° Rubrique Philo: Capes-Agreg

- Fiches d'aide à la préparation au CAPES -
Rubrique proposée et animée par  François Palacio

- Épistémologie

Bacon -  Novum Organum 
(1620)

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II ème partie

§1- Sur un corps donné, faire naître et apposer une ou plusieurs natures nouvelles, c’est l’œuvre et la fin de la puissance humaine. D’une nature donnée, inventer la forme ou la différence vraie ou la nature naturante ou la source d’émanation, c’est l’œuvre et la fin de la science humaine. Or, à ces deux premières œuvres, sont subordonnées deux œuvres secondaires, de moindre degré : d’abord, la transformation des corps concrets les uns dans les autres, autant qu’il est possible ; ensuite, l’invention, dans toute génération et mouvement, du progrès latent poursuivi sans interruption depuis l’efficiente et la matière manifestes jusqu’à la forme conférée ; et, semblablement, l’invention du schématisme latent des corps au repos et non en mouvement.

§2- Quoique dans la nature rien n’existe vraiment que des corps individuels accomplissant des actes purs individuels d’après une loi, dans la connaissance de cette loi elle-même, sa recherche, son invention, son explication, valent comme fondement, tant pour la science que pour l’opération. Or c’est cette loi et ses articles que nous entendons sous le nom de forme.

§3- Connaître la cause d’une nature dans certains sujets seulement, c’est posséder une science imparfaite ; pouvoir appliquer un effet sur certaines matières seulement c’est posséder une science également imparfaite. Or celui qui ne connaît que les causes efficiente et matérielle peut parvenir à des inventions nouvelles dans une matière assez semblable et sélectionnée, mais il ne déplace pas les délimitations, plus profondément ancrées, des choses. Mais celui qui connaît les formes, celui-là embrasse l’unité de la nature dans des matières très différentes ; c’est pourquoi, il peut dégager et mettre en lumière des choses qui n’ont pas été produites et telles que ni la nature par ses vicissitudes, ni l’industrie par ses expériences, ni le hasard même ne les aurait jamais portée à l’acte, telle encore que la pensée humaine n’y aurait jamais songé. De l’invention des formes suivent donc la spéculation vraie et l’opération libre.

§4- Pour tout précepte d’opération, vrai et parfait, on formulera l’exigence suivante : qu’il soit certain, libre et disposant ou portant à l’action. Mais il en va de même avec l’invention de la forme vraie. Car la forme d’une nature est telle que, si elle est posée, la nature donnée suit infailliblement. C’est pourquoi elle est toujours présente quand cette nature est présente ; elle l’affirme universellement et lui est inhérente en tous cas.

Pour tout axiome de connaissance vrai et parfait, on formulera l’exigence suivante : qu’on invente une autre nature qui soit convertible avec la nature donnée et qui soit cependant la limitation d’une nature plus connue, comme d’un genre vrai.

§6- Ce progrès latent est tout autre chose que ce qui peut se présenter immédiatement à l’esprit des hommes. Nous n’entendons pas par là certaine mesure, signes ou échelles de progrès, visibles dans les corps, mais bien un progrès continu qui échappe presque entièrement aux sens. 

§7- La recherche et l’invention du schématisme latent dans les corps est chose aussi nouvelle que l’invention du progrès latent et de la forme. En effet, nous en sommes encore à nous attarder dans le vestibule de la nature, sans nous ménager un accès vers l’intérieur. Il n’est pas possible de pourvoir un corps donné d’une nouvelle nature ou de réussir à le transmuter de façon appropriée en un nouveau corps, si l’on n’a pas au préalable acquis la juste connaissance du corps à altérer ou à transformer.

§9- La recherche des formes, qui sont éternelles et immobiles, constituera la métaphysique ; la recherche de la cause efficiente, de la matière, du progrès latent, du schématisme latent (toutes choses qui concernent le cours commun et ordinaire de la nature et non les lois fondamentales et éternelles), constituera la physique. Et on leur subordonnera respectivement une science pratique : à la physique, la mécanique ; à la métaphysique la magie (le mot étant épuré), que je nomme ainsi en considération de la largeur de ses voies et de son plus grand empire sur la nature.

§10- Les directives pour l’interprétation se répartissent en deux genres : le premier qui traite de l’extraction et du dégagement des axiomes à partir de l’expérience ; le second de la déduction et de la dérivation de nouvelles expériences à partir des axiomes. Et le premier se divise à son tour en trois parties, c’est à dire en trois sortes d’assistances : l’assistance aux sens, l’assistance à la mémoire, l’assistance à l’esprit ou à la raison. 

 vers: l’esprit laissé à lui-même ...

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