° Rubrique Philo: Capes-Agreg

- Fiches d'aide à la préparation au CAPES -
Rubrique proposée et animée par  François Palacio

- Épistémologie

E. Boutroux. De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaine (1925)

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L’illustre naturaliste suédois Linné prend pour point de départ la maxime de Leibniz : Natura non facit saltum. Il pense que les êtres de la nature doivent former une chaîne comme nos pensées mêmes, et que chaque espèce doit être exactement intermédiaire entre deux autres. Ordonner les êtres de telle sorte que cette condition soit remplie, tel est l’objet de la science. Une telle classification est nécessairement unique : c’est la classification naturelle. Elle représente la pensée même du Créateur. Les espèces sont d’ailleurs fixes et distinctes. On ne peut les classer exactement sans les définir avec précision.  Il faut, dans cette vue, prendre en considération tous les caractères que peuvent présenter les animaux et de ces éléments former les types irréductibles réalisés par la nature.

Cependant de nombreux philosophes s’élevaient contre la prétention de ramener l’infinie variété de la nature aux séparations et oppositions de nos idées claires. Pour Buffon, il n’y a pas d’espèces dans la nature : seuls les individus existent. Son mot d’ordre est : « Guerre aux systèmes », c’est à dire aux classifications, dans lesquelles l’esprit croit pouvoir enserrer la nature. L’idée qui domine les théories de G. Saint-Hilaire est l’unité d’un plan de composition de tous les êtres organisés. La nature, selon lui, a formé tous les êtres vivants sur un plan unique, essentiellement le même dans son principe, mais varié de mille manières dans ses parties accessoires.

A Saint-Hilaire s’oppose Cuvier. Le premier partait de l’idée de continuité ; le second déclare ne connaître que les faits et tient pour la discontinuité. Il cherche dans l’anatomie la base de la classification naturelle. Il place dans l’inter-fécondité le signe de l’espèce.
Mais il ne se borne pas à chercher une méthode de classification. Déjà son principe de la subordination des caractères va plus loin que la simple description. Lui aussi cherche les lois de solidarité et de rapports. Tel est son principe de la corrélation des formes, en vertu duquel :

  • 1- aucune partie ne peut changer sans que les autres changent aussi

  • 2- étant donné la forme d’un organe, il est possible de calculer celle des autres.

Jusqu’ici nous avons vu la nature considérée comme un système. Cependant du sein même de la philosophie cartésiano-baconienne s’étaient élevées des doctrines tendant à voir, non plus dans l’ordre immuable, mais dans l’histoire et la genèse des êtres, l’objet suprême des sciences de la nature. Déjà Kant, dans son Histoire naturelle du ciel, déduit la genèse du monde.

L’idéal de classification est la réduction du divers à un seul principe. Mais si les êtres se prêtent à une telle répartition, ne serait-ce pas qu’ils ont une origine commune, et se sont peu à peu diversifiés, comme un arbre, dont le tronc se divise en branches plus ou moins distantes les unes des autres ?

C’est chez Lamarck que cette idée d’une explication génétique de la variété des êtres est pour la première fois nettement conçue. Ainsi Lamarck explique la variabilité par l’adaptation, tandis que Darwin explique l’adaptation par la variabilité ; mais tous deux obéissent à la même préoccupation : expliquer la genèse des êtres et l’expliquer mécaniquement.  
En résumé, tandis qu’Aristote cherchait des lois de finalité, Linné, Saint-Hilaire et Cuvier des lois de coexistence, la doctrine moderne de l’évolution poursuit des lois de causalité ; elle prétend atteindre à l’origine et non pas seulement aux rapports de solidarité, et cela en dehors de toute considération métaphysique. L’origine pour elle est la génération dans le temps.

III-  Les lois biologiques (suite et fin)

  Dans l’Antiquité, le point de vue métaphysique domine ; les espèces sont rattachées au principe qui, pour la pensée, rend raison de leur existence, et ce principe est le type, comme cause finale. De nos jours, les disciples de Lamarck et Darwin reprennent la question d’origine mais cela au point de vue historique et non plus métaphysique, et cherchent à dresser l’arbre généalogique des espèces. Quelle est la signification philosophique du débat relatif aux espèces ?
Les espèces ont-elles une commune origine et descendent-elles l’une de l’autre par voie de génération ? La question ainsi posée est exclusivement scientifique.

IV- Les lois psychologiques

V- Les lois psychologiques (suite et fin)

VI- Les lois sociologiques

VII- Conclusion

La science établit-elle, ou se borne-t-elle à suppose que le fond des choses est exclusivement mathématique ? Le déterminisme moderne repose sur les deux assertions suivantes :
1- Les mathématiques sont parfaitement intelligibles et sont l’expression d’un déterminisme absolu
2- Les mathématiques s’appliquent exactement à la réalité, au moins en droit et dans le fond des choses.

Mais les objets des différentes sciences ne se laissent pas entièrement pénétrer par les mathématiques, et les lois fondamentales de chaque science nous apparaissent comme les compromis les moins défectueux que l’esprit ait pu trouver pour rapprocher les mathématiques de l’expérience.
Il y a donc, d’une manière générale, deux sortes de lois : les unes, qui tiennent davantage de la liaison mathématique et impliquent une forte élaboration et épuration des concepts ; les autres, qui sont plus voisines de l’observation et de l’induction pure et simple. Les premières expriment une nécessité rigoureuse, sinon absolue, mais restent abstraites et incapables de déterminer le détail et le mode de réalisation effective des phénomènes. Les secondes portent sur le détail et sur les relations qu’ont entre eux les ensembles complexes et organisés : elles sont beaucoup plus déterminantes que les premières ; mais n’ayant d’autre fondement que l’expérience et reliant entre eux des termes tout à fait hétérogènes, elles ne peuvent être tenues pour nécessitantes.

En résumé, d’une part les mathématiques ne sont nécessaires que par rapport à des postulats dont la nécessité n’est, en définitive, qu’hypothétique. D’autre part, l’application des mathématiques à la réalité n’est et ne semble ne pouvoir être qu’approximative. Qu’est-ce, dans ces conditions, que la doctrine du déterminisme ? C’est une généralisation et un passage à la limite. Certaines sciences concrètes approchent de la rigueur mathématique : on suppose que toutes sont appelées à acquérir la même perfection

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