaître toutes les propriétés communes à la classe et tous les rapports de causation ou de dépendance existant entre ces propriétés.

 Mais souvent il est nécessaire de définir la classe par quelque propriété peu connue, mais qui est la meilleure marque de propriétés bien connues. 

§5- Tant qu’un terme est vague, c’est à dire tant que sa connotation n’est pas reconnue et invariablement fixée, il est toujours susceptible d’être transporté par extension d’une chose à une autre, et il finit par exprimer des choses qui n’ont que peu ou point de ressemblance avec celles qu’il désignait primitivement.

 Lors même qu’il y a une propriété commune à toutes les choses dénotées par un nom, il n’est pas toujours avantageux d’ériger cette propriété en définition et connotation exclusive de ce nom.

 vers:  Ch.V- De l’histoire naturelle des variations dans le sens des mots

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