II
- LA MACHINE N’UTILISE PAS LA NATURE, ELLE LA TRANSFORME.
ELLE DECLENCHE DES PROCESSUS.
A-
La machine comme automatisme
- Thèse :La machine a son fondement en elle-même,
elle est autonome.
Argument- Le simple mécanisme consiste en une transmission
du mouvement.
Horloge : action et résultat homogène.
Or la machine exploite la force naturelle en la transformant
en énergie.
Ex. : le moulin à eau transmet la force du courant
La machine à
vapeur (Watt, 1784) transforme la force naturelle en quantité
d’énergie disponible à sa tâche (ex. actionner des
pistons).
Ainsi le moteur n’est plus l’homme, ni une force
naturelle à l’état brut : on passe de la machine-outil
à la machine automatique.
Un nouveau pas est franchi lorsque les conditions de base
machinisme sont-elles même mécaniques.
Marx : les machines fabrique des machines : Capital I, 15 p.
278.
Ainsi l’évincement de l’homme correspond à une
promotion de la régularité et de la prévisibilité.
La machine est auto-normée = son fonctionnement interne
appelle une loi dont elle est à la fois le principe et
l’objet
B-
La métaphore organique
- Thèse : en ce sens, la machine s’apparente à
un organisme.
Argument
:on peut s’autoriser d’une métaphore biologique.
Zola, La bête humaine, Lison : « D’une élégance
fine et géante, avec ses grandes roues légères réunies
par des bras d’aciers, son poitrail large, ses reins
allongés et puissants,… il y avait l’âme, le mystère
de la fabrication, ce quelque chose que le hasard du
martelage ajoute au métal, que le tour de main de
l’ouvrier monteur donne aux pièces : la personnalité de
la machine, la vie ».
Cependant,
pas simple anthropocentrisme.
C’est parce la loi de fonctionnement de la machine est la
même que celui de l’organisme qu’elle est autonome.
Deux premières
lois de la thermodynamique :
1°- loi de conservation de l’énergie : dans un système
clos, l’énergie cinétique et potentielle reste constante
2°- loi de dégradation : tous les changements physiques
ont tendance à se dégrader en chaleur. Cette dégradation
est calculable = ENTROPIE.
L’entropie mesure la quantité de désordre dans un système
ouvert.
Si on pose
la question de savoir comment la vie résiste à
l’entropie.
Elle tend à remonter la pente : elle retarde la dégradation
d’énergie en l’accumulant et en la transformant en
mouvement permettant une action dont la finalité est
d’acquérir de l’énergie.
Ex. : les plantes transforment la lumière en azote, les
animaux transforment les substances azotées en protéines nécessaires
à la reconstitution de leur tissu…
Qu’est-ce
qu’une machine sinon la même transformation d’énergie
servant à une dépense dont le rendement dépasse
l’investissement ?
Mais par elle-même la machine ne peut se mouvoir vers son
combustible. C’est l’homme qui lui fournit par
l’extraction de matières premières. Mais cette
extraction est aussi le fait de machines. C’est le système
Machine qui assure l’automatisme des machines, comme
l’organisme isolé n’est pas viable, mais seulement placé
dans un écosystème.
Ainsi, alors que l’outil demande à l’homme de dépenser
se propre énergie, ma machine est le déclenchement d’un
processus thermodynamique annexe à la nature et intermédiaire
entre celle-ci et l’homme.
C.a.d que la machine va retarder l’entropie humaine en économisant
l’énergie de l’homme, parallèlement à
l’approvisionnement en combustible fournie par l’homme.
Le système technique forme donc une boucle qui passe de
l’homme à la machine et de la machine à l’homme.
En elle-même,
la machine est un organisme. Par son rapport nécessaire à
l’homme elle est organe. En ce sens elle n’est pas
prolongement de la main mais une prothèse. Goethe : Faust-
«Quant à mon char, ma fortune attelle six coursiers, leurs
membres ne sont-ils pas miens».
C-
La machine réflexive
Thèse : Par conséquent, la machine n’est pas un
simple prolongement de l’homme mais son objectivation même.
Loi de
Gehlen : l’espèce humaine a projeté l’une après
l’autre sous la forme de moyens techniques objectivés,
les éléments des différentes fonctions pratiques de
l’organisme humain : fonction de l’appareil de
locomotion, puis de l’appareil sensoriel, et pour finir
fonctions du centre de commande, le cerveau.
Avec l’Intelligence
artificielle, la machine intègre son propre mode de régulation
(Wiener : feed-back).
Cybernétique : lien technologie/physiologie.
Concept d’homéostat : machine auto-équilibrée.
Ex. : DCA :
accomplir des tâches de calcul impossibles à l’homme.
Conclusion
: Trois âges de l’automatisme (Wiener) :
- horloge : transmission du mouvement
- machine à vapeur : transformation de l’énergie
- asservissement de position de tir de la DCA : auto-régulation
Distinction:
outil : action
Machine : processus
Or nous
avons parlé des machines.
Passage à l’universel abstrait de La machine : découvrir
le destin d’aliénation qui s’y cache.
En effet, en tant que processus déclenché, une machine
produit sur un mode artificiel un processus naturel (puisque
interne à la nature, quoique non naturel).
Mais la Machine, en tant que système des machines devient
elle-même une nature dans la nature.
L’homme étant un être d’adaptation, comment
s’adapte-t-il à cette nature artificielle ?
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III - La machine nature |