Contrairement à ce qu'affirme Émile
Faguet, l'apologue n'est pas la démonstration d'une maxime par un
exemple. D'abord parce que la démonstration consiste, à partir
d'un point de départ évident ou admis, à en déduire une
conclusion par des enchaînements rigoureux. Ensuite, parce qu'un
exemple ne prouve rien. Il y a des exemples de tout. Enfin, parce
que dans l'argumentation directe, l'exemple vient après et ne se
substitue en aucun cas à la démonstration. C'est pour cela que
nous avons choisi un texte des Essais de Montaigne pour illustrer l'argumentation
directe. (lien ouverture nouvelle fenêtre)
L'apologue: il s'agit d'un
récit qui a l'ambition de faire accepter par le lecteur une
moralité, en le mettant dans de bonnes disposition, en le
distrayant et en lui plaisant.
L'argumentation est dite indirecte car elle n'enchaîne pas le
lecteur dans un raisonnement hypothético déductif: si tu
admets cela , tu admettras ceci et ainsi de suite, jusqu'à cette
conclusion!
Si l'argumentation est
indirecte c'est qu'elle passe par la médiation d'un récit,
c'est qu'elle persuade en amusant le lecteur de telle manière que
ses puissances de résistance sont endormies: c'est d'autant plus
efficace que la morale est suggérée dans le récit, et qu'il l'a
trouvée par lui même au moment où elle est formulée. Ainsi le
lecteur a collaboré à la formule finale, il l'approuvera en
fonction des satisfactions que la narration lui a données.
L'apologue mêle le narratif
et l'argumentatif: son point de vue n'est pas universel, il
s'adresse en effet aux sentiments particuliers du lecteurs, en
cherchant à l'entraîner à éprouver une émotion ou un
sentiment. En résumé, on cherche à plaire, on agit sur le
lecteur par la parole bien dite non seulement dans la narration
mais encore dans l'impeccable formulation de la moralité finale.
A tout instant l'intérêt, la
participation du lecteur est sollicitée. Ainsi dans les quatre
derniers vers, on prêtera attention à la question posée par
l'auteur: A votre avis?
- "Qui désignai-je, à votre avis,
Par ce Rat si peu secourable ?"
L'astuce pour
votre écrit du BAC.
Une fable relève
toujours de l'apologue. Quelle que soit la fable proposée,
dans tous les cas, vous allez pouvoir insister sur l'union du
narratif et de l'argumentatif.
En effet l'apologue ne se réduit pas à une simple succession
d'un récit et d'une morale. Le grand apologue est un chef d'œuvre
de la raison, du calcul. C'est tout au long du récit que la
participation du lecteur est sollicitée, c'est à lui de
découvrir ce vers quoi on le conduit.
L'apologue suggère, comme
la maïeutique qui "accouche" la réponse (c'est toi qui
le diras). IL exige une attention constante, un raisonnement
vigilant grâce auquel le lecteur attentif devine la
moralité. Il la cueille, dans les derniers vers, comme un
fruit mûr, qu'il a pour ainsi dire vu mûrir. Gardez bien en
mémoire la troisième page de l'explication qui suit Le
jugement de La Fontaine. (lien ouverture nouvelle fenêtre)
Essayez de retrouver l'art de La
Fontaine qui mêle au cours du récit le narratif et
l'argumentation indirecte: comment il sollicite le lecteur,
comment il le prépare à accepter la morale, comment il s'adresse
à l'émotion et aux sentiments, comment il l'amuse et le fait
sourire
Si vous avez le courage de faire
cet exercice, vous serez prêt le jour du BAC
( Appréciez, le dernier vers en
fonction de l'expression Je
suppose !)
- "Je suppose qu'un Moine est
toujours charitable."
= Une astuce
pour distinguer argumentation directe et argumentation
indirecte:
Si les exemples viennent en second pour appuyer une argumentation:
c'est l'argumentation directe.
Si les exemples sous forme d'un récit viennent en premier: c'est
l'argumentation indirecte.
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