° Rubrique Philo: Capes-Agreg

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Rubrique proposée et animée par  François Palacio

Dissertations de philosophie

La machine   (6 heures)

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I-     LA MACHINE RUSE AVEC LA NATURE
 
 Grec : mechanê = ruse / art / machine
 
A-    L’outil et la machine

 

Thèse : on pourrait dire que l’outil ruse avec la nature. La machine est-elle un outil ?

 

Argument : qu’est-ce qu’un outil ?

 

Prolonge l’action.

Dérive de la technê. Conduit à l’art : disposition accompagnée de règle vraie capable de produire (Aristote). Il ne s’agit pas de la simple exécution mais du savoir-faire.

 

L’outil appelle celui qui le manie : l’ouvrier.

Le principe de l’action est dans l’ouvrier.

L’outil transmet la force fournie par l’ouvrier.

 

Aristote imagine une force autonome (Politique, I, 4) : Si donc il était possible à chaque instrument parce qu’il en aurait l’ordre ou par simple pressentiment de mener à bien son œuvre (…), si les navettes tissaient d’elles-mêmes et les plectres jouaient tous seul de la cithare, alors les ingénieurs n’auraient pas besoin d’exécutants ni les maîtres d’esclaves ».

La différence entre l’outil et la machine est l’indépendance de cette dernière. La machine est donc ce qui incorpore l’ouvrier. La machine est donc plus qu’un outil.

 

Allons plus loin.

Diderot : à propos d’une machine à faire des bas : « une des machines les plus compliquées et les plus conséquentes que nous ayons : on peut la regarder comme un seul et unique raisonnement, dont la fabrication de l’ouvrage est la conclusion ».

Comparaison instructive. Pour Aristote, la nature dans ses productions syllogise. Ici c’est la machine.

Le savoir du faire est inscrit au sein même de la machine.

 

B - Mécanisme et machine

 

Thèse : Or, la possibilité de la machine dépend d’une refonte conceptuelle où le savoir technique n’est plus simple observation empirique mais une norme rationnelle qui commande la production.

 

Argument :

- Antiquité : distinction- théoria : contemplation portant sur des objets purement intelligibles

- poiêtikê : concerne les étants susceptibles de modifications.  

 

Age Classique : du point de vue de l’Idée, tous les objets sont concevables et exprimables en termes mathématiques et de proportions géométriques = étendue, figure, mouvement.

Seulement sous ce mode que les corps peuvent être adéquatement compris.

Du point de vue de la nature sensible et corporelle du sujet : ils ont trait à l’appétit et ne concernent que l’utilité ou la nuisance. Dès lors, le corps de l’homme lui-même est soumis aux lois du mouvement.

Descartes, Méditations Métaphysiques, VI : « Et comme une horloge, composée de roues et de contrepoids n’observe pas moins exactement toutes les lois de la nature (…) de même aussi, si je considère le corps de l’homme comme étant une machine tellement bâtie et composée d’os, de nerfs, de muscles, de veines, de sang et de peau, qu’encore bien qu’il n’y eût en lui aucun esprit, il ne laisserait pas de se mouvoir en toutes les mêmes façons qu’il fait à présent… »

 

Dès lors : connaître un corps, c’est pouvoir en reconstituer le mouvement (ex. mécanique céleste) en les rendant mesurables et prévisibles. Autrement dit ce que l’homme peut concevoir c’est le mouvement qu’il pourrait recomposer. Le savant et l’ouvrier se rejoigne dans la figure de l’ingénieur, celui qui par son génie peut œuvrer comme la nature.

Ainsi : plus de différence entre un animal et une horloge.

 

C- Automate et automatisme

 

Thèse : de ce point de vue mécaniste trop rigide, la machine ne parvient pas à conquérir son autonomie.

 

Argument : La simple transmission du mouvement crée l’automate

= celui qui se meut lui-même.

C’est un système clos, comme une horloge qui une fois remontée n’a plus qu’à laisser tourner ses rouages.

Le XVIIe conçoit l’automate comme une imitation de la personne et de ses mouvements (ex. canard digesteur de Vaucanson).

 

Or pour dépasser le simple ouvrage d’art, le modèle mathématique ne doit pas viser la transcription du mouvement naturel mais chercher à reproduire l’intégration du comportement, c. a. d. un système de communication entre l’intérieur et l’extérieur.

 

Remise en cause du paradigme de l’horloge tel que Mersenne dans le Traité de la voix et des chants pouvait se le représenter :  « On peut dire que les bêtes n’agissent pas mais qu’elles sont agitées, et que les objets font une telle impression sur leur sens, qu’il leur est nécessaire de la suivre comme les roues d’une horloge suivent les poids ou les ressorts qui la tirent ».

Contre cette conception mécanique, il faut concevoir l’animal comme répondant à son milieu = système dynamique

Ainsi comme l’évolution biologique (Darwin) consiste dans la résolution de problèmes posés par l’environnement, la machine résout les problèmes que posent les lois naturelles à l’action humaine.

Ainsi l’automatisme reproduit un comportement non pas naturel mais conçu.

 

Conclusion 

Comme l’outil, la machine répond à un problème

Comme l’organisme, elle s’intégrer dans un processus naturel : transformation de l’énergie, transmission de la force, action.

Mais à la différence, sa finalité demeure extérieure. D’où le rôle du mécanicien qui consiste, non pas à actionner la machine, mais à assurer le bon déroulement des opérations.

Or approfondissons, après ces traits généraux : comment fonctionne la machine ?

 

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