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Épistémologie
- E. Boutroux.
De la contingence des lois de
nature
(1874) Fiche 1 - Fiche 2 - Fiche 3 - Fiche 4 - Fiche 5 - Fiche 6 Site Philagora, tous droits réservés © __________________ La notion et toutes les déterminations qu’elle comporte...C’est
donc d’une manière contingente que se superposent à l’être la notion et
toutes les déterminations qu’elle comporte. Sans doute, dans un syllogisme,
c’est le même terme générique qui est appliqué à l’espèce et à
l’individu contenu dans cette espèce. Mais l’identité n’est que dans les
mots. Car il est impossible de trouver un caractère qui soit exactement le même
dans deux individus. Enfin dans la forme du syllogisme comme dans sa matière, le caractère absolu n’est qu’apparent. On ne peut prétendre établir des rapports exacts de convenance entre des touts et des parties qui, en eux-mêmes, ne sont pas exactement circonscrits. Lorsqu’on dit que Paul, faisant partie de l’espèce « homme », fait a fortiori partie du genre « mortel », lequel contient l’espèce « homme », cela veut simplement dire que, si Paul ressemble, par un grand nombre de côtés, à d’autres êtres déjà comparés entre eux et réunis sous la notion « homme », il est extrêmement probable, pratiquement certain, qu’il leur ressemblera aussi en ce qui concerne la mortalité. Or, pour qu’une telle déduction soit possible, il suffit d’admettre qu’il y a dans la nature des faisceaux de ressemblance tels que, certains groupes de ressemblance étant donnés, il est très probable que certains autres le seront également : c’est proprement la loi de l’analogie. Il
importe de remarquer que la logique, malgré son rôle indispensable, n’est
qu’une science abstraite. Elle ne détermine pas le degré d’intelligibilité
que présentent les choses réelles. Elle
considère la notion en général sous la forme la plus précise que puisse lui
donner l’expérience modifiée par l’abstraction, et elle en déduit les
propriétés suivant une méthode appropriée à l’entendement, c’est à
dire sous l’idée de la permanence de cette notion elle-même. Elle développe
le système des lois qui s’appliquent à des notions quelconques mises en
rapport les unes avec les autres, à supposer que ces notions demeurent
identiques.
N’est-il pas vraisemblable que le principe même de la distribution des phénomènes en genres et en espèces (lequel, dans son usage scientifique, n’est, en définitive, que la forme la plus générale et la plus abstraite des lois de la nature, après le principe de la liaison causale) participe, lui aussi, de l’indétermination et de la contingence ? Ainsi le désordre serait éternel, irrémédiable, si les forces dont se compose le monde, produisant inévitablement leurs effets, n’admettaient, dans toute la série de leurs actions, aucune intervention supérieure. Mais, si la cause est susceptible, dans une certaine mesure, de recevoir une direction, la vertu de la notion ne demeure pas inutile. Elle détermine, dans le monde des forces, une convergence féconde. Elle les amène à produire des choses, au lieu de s’agiter éternellement dans le vide sans réussir à le peupler.
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