° Rubrique Philo: Capes-Agreg

- Fiches d'aide à la préparation au CAPES -
Rubrique proposée et animée par  François Palacio

- Psychologie -

"Cinq leçons de psychanalyse" - S. Freud (1909 – trad. 1924)

Pages: 1 - 2 - 3 - 4 -

Site Philagora, tous droits réservés ©

__________________

Quatrième leçon - Les complexes pathogènes. Les symptômes morbides sont liés à la sexualité. La sexualité infantile. L’auto-érotisme. La libido et son évolution. Perversion sexuelle. Le complexe d’Œdipe.

  La première découverte à laquelle la psychanalyse nous conduit, c’est que, régulièrement, les symptômes morbides se trouvent liés à la vie amoureuse du malade; elle nous montre que les désirs pathogènes sont de la nature des composantes érotiques et nous oblige à considérer les troubles de la vie sexuelle comme une des causes les plus importantes de la maladie.

  Cessez donc de douter, et voyez plutôt comment ces phénomènes se manifestent dès les premières années. L’instinct sexuel de l’enfant est très compliqué ; on peut y distinguer de nombreux éléments, issus de sources variées. Tout d’abord, il est encore indépendant de la fonction de reproduction au service de laquelle il se mettra plus tard. Il sert à procurer plusieurs sortes de sensations agréables que nous désignons du nom de plaisir sexuel par suite de certaines analogies.

   Une autre satisfaction sexuelle de cette première époque est l’excitation artificielle  des organes génitaux, qui conserve pour la suite de la vie une grande importance et que certains individus ne surmontent jamais complètement. A côté de ces activités auto-érotiques, et d’autres du même genre, se manifestent, très vite, chez l’enfant, ces composantes instinctives du plaisir sexuel, ou comme nous l’appelons volontiers, de la libido, qui exigent l’intervention d’une personne étrangère.

  Ces instincts se présentent par groupes de deux, opposés l’un à l’autre, l’un actif et l’autre passif, dont voici les principaux : le plaisir de faire souffrir (sadisme) avec son opposé passif (masochisme) ; le plaisir de voir et celui d’exhiber (du premier se détachera plus tard l’exhibition artistique et dramatique). D’autres activités sexuelles de l’enfant appartiennent déjà au stade du choix de l’objet, choix dans lequel une personne étrangère devient l’essentiel. Dans les premiers temps de la vie, le choix de cette personne étrangère dépend de l’instinct de conservation. La différence des sexes ne joue pas le rôle décisif dans cette période infantile. Sans crainte d’être injuste, on peut attribuer à chaque enfant une légère disposition à l’homosexualité.    

 D’une part, les tendances se soumettent à la suprématie de la zone génitale, processus par lequel toute la vie sexuelle entre au service de la reproduction, et la satisfaction des premières tendances n’a plus d’importance qu’en tant qu’elle prépare et favorise le véritable acte sexuel. D’autre part, le désir d’une personne étrangère chasse l’auto-érotisme, de sorte que, dans la vie amoureuse, toutes les composantes de l’instinct sexuel tendent à trouver leur satisfaction auprès de l’être aimé. Mais toutes les composantes instinctives primitives ne sont pas autorisées à prendre part à cette fixation définitive de la vie sexuelle.

Avant l’époque de la puberté, sous l’influence de l’éducation, se produisent des refoulements très énergiques de certaines tendances ; et des puissances psychiques comme la honte, le dégoût, la morale, s’établissent en gardiennes pour contenir ce qui a été refoulé. Et, lorsque à la puberté surgit la grande marée des besoins sexuels, ceux-ci trouvent dans ces réactions et ces résistances des digues qui les obligent à suivre les voies dites normales et les empêchent d’animer à nouveau les tendances victimes du refoulement. Ce sont les plaisirs coprophiles de l’enfance, c’est à dire ceux qui ont rapport aux excréments ; c’est ensuite l’attachement aux personnes qui avaient été choisies comme objet aimé.

  Il y a en pathologie générale, un principe qui nous rappelle que tout processus contient les germes d’une dispositions pathologiques, en tant qu’il peut être inhibé, retardé ou entravé dans son cours. Il en est de même pour le développement si compliqué de la fonction sexuelle.

  Il peut arriver que les instincts partiels ne se soumettent pas tous à la domination des zones génitales ; un instinct qui reste indépendant forme ce qu’on appelle une perversion et substitue au but sexuel normal sa finalité particulière.

  Les névroses sont aux perversions ce que le négatif est au positif ; en elles se retrouvent, comme soutiens des complexes et artisans des symptômes ; les mêmes composantes instinctives que dans les perversions ; mais ici, elles agissent du fond de l’inconscient ; elles ont donc subi un refoulement, mais ont pu, malgré lui, s’affirmer dans l’inconscient.

  Revenons à l’évolution sexuelle de l’enfant. Il nous faut réparer bien des oublis, du fait que nous avons porté notre attention sur les manifestations somatiques plutôt que sur les manifestations psychiques de la vie sexuelle.

  Les rapports de l’enfant avec les parents, comme le prouve l’observation directe de l’enfant et l’étude analytique de l’adulte, ne sont nullement dépourvue d’éléments sexuels. L’enfant prend ses deux parents, et surtout l’un d’eux, comme objet de désirs. D’habitude, il obéit à une impulsion des parents eux-mêmes, dont la tendresse porte un caractère nettement sexuel, inhibé il est vrai dans ses fins.

  Mais ces sentiments ne sont pas seulement positifs, c’est à dire tendres : ils sont aussi négatifs, c’est à dire hostile. Le complexe ainsi formé est condamné à un refoulement rapide ; mais du fond de l’inconscient, il exerce encore une action importante et durable. Nous pouvons supposer qu’il constitue, avec ses dérivés, le complexe central de chaque névrose, et nous nous attendons à le trouver non moins actif dans les autres domaines de la vie psychique;  le mythe du roi Œdipe qui tue son père et prend sa mère pour femme est une manifestation peu modifiée du désir infantile contre lequel se dresse plus tard, pour le refouler, la barrière de l’inceste.

  Il est inévitable et tout à fait logique que l’enfant fasse de ses parents l’objet de ses premiers choix amoureux. Toutefois, il ne faut pas que sa libido reste fixée à ces premiers objets ; elle doit se contenter de les prendre plus tard comme modèles et, à l’époque du choix définitif, passer de ceux-ci à des personnes étrangères. L’enfant doit se détacher de ses parents : c’est indispensable pour qu’il puisse jouer son rôle social. 

Vers Cinquième leçon- Nature et signification des névroses.

 

 

 

° Rubrique Philo: Capes-Agreg

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express