Aller au
théâtre, c'est aller assister de manière active à un
spectacle.
Le texte écrit avec ses indications en marge des dialogues (didascalies)
et ses dialogues est le fondement de la représentation, sa
condition nécessaire. Mais cette condition n'est pas suffisante. D'un
metteur en scène à un autre, c'est le même texte, mais le
spectacle peut être autre par la magie d'une mise en scène, par
celle des acteurs et par celle des spectateurs. Pour
que le spectacle se déroule, il faut donc des acteurs, une
scène, des spectateurs qui vibrent à l'unisson et un meneur de
jeu: le metteur en scène. Perce qu'il y a une distance entre le
texte écrit et ce qui se déroule sur la scène, il faut une
sorte de chef d'orchestre ou metteur en scène qui assure le
passage du texte, sa transformation en spectacle représenté. On
peut considérer le metteur en scène comme celui qui traduit le
texte écrit en spectacle sonore et visuel et met dans cette
traduction une part de lui même: cela suppose une vision
personnelle et créative, imaginative, grâce à laquelle le
passage peut s'effectuer; le miracle se produit lorsque le metteur
en scène reste fidèle au texte et fidèle au meilleur de lui
même. Entre
le texte et la représentation, il y a un second médiateur:
l'acteur a la tâche de faire vivre le texte selon le ton de
sa diction mais aussi par la grâce de l'expression corporelle.
Lui aussi doit être fidèle à lui même tout en épousant
l'esprit du texte.
A cela il convient d'ajouter le spectateur sans lequel il
n'y aurait ni représentation ni spectacle. Il faut que le
théâtre reste rempli... La
mise en scène vise en effet à toucher le spectateur de
l'époque. Le spectateur peut s'identifier à un personnage ou
même à l'intégralité du spectacle si ce dernier exprime la
condition humaine: il peut vivre une autre vie en le sachant, et
parfois prendre de la distance, d'où la fonction purificatrice
du théâtre. Les éléments sonores (dialogues) et visuels
(expression corporelle) se correspondent alors pour se réfléchir
dans la sensibilité et l'entendement du spectateur. On
comprend mieux que Molière ait pu écrire que "Les
comédies ne sont faites que pour être jouées.".
Serait-ce que la lecture serait inutile? Bien sûr que non. Dans
la lecture d'une pièce de théâtre le lecteur du texte devient
metteur en scène, acteur et ... spectateur. Pour cela il suffit
que le texte soit lu à voix haute, et d'un peu d'imagination... Résumons:
Le metteur en scène ne saurait être un traducteur d'idées, il
participe à l'invention de la vie. Tirer le meilleur des acteurs
consiste à les aider à vivre personnellement leur rôle dans la
fidélité au texte. Rien ne peut être fait sans ce que que
Cocteau appelle le collier des spectateurs. Sur
l'importance de l'acteur et du spectateur voir, en texte
complémentaire :
L'Aigle
à deux têtes
Cocteau a réveillé le théâtre qui
se berçait de mots et d'idées....
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