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Fiches
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Épistémologie
- Bacon
- Novum
Organum
Fiche 1 - Fiche 2 - Fiche 3 - Fiche 4 - Fiche 5 - Fiche 6 Site Philagora, tous droits réservés © __________________ Ie partie - Aphorismes concernant l’interprétation de la nature et le règne de l’homme.§86-
A en juger par leur forme méthodique et leurs divisions,
les sciences paraissent embrasser et enclore absolument tout
ce qui peut appartenir au sujet. Et, bien que ces membres de
divisions soient mal remplis et comme autant de boîtes
vides, cependant, pour l’entendement commun, ils présentent
la forme et le plan d’une science complète. §88-
Est-il rien de moins judicieux que de sonder la nature
d’une chose dans la chose même, puisque la même nature,
qui semble cachée et dissimulée en certaines choses, est
manifeste et presque palpable en d’autres ;
puisqu’elle provoque l’admiration dans les premières et
n’attire même pas l’attention dans les secondes ?
En fait,
ces choses mêmes, qu’on tient pour secrètes, ont
ailleurs une nature manifeste et commune ; et cette
nature ne se laissera pas appréhender si les expériences
et les spéculations des hommes se limitent à ces choses
seulement. §94-
Mais s’ils ont fait erreur sur la voie elle-même et
s’ils se sont dépensés à des tâches complètement
vaines, il s’ensuit que la difficulté ne naît pas des
choses mêmes, lesquelles ne sont pas en notre pouvoir, mais
de l’entendement humain, de son usage et de son
application ; ce qui se prête à un remède et à une
médecine. C’est pourquoi le mieux sera d’exposer ces
erreurs mêmes : car autant d’obstacles elles ont
dressés dans le passé, autant de motifs nous avons d’espérer
pour l’avenir.
§98-
On ne trouve rien dans l’histoire naturelle qui ait été
recherché, vérifié, nombré, pesé, mesuré par des
moyens requis : or tout ce qui est indéfini et vague
dans l’observation, devient trompeur et traître dans
l’information.
Autre est
la méthode d’une histoire naturelle composée pour elle-même,
autre celle d’histoire naturelle assemblée pour informer
l’entendement, en vue de la fondation de la philosophie.
Ces deux histoires diffèrent à bien des égards, mais
surtout en ceci : la première renferme la variété
des espèces naturelles, et non les expériences des arts mécaniques.
De même en effet que dans la vie publique le naturel d’un
individu et la disposition cachée de son esprit et de ses
passions se découvrent mieux lorsqu’il est plongé dans
le trouble, de même les opérations cachées de la nature
se livrent mieux sous le tourment des arts que dans le cours
ordinaire. §99-
Mais l’espoir d’un progrès ultérieur des sciences sera
bien fondé, quand dans l’histoire naturelle on
recueillera et amassera une foule d’expériences qui par
elles-mêmes ne sont d’aucun usage, mais qui prêtent à
la seule invention des causes et des axiomes. Expériences,
que nous appelons lumineuses, pour les distinguer des
fructueuses. Les premières ont en elles une vertu et une
propriété remarquable : ne jamais tromper ni décevoir.
En effet, comme leur emploi ne vise pas à produire une œuvre,
mais à dévoiler en quelque chose une cause naturelle, peu
importe le résultat ; elles répondent également au
but recherché, en mettant un terme à la question. §102-
La foule des particuliers formant une armée si nombreuse et
étant à ce point disséminée et éparpillée qu’elle égare
et disperse l’entendement, on ne devra pas bien espérer
des escarmouches, des mouvements légers, des
reconnaissances que ce dernier peut mener ; à moins
que par des tables d’inventions appropriées, justement
distribuées et pour ainsi dire vivantes, on ne range et
coordonne les particuliers qui se rapportent au sujet de la
recherche, et que l’esprit ne s’applique aux aides ainsi
ménagées et disposées par ces tables. §105-
L’induction, qui sera utile à l’invention et à la démonstration
des sciences et des arts, doit entreprendre de séparer la
nature, par les rejets et les exclusions obligées, puis après
un nombre suffisant de négatives, conclure sur les
affirmatives. §106-
Mais en établissant les axiomes par cette induction, il
faut également examiner et vérifier si l’axiome établi
est seulement adapté et taillé à la mesure des
particuliers dont il est tiré, ou s’il est plus large et
plus étendu. Et, s’il est plus large et plus étendu, il
nous faut voir s’il confirme cette largeur et cette
extension par la désignation de nouveaux particuliers qui
lui servent de caution. §122-
Notre méthode d’invention des sciences tend à égaliser
les talents et laisse peu à leur excellence propre :
elle accomplit tout par les règles et les démonstrations
les plus sûres. §124-
Nous bâtissons dans l’entendement humain le modèle vrai
du monde, tel qu’il se découvre et non tel que sa raison
propre l’aura dicté quiconque. Or ceci ne peut être mené
à bien sans qu’ait été faite du monde la dissection et
l’anatomie la plus exacte.
Que les
hommes sachent quelle différence il y a entre les idoles de
l’esprit humain et les idées de l’esprit divin. Les
premières ne sont rien que des abstractions arbitraires ;
les secondes sont les vraies marques du Créateur sur les créatures,
empreintes et déterminées dans la matière par des lignes
vraies et choisies. §126-
Ce que nous avons en vue et proposons n’est pas
l’acatalepsie, mais l’eucatalepsie : nous n’ôtons
pas aux sens, mais nous les assistons ; nous ne méprisons
pas l’entendement, mais nous le gouvernons. §127-
C’est de l’ensemble des sciences que nous entendons ce
que nous avons dit ; et de même que la logique
commune, qui gouverne les choses par syllogisme, ne
s’adresse pas seulement aux sciences naturelles, mais à
toutes sans exception, de même notre logique, qui procède
par induction, a une portée universelle.
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