Comment voit-on
le monde de la cour?
A travers la vision de Madame de Chartres, de la reine, du récit. Madame
de Chartres, mère du personnage central, et la reine, nous aident
à répondre:
Les propos de la
reine confirment ce point de vue. "Je souffre (supporte
) en apparence, sans beaucoup de peine, l'attachement du roi
pour la duchesse de Valentinois; mais il ( l'attachement) m'est
insupportable."
Pourquoi porter un
masque?
A cause de l'insistance des regards inquisiteurs dans un milieu
où nul ne peut se cacher, disparaître devant les autres. La
reine nous permet de répondre à cette question: "On vous
observe, on sait les lieux où vous voyez votre maîtresse, on a
dessein de vous y surprendre." On est loin de l'intimité
du refuge donné par la nature que peindra la seconde partie du
roman. A la cour règne une curiosité tournée vers tous et qui
s'exerce sans cesse. Il s'agit d'échapper à la monotonie de
l'étiquette, en dénonçant de petits scandales. On guette
particulièrement les amours secrètes qui se nouent, les
réactions provoquées par le sentiment, chez celui qui le
ressent.
"Il ne put cacher sa surprise", dit le
narrateur en parlant de monsieur de Clèves.
L'insincérité est
le refus du temps vivant.
Quelles sont les
valeur de ce monde de la cour?
L'éclat, la naissance, la fortune et le mérite, mais aussi le
devoir.
Vision du temps:
d'un temps à l'autre.
Il est bien vrai que la cour voyage (Le Louvre, Chambord, Blois,
Le Poitou, Reims...) mais à la manière d'un système convenu qui
ne change que de lieu, sans pour cela changer la représentation
toujours recommencée, toujours convenue, comme si on voulait
exorciser le temps de la surprise, de la liberté, du changement.
C'est comme si les conventions, une fois définies, submergeaient
la vie et le sentiment.
Pourquoi cette peur de la vie et du sentiment? Quoiqu'il en soit,
c'est la répétition du même qui rêve d'exclure les occasions,
le hasard des rencontres.
Même la nature est ordonnée, sagement encadrée par des allées:
elle ne fait que refléter le rythme de la cour, l'ordre
défini une fois pour toutes par le grand ordinateur qu'est
le temps. Ce qui est valorisé c'est un temps logique qui permet
une vie intellectualisée, qui permet de prévoir et donc de se
reposer.
Pourtant,
paradoxalement, le retour à intervalles réguliers des fêtes qui
devraient assurer le repos par la prévision, ce rythme est aussi
celui des occasions et des rencontres par lesquelles le désordre
s'introduit; la vie naturelle se rappelle à ceux qui voulaient la
nier, la refuser; ceux qui mettaient leur espoir en un temps
maîtrisé qui leur assurerait la paix.
La vision du temps
de ce monde de la cour valorise l'ordre et dévalorise la
surprise, la rupture. Certes, une telle vision du temps
permettrait la prévision à celui qui se plierait au
déterminisme qu'il déroule mais il y a un prix à payer: c'est
la perte du temps vivant, un refus du temps réel c'est à dire un
refus de l'existence, de ce temps réel parsemé de surprises qui
déconcerte les calculs les plus évidents.
Nous dirons le temps
qui détermine ou le temps qui surprend. Ou bien le repos
dans la mort , ou bien l'amour et ses entraves.
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