° Rubrique Philo: Capes-Agreg

Aide à la préparation au CAPES -

Rubrique proposée et animée par  François Palacio

Dissertations de philosophie

Faut-il en finir avec la religion?   

(6 heures)

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III- Peut-on en finir avec la religion?

Si la religion légitime l'adoption de certains principes sociaux en les donnant pour naturels, alors la question si commune et si évidente de la nécessaire sortie de la religion ou du moins la reconnaissance par les peuples démocratiques du libre examen rationnel comme droit naturel ne constitue-t-il pas pour nous un tel a priori? De ce point de vue la remise en question de la tradition au profit d'une conception déterminée de la liberté humaine, la critique de la religion au profit des droits de la raison, n'est-il pas pour nous une certaine forme de religion? La question Faut-il en finir avec la religion devient dès lors Peut-on en finir avec la religion?

A)  Le processus de rationalisation

Thèse: Si l'on s'en tient à la définition que nous avons donné du fait religieux – accord spontané et instinctif sur une réalité sociale constituée, accord naturel et partant inconscient – alors le fait que nous posions la question Faut-il en finir avec la religion montre que la religion ne va plus de soi et n'est donc plus naturelle pour nous mais est devenue l'enjeu d'une discussion consciente. Par là même nous sommes, au moment où nous posons la question, déjà sortie de la religion. 

Argument: En effet, dans la mesure où l'examen rationnel et conscient suppose que la religion puisse faire l'objet d'un désaccord et d'une discussion réfléchie, la religion a cessé de constituer pour nous une obligation a priori.

 Soumettre la religion à un examen rationnel, c'est d'emblée se situer hors  de la religion et donc reconnaître qu'elle a cessé de jouer son rôle d'efficace sociale. Pour conserver sa fonction, la religion doit consister en un a priori absolu et incapable de remise en cause. Elle doit structurer la réalité sociale et non pas être l'objet d'un choix.

Ainsi- dès la Réforme et l'acceptation du droit de conscience, la religion est devenue pour nous objet d'examen, si bien que le problème est devenu de ménager un espace permettant la libre cohabitation d'opinion divergentes coexistant de manière pacifique.

De là est né la distinction d'une sphère privé et d'une sphère publique, la sphère politique reconnaissant le droit à chacun d'user de sa propre raison comme d'un droit naturel.
L'Etat n'a dès lors pas pour but d'imposer un culte particulier, mais de garantir à chacun la libre expression de sa pensée et de sa foi. C'est ce principe que l'on connaît sous le nom de laïcité. L'Etat laïc incarne donc la valeur suprême de la rationalité humaine entendue comme possibilité de libre examen.

Conséquence: c'est la rationalité, comme possibilité de libre discussion, qui est venue occupée dans l'intériorité de l'individu la place qu'occupait alors la religion.

B)    La religiosité du droit

Thèse: Or, le principe de laïcité suppose le droit à chacun de pratiquer le culte de son choix. La seule chose qui est obligatoire est le respect des autres cultes. De ce point de vue, du point de vue du droit et de l'Etat, les religions s'égalisent comme autant de manifestations particulières d'une même liberté fondamentale de conscience. C'est donc ce droit lui-même qui devient la valeur universelle exprimant la signification de l'existence humaine.

Mais, cette idée si naturelle pour nous ne constitue-t-elle pas une manifestation de nos mœurs particulières? La reconnaissance du droit comme principe universel ne fonctionne-t-elle pas comme un a priori social dont nous avons vu qu'il nous permettait de qualifier l'essence du fait religieux?

Argument: on peut considérer la reconnaissance des droits de l'homme et du citoyen comme l'aboutissement d'un processus historique et donc une création humaine.

Mais, elle se présente avant tout comme une définition de l'essence humaine. Cette reconnaissance joue donc le même rôle qu'une qualification religieuse de l'existence humaine.

Exemple: Tocqueville dans L'Ancien Régime et la Révolution compare la Révolution Française à une révolution religieuse. " Révolution religieuse : prenant leur fondement dans la nature humaine elle-même, elles peuvent être reçues également par tous les hommes et applicables partout." " La Révolution Française a considéré le citoyen d’une façon abstraite, en dehors de toutes les sociétés particulières de même que les religions considèrent l’homme en général, indépendamment du pays et du temps."

Ainsi- La définition que les droits de l'homme et du citoyen donne de l'existence humaine est obligatoire dans la mesure où nous l'acceptons a priori // religion.

Elle a une fonction d'unification sociale pour les nations démocratique // religion.

Par conséquent- La fonction religieuse demeure dans le droit sans que persiste son nom. Car c'est justement contre et à l'intérieur d'une certaine forme de religion que notre droit s'est constitué.

Exemple: Les révolutionnaires français placent la constitution de 1791 sous les auspices de l'Etre suprême.

C)    Le cercle de l'athéisme

Thèse: Ainsi le processus de rationalisation qui conduit à l'examen de la religion a su purifier les formes extérieures du fait religieux en y voyant que différentes créations culturelles et historiques.

Mais, la rationalité – en  tant que libre discussion des préjugés telle qu'on la conçoit au siècle des Lumières – est justement  né du réaménagement structurel de la religion chrétienne.

Argument: La critique de la religion suppose elle-même les formes historiques que la religion chrétienne a mis en place à partir de la Réforme.

Donc- On peut donc considérer que la confiance (con-fides) en la rationalité est elle-même une forme a priori dont la fonction est avant tout social.

En effet- lorsque l'athée critique la religion en faisant de la raison l'essence même de l'homme, il porte un jugement qui se veut absolu et qui a pour fonction de supporter l'identité sociale de la civilisation moderne.

Freud: Psychologie des foules et analyse du moi- La religion consiste à installer à la place de l'idéal du moi un objet commun à tous les membres d'un même groupe, ce qui a pour effet de permettre à chacun de s'identifier à tous les autres.

Ainsi- Les valeurs contemporaines auxquelles nous adhérons spontanément sont autant d'objets d'identification possible qui, de par leur évidence pour nous, masque leur origine historique particulière et contingente:
- droit universel
- rationalité économique
- progrès scientifique

Conclusion: celui qui porte un jugement de valeur sur la religion oublie d'interroger la valeur de ses valeurs. Il est encore aveugle aux déterminations inconscientes qui structurent son appréhension de la réalité sociale.

 Conclusion

 

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