° Rubrique Philo: Capes-Agreg

Aide à la préparation au CAPES -

Rubrique proposée et animée par  François Palacio

Dissertations de philosophie

Faut-il en finir avec la religion?   

(6 heures)

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C) Comment une critique de la religion est possible? 

Problème- La notion d'idéologie semble impliquer que l'on ne puisse, au sein d'une société particulière, s'interroger sur le fondement de sa propre religion puisque c'est elle qui encadre l'activité humaine et donc la possibilité de tout questionnement. Quelle est donc la condition pour que l'on puisse critiquer la religion?

Thèse: La question Faut-il en finir avec la religion? implique un processus historique à l'intérieur duquel nous posons la question. C'est donc de ce processus qu'il nous faut partir.

Argument: C'est de notre propre situation historique, à nous qui  posons la question, qu'il nous faut partir. Nous devons donc interroger la religion qui régna sur l'Europe, la religion catholique.

Étymologie- Catholicos = en grec: universel = une seule humanité, un seul Dieu, une seule religion.

  La religion catholique implique que les prêtres représentent le message du Christ. De ce point de vue toute remise en cause de leur pouvoir correspond à une opposition à Dieu et est susceptible d'une accusation d'hérésie.

Cependant- XVIe s.- Luther, sans toucher au fondement de la foi, remet en cause ce pouvoir (rejet des indulgences). Il refuse tout intermédiaire entre le cœur du croyant et Dieu. La relation à Dieu est une question d'intériorité. Ce rejet a pour conséquence que chaque croyant est libre d'interpréter les textes.

Or- Du fait de la diversité des interprétations, les pays convertis au culte protestant comme l'Angleterre (XVIIe) connaissent la naissance d'une multiplicité de sectes concurrentes. Il faut donc trouver une solution pour éviter les guerres de religion.

Ainsi- naissance du concept de tolérance. Tolérer signifie accepter qu'un autre croit à quelque chose qui m'apparaît comme faux.

John Locke (en 1689) écrit la Lettre sur la tolérance. Il y montre que le pouvoir civil et religieux ont deux objets et deux modes de fonctionnements différents. Le pouvoir politique a pour fin de protéger les biens civils (liberté, propriété) et ne peut se charger du soin des âmes car son moyen d'action est la puissance extérieure. A l'inverse les religions ne peuvent utiliser comme arme contre leurs adversaires que celle qui atteint le fond de l'âme. Du fait qu'on ne peut obliger quelque à croire sincèrement contre sa propre foi,  la seule arme que peut utiliser la religion est la persuasion, c'est à dire le discours et l'argumentation.
Avec la reconnaissance de l'importance de l'intériorité, naît le droit de conscience. Ce droit implique ainsi la liberté de penser.

Par conséquent- Il devient possible  de discuter du dogme et même du bien fondé de la religion.

Exemple: Pierre Bayle présente la figure de l'athée vertueux. Il montre que les principes de la religion ne sont pas suivis par les chrétiens eux-mêmes. En fait la rationalité de partenaires intéressés à leur propre bonheur suffit à assurer le fonctionnement social sans recourir à une sanction morale.

Conclusion: On voit que la possibilité de discuter de la religion et poser la question Faut-il en finir avec elle dépend d'un processus historique au cour duquel il a fallu trouver une solution à la concurrence de plusieurs religions au sein d'une même société. La conséquence de l'invention du concept de tolérance est la possibilité de discuter rationnellement de l'intérêt de la religion, ce que celle exclue a priori. A partir de là, il devient possible de dénoncer l'irrationalité de la religion et sa fonction idéologique.

Transition: Cependant- Du fait que la discussion rationnelle de la religion n'est possible que dans une certaine configuration historique particulière (la Réforme protestante en Occident chrétien), on ne peut exclure que cette rationalité ne soit elle-même un préjugé d'ordre religieux qui loin d'en avoir fini avec la religion l'a plutôt remplacée dans sa fonction.
Il faut donc interroger la religion non pas du point de vue de son opposition à la rationalité qui la critique et tend à s'imposer à sa place mais en se demandant plus clairement à quelle fonction elle répond.
Si en soi la fonction du fait religieux n'est qu'un accident, une création arbitraire, on peut en finir avec elle et l'évacuer au profit d'une maîtrise consciente de nos idées. Mais s'il s'avère que la religion répond à une nécessité de l'existence humaine, il nous faudra nous demander ce que peut signifier que l'on puisse en vouloir en finir avec la religion. Celui qui veut en finir avec elle est-il vraiment conscient de ce qui le pousse à tenir ce discours ou n'est-il pas lui-même le fruit d'une certaine idéologie correspondant à la structure particulière de son époque et de sa culture?

 

 II-  La fonction sociale de la religion

 

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