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Épistémologie
- E. Boutroux.
De la contingence des lois de
nature
(1874) Fiche 1 - Fiche 2 - Fiche 3 - Fiche 4 - Fiche 5 - Fiche 6 Site Philagora, tous droits réservés © __________________ IntroductionCependant, tout en observant les faits, l’esprit remarque entre eux des liaisons constantes. Il voit que la nature se compose, non de choses isolées, mais de phénomènes qui s’appellent les uns les autres. Il constate que la contiguïté des phénomènes, au point de vue des sens, n’est pas un sûr indice de leur corrélation effective. Il voudrait pouvoir ranger les phénomènes, non dans l’ordre où ils lui apparaissent, mais dans l’ordre où ils dépendent effectivement les uns des autres. L’entendement, placé ainsi au-dessus des sens, prétend d’abord se passer d’eux et construire, à lui seul, la science du monde. Il lui suffira de prendre pour point de départ celles de ses idées qui lui apparaissent comme évidentes par elles-mêmes, et de les développer d’après ses propres lois. Devant l’impossibilité de constituer la science à lui tout seul, l’entendement consent à faire une part aux sens. Les uns observeront les faits, l’autre les érigera en lois. Ch. I- De la nécessité
On ne peut parvenir, par le syllogisme, à la démonstration d’une nécessité réelle, que si l’on rattache toutes les conclusions à une majeure nécessaire en soi. Cette opération est-elle compatible avec les conditions de l’analyse ? Au point de vue analytique, la seule proposition entièrement nécessaire en soi est celle qui a pour formule A = A. Toute proposition dans laquelle l’attribut diffère du sujet laisse subsister un rapport synthétique comme contre partie du rapport analytique. Le syllogisme peut-il ramener les propositions synthétiquement analytiques à des propositions purement analytiques. La
copule et, que l’on emploie dans les propositions ordinaires, n’est
peut-être pas sans rapport avec le signe = L’interposition d’un moyen terme M entre deux termes S et P a pour effet de partager en deux l’intervalle qui résulte de leur différence d’extension. On interposera de même des moyens termes entre S et M, entre M et P, et ainsi de suite jusqu’à ce que les vides soient entièrement comblés. Le passage de S à P sera alors insensible. En poursuivant ce travail, on ira rejoindre l’essence suprême A, et tout y sera rattaché par un lien de continuité. L’expérience, qui ne fournit aucune connaissance universelle dans l’espace et dans le temps, et qui fait seulement connaître les rapports extérieurs des choses, peut bien nous révéler des liaisons constantes, mais non des liaisons nécessaires. Il faut donc, avant tout, qu’une synthèse soit connue a priori pour qu’elle soit susceptible d’être nécessaire. Or on ne peut dire d’aucune fin qu’elle doive nécessairement se réaliser. Car nul événement n’est, à lui seul, tout le possible. Il y a, au contraire, une infinité de possibles autres que l’événement qu’on considère. Il n’en est pas de même de la production d’un effet par sa cause, si le mot cause est pris dans le sens strict de force productrice. La cause proprement dite n’est telle que si elle engendre un effet. De plus, elle agit uniquement en vertu de sa nature, et n’a aucun égard à la valeur esthétique ou morale du résultat.
Et maintenant, cette conception elle-même est-elle définitive ? La
science que peut créer l’entendement opérant sur les données des sens
est-elle susceptible de coïncider complètement avec l’objet à connaître ?
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