° Rubrique Philo: Capes-Agreg

- Fiches d'aide à la préparation au CAPES -
Rubrique proposée et animée par  François Palacio

- Épistémologie

Bacon -  Novum Organum 
(1620)

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Ie partie - Aphorismes concernant l’interprétation de la nature et le règne de l’homme.

§66- L’entendement humain est corrompu par la vue de ce qui se fait dans les arts mécaniques, où l’altération des corps est opérée le plus souvent par composition ou séparation, en sorte qu’on imagine que quelque chose de semblable se passe dans la nature des choses, prise dans son ensemble.
Mais c’est une faute bien pire encore, que d’examiner et d’étudier les principes quescients, à partir desquels les choses sont faites, et non les principes mouvants, par lesquels elles sont faites. Les premiers prêtent aux discours, les seconds aux œuvres.
Et le mal n’est pas moindre quand les philosophes, dans leurs spéculations,  consacrent leurs soins à la recherche et au traitement des principes des choses et des fins dernières de la nature, alors que toute l’utilité et la puissance d’opération résident dans les causes moyennes.

§69- Mais les démonstrations défectueuses sont comme les remparts et les défenses des idoles. Celles que nous trouvons dans la dialectique ont pour effet ordinaire de livrer et d’asservir complètement le monde aux pensées humaines, et les pensées humaines aux mots.

§70- La meilleur démonstration est de loin l’expérience, pourvu qu’elle tienne ferme à cela même qui est expérimenté. Car, si elle est étendue à d’autres cas qui sont jugés semblables sans que cette extension soit faite de manière réglée et ordonnée, elle est alors fallacieuse.  

 Dans la véritable carrière de l’expérience et dans son prolongement vers de nouvelles œuvres, c’est la Sagesse même de Dieu et son ordre qu’il convient de prendre pour modèle. Dieu, le premier jour de la création, ne créa que la lumière et consacra à cette œuvre une journée entière, à l’exclusion de toute œuvre matérielle. De même, à partir d’une expérience variée, il faut en premier lieu s’élever à l’invention des causes et des axiomes vrais, et chercher des expériences lumineuses, non des expériences fructueuses. Et les axiomes s’ils sont correctement inventés et établis, pourvoient la pratique de moyens abondants, sans limitation, et entraînent derrière eux des colonnes et des foules d’œuvres.

§72- (Signes montrant le triste état d’avancement de la science). Les signes qui peuvent être pris de la nature du temps et de l’époque ne sont guère meilleurs que ceux tirés de la nature du lieu ou du caractère national. 

§73- De tous les signes, le plus sûr et le plus noble est celui qui se mesure aux fruits. Car les fruits et les œuvres inventées servent, en quelque sorte, de garants et de répondants à la vérité des philosophies.
La doctrine doit être jugée par ses fruits et être réputée vaine si elle est stérile ; et cela à plus forte raison, si, à la place des fruits de la vigne et de l’olivier, elle produit les piquants et les épines des disputes et des controverses.  
 

§74- Il faut aussi prendre pour signes les progrès et les accroissements des philosophies et des sciences. Car celles qui sont fondées sur la nature croissent et augmentent ; mais celles qui reposent sur l’opinion varient et ne sont pas augmentées. 

§79- (Etude des causes). Même aux époques où les talents et les lettres fleurirent avec un très grand, ou du moins avec un certain éclat, la philosophie naturelle se vit attribuer la plus petite part dans le soin des hommes. Et pourtant c’est elle qu’il faut regarder comme la grande mère des sciences.

§81- Il n’est pas possible de s’avancer droit dans la carrière, quand le but lui-même n’a pas été correctement posé et dressé. Or le but véritable et légitime des sciences n’est autre que de doter la vie humaine d’inventions et de ressources nouvelles.

§82- L’ordre véritable de l’expérience est d’allumer d’abord un flambeau puis, à la lumière de celui-ci, de montrer la route en commençant par une expérience ordonnée et classée, sans aucune interversion ni dispersion, en tirant d’elle ensuite des axiomes, et, réciproquement, en tirant des axiomes ainsi établis de nouvelles expériences.

§84- S’y ajoute le respect pour l’antiquité.

Cet âge qui par rapport à nous est le plus ancien et le plus avancé, fut par rapport au monde lui-même le plus nouveau et le plus précoce.

 vers:  les sciences paraissent embrasser et enclore absolument tout ce qui peut appartenir au sujet

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