I-
De la nécessité d'en finir
avec la religion
Que
la nécessité d'en finir avec la religion se présente
à nous comme un problème suppose:
- que
nous sommes encore pris dans le fait religieux
- que
la religion ne va plus de soi
Pourquoi?
En quelle mesure?
Il s'agit d'interroger le processus de sortie de la
religion.
A)
Qu'est-ce que la religion?
Thèse:
la religion comporte un double aspect: à la fois social et
moral, en un mot pratique et un aspect théorique.
Dans
la mesure où elle entend donner une réponse à la question
de l'origine et de la fin dernière de l'existence humaine,
la religion fait appel à un mode d'explication qui dépasse
l'expérience immédiate. A côté d'elle, d'autres modes
d'explications prenant pour base l'expérience humaine
peuvent la concurrencer.
Argument:
Etymologie : religion = re-legere:
-
lier (social)
- cueillir – lire =
re-cueillir autour d'en ensemble de principes dont l'origine
transcendante empêche une remise en cause à partir de
l'expérience directe des hommes.
Exemple:
la loi que Dieu, dans les trois religions du Livre, adresse
aux hommes prend l'aspect d'une révélation surnaturelle.
Dans
la mesure où l'explication qu'elle donne de la finalité de
l'existence humaine doit servir à donner une orientation à
cette existence, l'explication religieuse précède toute
expérience, elle est au-delà de la nature = méta-physique
Or-
de ce fait, si elle est concurrencée par d'autres modes
d'explications qui partent de l'expérience naturelle, elle
doit opposer non des arguments mais le rejet pur et simple.
En
effet-
discuter du dogme serait lui reconnaître une origine
humaine.
Exemple:
Antiquité- Anaxagore condamné pour avoir dit que le soleil
est un astre incandescent et non un dieu.
Socrate
condamné pour impiété
XVIe-
Giordano Bruno brûlé pour avoir affirmé l'infinité de
l'univers créé
XVIIe- Galilée jugé pour hérésie
Conséquence-
En tant qu'elle affirme détenir a priori le monopole de la
vérité sur la question de l'origine et de la nature de
l'Univers, la religion ne se soumet à aucun examen ni
discussion rationnelle.
La
religion est irrationnelle par essence.
B)
La religion
comme idéologie
Transition:
Or, la religion n'a pas pour ultime fin l'explication théorique
de la nature du monde, mais elle fait servir cette
explication à l'organisation d'une communauté liée
par la reconnaissance d'un même corps de règles données
par Dieu aux hommes.
Thèse:
De ce point de vue, la religion a un intérêt avant tout pratique
et vise à organiser l'existence du croyant suivant une
discipline particulière. Dans la mesure où elle exclut de
par sa nature l'examen critique des codes qu'elle prescrit,
la religion sert de justification à une organisation
sociale où la domination du plus grand nombre par les
ministres de Dieu (prêtres et rois) apparaît comme le résultat
de la volonté divine.
Argument:
Cet ensemble de règles justifiant la soumission à un ordre
qu'il est impossible de remettre en cause parce qu'elles
apparaissent constitutives de l'existence humaine, c'est ce
que Marx dénonce comme idéologie.
L'idéologie
conduit à l'adhésion spontanée, par un certain groupe, à
un certain ordre social qui leur paraît absolument nécessaire
alors qu'il s'explique historiquement par une
certaine organisation du pouvoir.
Ainsi-
la religion permet de donner un sens à la soumission du
plus grand nombre sous l'autorité de certains.
Mais
l'idéologie ne consiste pas en une manipulation consciente
de la masse. Ceux-là même qui se trouvent justifiés dans
leur position supérieure sont inconscients de la réalité
idéologique qu'ils défendent. Ils adhèrent au dogme comme
à une vérité absolue. Ils sont eux-mêmes pris dans le
jeu de l'idéologie.
Par
conséquent- A
chaque structure sociale particulière correspond une
religion particulière – d'où la diversité des religions
selon les peuples différents.
Donc-
Derrière chaque religion se cache une réalité matérielle
(infrastructure) qu'il s'agit de mettre en lumière pour démasquer
la fonction idéologique de la religion.
Marx-
" La religion est l'opium du peuple"
Critique
de la philosophie du droit de Hegel- " L'abolition
de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est
l'exigence que formule son bonheur réel. Exiger qu'il
renonce aux illusions sur sa situation, c'est exiger qu'il
renonce à une situation qui a besoin d'illusions ".
Conséquence:
En plus de la nature irrationnelle de son discours sur la
fin de l'existence humaine, la religion produit la
justification d'un ordre de fait exigeant l'obéissance de
ceux qui lui sont soumis. En finir avec la religion serait
synonyme d'émancipation à l'égard d'une réalité mensongère
et injuste.
Transition:
Cependant- On peut se demander comment, si
la religion implique que l'on ne puisse la critiquer, en
arrive-t-on justement à l'interroger et à se demander s'il
faut en finir avec elle?
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