1)
De quoi s'agit-il?
2) Une fille impossible
3) Sur la piste de
la haine
4) Des complications
psychanalytiques
5) Championne de la vérité
6) Vive la vérité?
7) L'oncle Egisthe!
8) et...
tous les autres
9) Electre et les Anciens
10) Clins d'oeil
12) Symbolisme-
manifestation du divin
13) Ce qu'on dit d'elle/Ce qu'elle dit
14) Qui est Electre?
15) La ménagère de la vérité
16) Une
femme à histoires
Sa
force: C'est un homme à poigne.
Argos
qu'il gouverne avec une autorité féroce vit dans la prospérité sans
troubles ni scandales car Egisthe étouffe soigneusement l'émergence de
tout ce qui sort de la banalité, grandes passions, grandes pensées
grands crimes... Dans l'ombre et sans tapage il fait disparaître les gêneurs
et maintient sa ville dans une tranquille médiocrité.
Ses sujets sont à sa botte et il ne les respecte pas beaucoup. Le président
dont la carrière dépend de lui est obligé d'accepter pour son cousin un
mariage inquiétant. Au lieu de reconnaître sa docilité par la
perspective d'une promotion brillante pour la famille, Egisthe, déclare
cyniquement qu'il empêchera tous les Théocatoclès de se distinguer de
quelque façon que ce soit. Du jardinier le fiancé désigné qu'il traite
avec désinvolture il fait aussi ce qu'il veut.
Oreste dont on annonce
l'arrivée est considéré comme un ennemi de l'ordre établi "Il
revient pour reprendre le trône de son père pour m'empêcher d'être régent".
Tous les moyens seront bons pour l'éliminer "à tout je mettrai
bon ordre".
Electre sera mariée
selon le choix d'Egisthe. Il feint de vouloir guérir sa mélancolie en
lui donnant un époux. Mais il a secrètement menacé de mort les éventuels
prétendants princiers. Malgré toutes les résistances il la mariera au
jardinier de gré ou de force (pourtant les criailleries des femmes
l'obligeront à remettre ce projet).
L'usurpateur paraît bien établi sur le trône et sûr de lui. Pourtant
il a un côté vulnérable.
Sa
faiblesse:
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"Electre!"
Lancé brusquement par le mendiant le nom de cette fille qu'il
croit neutraliser en l'établissant dans l'obscurité le fait
sursauter. Qu'il veuille ou non elle matérialise pour lui la
puissance toujours redoutable des dieux, en effet Egisthe sait que
les dieux existent et qu'ils sont dangereux.
Il
développe son point de vue sur un ton apparemment détaché mais
qui n'exclut pas l'inquiétude. Lointains, plongés dans une
infinie béatitude ils ne s'occupent guère des humains car la béatitude
c'est l'inconscience.
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Malheureusement
celle des dieux est "une inconscience fulgurante omnisciente"
qui de temps en temps répond à des "signes". Alors se
déclanchent des calamités que les hommes prennent pour la juste punition
de leurs fautes mais qui procède simplement des coups aveugles de la
divinité un instant réveillée (les criminels ne sont pas plus
cruellement frappés que les innocents, au contraire peut-être)
Le devoir d'un chef d'Etat est d'éviter ces réveils. Egisthe l'a
toujours fait en supprimant de la cité ceux qui sortent du lot et peuvent
intéresser les dieux. Jusqu'ici tout s'est bien passé. Mais il y a
"le voisinage d'Electre" et soudain c'est...
Sa
conversion: Il reçoit
une illumination déterminante. L'homme "parjure",
"impie", "infidèle" prend une dimension nouvelle
qui frappe de stupeur son entourage.
Il
a vu Argos avec des yeux neufs -les
yeux purs d'Electre- et désormais au lieu de mentir à sa ville et de
l'exploiter il va consacrer sa vie à la sauver, dût-il en mourir. Le
mendiant l'avait prévu "Je sentais que le roi allait se déclarer
en vous".
Il s'est vu avec des yeux neufs. Il a gagné "le
courage", "la franchise", "l'indépendance",
"la générosité". Il se sent "pur, fort,
parfait" digne de se voir confier "par les puissances
du monde", "une patrie".
Sans remords exprimés sans expiation exigée le voici passé de la
bassesse de l'usurpateur assassin, à la dignité d'un roi, le passé est
effacé!
On peut mettre ce miracle au compte des
dieux, ils sont si imprévisibles! Mais c'est peut-être tout humainement
après des années de refoulement la brusque émergence d'une longue
repentance et d'un vieux rêve d'innocence qui s'imposent à sa conscience
de cette façon positive et justifiante.
Il a vu Electre avec des yeux neufs. Maintenant il porte en lui
le nom d'Electre, il n'écoute il ne voit plus qu'elle.
Serait-ce par un coup de foudre à
retardement, comme pourraient le laisser croire son attitude, certaines de
ses paroles son indifférence marquée pour Clytemnestre et plusieurs
observations malicieuses du mendiant?
Acceptons
une explication plus haute. il a compris la raison de l'absence, du
mutisme et de l'indifférence d'Electre: elle n'entend que les dieux. Il
sait qu'elle est le seul être qui puisse lui "donner sa propre
essence", "quelque chose comme le devoir". Par elle il est
devenu accessible aux grandes exigences du Bien, de la Justice, de la Vérité.
C'est pour les définir qu'il argumente avec elle au péril de sa cité et
de lui-même.
Quand,
devenu "pur et sacré", il meurt de cette mort injuste que les
dieux prodiguent aveuglément est-ce détresse? amour? reproche? triomphe?
qu'il exprime dans ce dernier cri: "Electre!"
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