° Rubrique Philo: Capes-Agreg

- Fiches d'aide à la préparation au CAPES -
Rubrique proposée et animée par  François Palacio

- Épistémologie

Bacon -  Du progrès et de la promotion des savoirs divin et humain-  (1605)

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Livre second. (suite)

p. 131 : Pour ce qui est de la prudence naturelle, c’est à dire de la partie opératoire de la philosophie naturelle, nous la diviserons en trois : une partie expérimentale, une partie philosophique et une partie magique. Il y a une correspondance et une analogie entre ces trois parties actives et les trois parties spéculatives (histoire naturelle, physique et métaphysique).

 La fable d’Ixion figura bien cette espèce de savoir (magie) : Ixion avait dessein de jouir de la possession de Junon, la déesse du pouvoir, mais ce fut avec un nuage, non avec elle, qu’il copula ; de cette rencontre naquirent les centaures et les chimères.

 A cette magie naturelle, si nous la prenons sérieusement et sans inclination pour les vanités et le discours séduisant, appartiennent, outre le fait de tirer et déduire les opérations elles-mêmes de la métaphysique, deux points très pertinents, l’un comme préparation, l’autre comme précaution. Le premier point est celui-ci : que l’on fasse un répertoire qui ressemble à un inventaire, un état des biens de l’homme qui contienne toutes les inventions qui existent maintenant et que l’homme possède déjà.

Deuxième point : que l’on estime non seulement les expériences qui auraient une utilité immédiate et actuelle, mais principalement celles qui tirent à conséquence, de la manière la plus universelle, pour l’invention d’autres expériences.

p. 138 : A présent, nous avons traité de deux des trois rayons de la connaissance de l’homme : le radius directus (le rayon direct), qui a trait à la nature ; le radius refractus (le rayon réfracté) qui a trait à Dieu, et qui ne peut renseigner de manière véridique, à cause de l’hétérogénéité du milieu. Il reste le radius reflexus (le rayon réfléchi), par lequel l’homme se regarde et se considère. De façon générale, il faut poser en principe que toutes les partitions des savoirs doivent être prises plutôt comme des lignes ou des veines que comme des sections ou des séparations ; le caractère continu et entier du savoir doit dont être conservé.

p. 139 : La philosophie de l’homme a deux parties : la première considère l’homme séparé de toute association, c’est à dire chacun pris isolément ; la seconde l’homme assemblé ou en société. Pour ce qui est de la philosophie de l’homme qui a trait au particulier, elle est formée des mêmes parties que l’homme lui-même, c’est à dire de savoirs qui concernent le corps et de savoirs qui concernent l’esprit.

p. 154 : La connaissance de l’homme qui concerne l’esprit se divise en deux parties : l’une recherche quelle est la substance ou nature de l’âme ou de l’esprit ; l’autre recherche quelles en sont les facultés ou fonctions. La philosophie humaine qui traite des facultés de l’esprit de l’homme a deux parties, l’une concernant la raison, l’autre étant une philosophie morale.

p. 165 : Admettons que certains principes ou axiomes ait été correctement induits ; il est néanmoins certain qu’on ne peut, en matière de nature, en déduire des propositions moyennes par syllogisme, c’est à dire en mettant celles-ci en rapport avec, et en les ramenant aux principes, grâce à un moyen terme. Mais la complexité de la nature et de ses opérations ne se laisse pas enchaîner par de tels liens. Car les arguments se composent de propositions, et les propositions de mots ; or les mots ne sont que les marques ou les signes communément acceptés des notions populaires des choses.
L’erreur principale des Néo-Académiciens était d’attribuer l’illusion aux sens ; or, ceux-ci sont tout à fait suffisants pour certifier et rapporter la vérité, pas toujours immédiatement, certes, mais grâce à des comparaisons ou avec l’aide d’instruments. En tout cas ils auraient dû imputer l’illusion à la faiblesse des pouvoirs intellectuels et à la manière dont l’esprit regroupe les informations apportées par les sens puis en tire les conclusions.

p. 173 : Le fait de distribuer les choses en diverses familles, que nous appelons des catégories et des prédicaments, ne constitue rien d’autre qu’une précaution prise contre la confusion des définitions et des divisions. Car l’esprit de l’homme est loin d’être de la même nature qu’un miroir lisse et limpide, où les rayons des choses seraient réfléchis selon leur incidence véritable ; bien au contraire, il ressemble plutôt à un miroir enchanté, plein de superstitions et d’impostures, tant qu’il n’est pas délivré de celles-ci et remis en ordre.  
On a peine à croire combien de fictions et de fantasmagories ont été intégrées à la philosophie naturelle, par analogie avec les actions humaines et les arts, à cause du statut de mesure commune attribuée à l’homme.
C’est qu’elles sont bien différentes, l’harmonie qui est dans l’esprit de l’homme et celle qui est dans l’esprit de la nature.

 p. 176 : Bien que nos personnes vivent avec le ciel à portée du regard, cependant nos esprits sont confinés chacun dans la caverne de sa constitution et de ses habitudes propres, qui nous administrent des erreurs infinies et de vaines opinions, tant qu’on ne les reconvoque pas devant soi pour les examiner. Il est donc nécessaire, dans toutes les controverses ou débats, d’imiter la sagesse des mathématiciens, c’est à dire de fournir dès le départ la définition de nos mots et de nos termes, pour que les autres sachent comment nous les comprenons et entendons, et qu’ils puissent dire si oui ou non ils s’accordent avec nous là-dessus.  Les mots en effet sont comme des pièces de monnaie ayant cours ; ils sont reçus comme des bons pour les concept, de même que les espèces sonnantes et trébuchantes sont acceptées pour des valeurs. Il est important que les gens sachent que les pièces de monnaie peuvent être autre chose que de l’or ou de l’argent.

 p. 200 : Dans ce cabinet général du savoir, il était nécessaire pour moi de suivre les divisions selon la nature des choses, alors que si j’avais eu moi-même à traiter d’un savoir particulier, j’aurai respecté les divisions les plus commods pour l’usage que j’en aurais eu à en faire.

p. 221 : Le premier article qui concerne la culture des âmes a trait à ceci : il faut établir des descriptions et des distributions sérieuses et véritables des divers caractères ou tempéraments qui sont ceux des natures et dispositions des hommes. Ceci doit être fait en prêtant tout particulièrement attention aux différences qui sont les plus fondamentales en tant qu’elles sont sources et causes du reste, ou en tant qu’elles entrent le plus fréquemment dans la composition ou mélange (qui constitue les natures humaines). Ce n’est pas en traitant, comme en passant, de quelques-uns de ces tempéraments, au lieux pour décrire les justes milieux qui constituent les vertus, qu’on peut remplir ce projet.
De même que dans la médecine du corps, l’ordre veut qu’on commence par connaître les différents tempéraments et constitutions, puis les maladies, puis enfin les thérapeutiques, de même, dans la médecine de l’âme, après avoir pris connaissance des divers caractères de la nature humaine, l’étape suivante est de connaître les maladies et les infirmités de l’esprit, qui ne sont rien d’autre que des perturbations et des dérèglements des passions. 
Pour ce que je peux en juger par ce qui nous est parvenu de seconde main, les Stoïciens ont pris plus de peine sur ce point. Mais ce fut, comme toujours, à leur manière, c’est à dire que leurs efforts ont abouti davantage à des définitions subtiles (qui, pour un sujet pareil, ne sont que des finasseries) plutôt qu’à des descriptions et des remarques actives et larges.

p. 292 : Ainsi j’ai modelé une sorte de petit globe du monde intellectuel, avec autant de fidélité et de vérité que j’ai pu en découvrir. J’ai noté et décrit des parties qui m’ont semblé ne pas être fermement occupées ou ne pas être bien cultivées par le travail de l’homme. Si en cela je me suis parfois écarté de ce qui est couramment reçu, ce fut dans l’intention de procéder en mieux et non différemment, dans un esprit qui tende à l’amélioration et au développement, non au changement et à la transformation.

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